L'équipe de France aura fort à faire pour arriver à déjouer l'Espagne, en demi-finale de la Coupe Davis (du 16 au 18 septembre). S'il sait la tâche périlleuse face à Rafael Nadal et David Ferrer, qu'il considère comme étant deux énormes spécialistes de la terre battue, Guy Forget est convaincu que ses protégés ont les moyens de créer la surprise à Cordoba. Guy, peut-on avoir des nouvelles de Richard Gasquet ? Il a retapé hier. A priori, ça va bien. On va augmenter un peu les doses aujourd'hui et demain. Je pourrai vous répondre dans quelques jours mais il n'y a pas d'inquiétude à avoir. L'entraînement va aller crescendo. Y a-t-il un peu d'amertume quant au forfait de Gaël ? De la déception, oui, de l'amertume, non. Parce qu'on ne peut rien faire contre un forfait. C'est dommage pour l'équipe. J'espère qu'avec du recul on pourra dire que c'est l'opportunité pour d'autres garçons de rapporter des points à l'équipe et de qualifier la France une nouvelle fois en finale. Jo-Wilfried Tsonga vous rejoint ce samedi après-midi. Est-ce qu'il va taper la balle dès dimanche ? Non, Jo, déjà, devait repasser chez lui à Genève pour prendre les affaires de terre battue, poser les siennes, souffler un petit peu. Ensuite, il arrivait à 12h30 ou à 13 heures à Paris, donc il devait faire un aller-retour à Genève. Soit il sera avec nous demain matin pour le vol, soit il nous rejoindra directement demain à Cordoba. Mais lui, ce qui est sûr, c'est que dimanche et lundi, il va être en repos total. En tout cas, on sera tous là-bas, comme d'habitude, le dimanche. Tous les autres commenceront le travail sur place dès le dimanche en fin d'après-midi, mais surtout le lundi. Quant à lui, je ne sais même pas si on va le faire taper le lundi là-bas, il fera peut-être des soins, un peu de vélo, un peu de récupération. "Le point du double, on se doit de le gagner" Compte tenu du forfait de Gaël, qu'est ce qui vous pose le plus question ? Est-ce l'identité du joueur de simple ou la composition du double ? Sincèrement, les deux. Le point du double, on se doit de le gagner car autant si Rafael Nadal joue sur terre battue, il est injouable, autant le point du double, on doit le gagner si on veut avoir des chances de s'imposer et essayer de battre le numéro 2 qui est David Ferrer. Gaël l'a déjà fait par le passé, Jo également sur une autre surface. A nous de battre leur numéro 2 sur terre battue. Après, si quelqu'un arrive à faire un exploit et battre Nadal sur terre, là, vraiment, la portée serait énorme. Ça veut dire qu'il pourrait y avoir une sorte d'"opération Ferrer" ? Vous savez, Ferrer, après Nadal, c'est l'un des joueurs les plus solides au monde sur terre battue. Quelque soit l'adversaire, Gilles, Richard ou Jo, les trois ont de quoi, avec leur bagage technique, le battre. Qu'on le veuille ou non, Ferrer sur terre battue est devant les trois joueurs français. La balle est dans notre camp, on sait ce que va produire Ferrer, à nous de faire mieux que lui. La tournée américaine sur dur a été très longue. Dans quel état physique et psychologique avez vous retrouvé les joueurs ? C'est dur de répondre. Je crois que l'on va pouvoir juger de leur état une fois que les matches auront été joués. Maintenant, ils sont contents de se retrouver. C'est aujourd'hui pour eux le dernier énorme rendez-vous de leur saison. Il y aura bien sûr Bercy, mais la Coupe Davis a une dimension qui est bien supérieure. C'est vraiment le moment dans lequel ils ont envie d'être à la hauteur. "Il faut revoir le calendrier dans sa totalité" Avez-vous l'impression qu'il s'agisse, à l'image de Belgrade l'an passé, d'une mission impossible ? Oui, c'est le même type de rencontre. La seule chose, c'est qu'on a pas une équipe de France au complet. Et ça c'est regrettable parce que je préfère avoir l'embarras du choix, tester les joueurs quatre, cinq jours avant le début des matches. Dès que j'ai un joueur en moins, du calibre de Gaël, forcément l'équipe est un peu moins forte sur le papier. Malgré ça, on avait gérer la finale à Belgrade sans Jo, même si on connaît le résultat final. Ceux qui sont là en tout cas sont archi-motivés et ont envie de tout donner, et j'espère qu'on se souviendra d'eux comme les garçons qui ont enfin fait tomber l'Espagne chez elle. Est-ce que pour vous ça n'est pas une hérésie de disputer une rencontre de Coupe Davis une semaine seulement après l'US Open ? Oui, c'est délicat, surtout qu'on joue sur terre battue. Il n'y pas d'autres possibilités. A Flushing Meadows, il y a eu 17 ou 18 forfaits, donc on voit bien que les joueurs sont de plus en plus touchés physiquement. Il faut revoir le calendrier dans sa totalité, la longueur des matches, des tas de choses qui permettront aux joueurs d'être moins blessés. Pensez vous que le format actuel de la Coupe Davis puisse être modifié ? Non, je ne pense pas. Nadal, à moins d'une blessure, sera là. S'il n'était pas là, je ne m'en plaindrais pas. Federer joue cette année, Djokovic aussi, Roddick l'a joué. Ce qui prouve bien que quand vous avez des arènes pleines à craquer, les grands joueurs ont envie de participer à de tels évènements. Pour ce qui est du format et du calendrier, c'est vrai qu'on peut y réfléchir. Après, il faudrait aussi changer le système actuel de classement, qui incite les joueurs à beaucoup jouer. Des tas de petites choses qui pourraient permettre aux joueurs de choisir leur programme, et de ne pas se blesser en jouant chaque semaine. Justement, n'est ce pas suicidaire de demander à Jo de jouer les trois jours ? Est ce que ça ne prive pas la France d'une solution en double ? Suicidaire, non, mais c'est vrai que c'est pénalisant. S'il devait jouer trois jours, c'est sûr qu'il arriverait au troisième match bien diminué physiquement. Oui, c'est un élément que je prend en compte. En double, j'ai la chance d'avoir d'autres solutions, d'autres équipes n'en ont pas. Sans Gaël, l'équipe est moins forte mais elle reste extrêmement compétitive. On va essayer de faire le maximum face à la meilleure équipe du monde avec un effectif qui est certes un peu diminué mais qui reste compétitif.