Au terme d'un week-end éprouvant, l'équipe de France a finalement franchi le premier tour de la Coupe Davis en s'imposant en Autriche (3-2). Guy Forget ne fanfaronne pas car les Bleus sont passés très près d'une grosse désillusion. Mais le capitaine tricolore tire un coup de chapeau à Jérémy Chardy, qui a gagné ses deux matches sans être dans la sélection de départ. Guy, quel soulagement... Oui. C'était un week-end de Coupe Davis particulier, comme on en a connu beaucoup par le passé. L'essentiel est de se qualifier. Tout le monde y a contribué. C'était parfois dans la douleur, mais il y a eu des matches extraordinaires. Il y eu deux matches un peu fous aujourd'hui. Durant le match de Gilles, il y a eu quatre sets d'anthologie, avec un duel extraordinaire entre les deux hommes. Melzer a été intouchable sur la fin. Gilles a un peu baissé de niveau de jeu. Ensuite, à deux points partout, c'était un peu le match cauchemardesque ! Jérémy n'arrivait pas à se libérer face à un jeune joueur qui, lui, n'avait rien à perdre et qui lâchait ses coups. On a tous essayé de relancer Jérémy dans le match. Pas à pas, il a grappillé du terrain. Puis, il a pu revenir pour finalement s'imposer. Mais que ce fut difficile ! Quelle histoire et quel week-end pour Jérémy Chardy ! C'est lui qui qualifie l'équipe de France, alors qu'il n'était même pas prévu dans l'équipe au départ... Il n'était pas prévu dans l'équipe, mais c'est aussi ça la force d'une équipe. Je me rappelle l'année dernière, j'avais dit aux joueurs: "Vous savez, une campagne de Coupe Davis, ça ne se gagne pas seulement avec quatre joueurs. Cela se gagne avec six ou sept joueurs." On a vu tout au long de la saison, "Mika", qui est a priori un joueur de double, gagner des matches de simple importants. Arnaud Clément est revenu remplacer Julien Benneteau et il nous a aussi rapporté des points précieux. En finale, on échoue à un match du trophée. On repart cette année avec le coup le plus dur qui ne me soit jamais arrivé: les trois joueurs les mieux classés absents. Malgré cela, on arrive à se qualifier à l'extérieur face à une équipe qui est quand même dangereuse. Cela prouve que le groupe fonctionne bien et que l'on ne fait pas n'importe quoi. Jérémy Chardy, c'est un gamin de vingt-quatre ans qui débarque en Coupe Davis et qui rentre dans le cercle très fermé des joueurs qui ont remporté un cinquième match décisif en Coupe Davis... Oui, c'est vrai que c'est quelque chose de formidable. On voit bien que la Coupe Davis lui tient à coeur. Maintenant, je n'ai pas envie de crier victoire trop tôt. On a vu un Jérémy énorme face à Melzer lors du premier match, en pratiquant son meilleur tennis. Aujourd'hui, face à un joueur bien moins fort que lui, il est passé tout près de la correctionnelle. Il faut rester humble dans la victoire. Jérémy nous qualifie. Il fait deux matches qui nous sauvent. Maintenant, il a aujourd'hui en équipe de France des concurrents. Il a des garçons comme Jo-Wilfried Tsonga, Gilles Simon, Richard Gasquet, Michaël Llodra ou Julien Benneteau. Les places vont se gagner maintenant dans les tournois qui viennent. Je souhaite que Jérémy continue de jouer comme il l'a fait contre Melzer, et avec le même état d'esprit et le même courage qu'il a eu face à Fischer aujourd'hui. Mais les places sont chères. On va tous le booster au maximum. J'ai hâte de le retrouver sur le court car on lui doit une fière chandelle aujourd'hui. "Une vraie compétition entre les joueurs" Jérémy Chardy est un garçon très sympathique. Est-ce qu'il a fait du bien à l'équipe de France ? Ce n'est pas la première fois qu'il vient en équipe de France. Ce n'est pas un "bleu", ni un junior qui arrive comme ça au pied levé. C'est un garçon qui est maintenant depuis longtemps sur le circuit. Il a gagné un grand tournoi, à Stuttgart. Il a battu certains des meilleurs joueurs du monde. Dans un bon jour, il est capable de battre n'importe qui. Quand je l'ai dit, il y a quelques jours, les gens me regardaient avec un petit sourire narquois. Quand on l'a vu mettre trois sets à zéro à Melzer, on s'est rendu compte de l'étendue de son talent. Il y a des aspects de son jeu sur lesquels il est encore très perfectible. Je suis sûr qu'avec son nouvel entraîneur (Patrick Mouratoglou, ndlr), il va mettre l'accent là-dessus. Il a trop de potentiel pour n'être que cinquantième mondial et gagner aussi peu de matches que lors de ces derniers mois. Cela n'a pas été facile mais le billet pour les quarts de finale est dans la poche. Ce sera en Allemagne au mois de juillet prochain... J'espère que, d'ici là, tous les joueurs les mieux classées seront revenus et qu'il n'y aura pas de blessures. J'espère qu'il y aura une vraie compétition entre les joueurs car les places seront chères. Je vais avoir des choix difficiles à faire. Vous connaissez les égos des uns et des autres, et vous savez ce que peut engendrer une non-sélection. J'espère qu'ils prendront ma prochaine sélection avec philosophie et avec le sourire car je sais que, pour ma part, ce sera un vrai casse-tête. Est-ce que les Allemands vous font peur ? Vous les aviez battus l'année dernière à Toulon lors du premier tour... Ils ne nous font pas peur. On connaît leurs valeurs. C'est une équipe plus homogène que celle de l'Autriche.