Le 4 juillet 2014, l'équipe de France disputait (et perdait) son dernier match de compétition à ce jour, en quarts de finale de la Coupe du monde, face à l'Allemagne (1-0). Depuis, qu'est-ce qui a changé ? Les plus pragmatiques répondront que la Nationalmannshaft est devenue championne du monde, après avoir désossé le Brésil en demi-finales (7-1) et achevé l'Argentine en finale (1-0 a.p.). Les plus taquins diront que Mathieu Valbuena et Karim Benzema, qui étaient titulaires au Marcacana, ne le seront pas au Stade de France. C'est vrai. Mais la France, qui avait paru relativement impuissante face à l'équipe de Joachim Löw, a-t-elle réduit l'écart avec sa rivale, qui avait maîtrisé son sujet sans trop forcer à Rio après l'ouverture du score rapide de Mats Hummels (13e) ?
24e contre 2e nation mondiale. Si l'on s'en tient au classement Fifa, décrié mais seule donnée officielle à notre disposition pour comparer le niveau des équipes nationales, l'écart ne s'est pas réduit. Il a même grandi. Septième en fin d'année 2014, l'équipe de France a navigué ensuite aux alentours de la 10e place avant de plonger l'été dernier au-delà de la 20e. Elle est aujourd'hui 24e alors que l'Allemagne, elle, n'a pas quitté le Top 3. En tête de ce classement fin 2014, elle est aujourd'hui dauphine de la Belgique. Si l'on compare maintenant les bilans comptables depuis le 4 juillet 2014 (ci-dessous), on se rend compte qu'ils sont quasiment comparables.
La France a même perdu une fois de moins depuis le fameux quart de finale du Maracana (en 14 matches, contre 16 à l'Allemagne). Elle s'est inclinée contre le Brésil le 26 mars (3-1) puis face à la Belgique le 7 juin (4-3), avant de sombrer en Albanie (1-0). L'Allemagne, elle, a perdu contre l'Argentine (4-2), en Pologne (2-0), face aux Etats-Unis (2-1) et enfin, en Irlande (1-0), deux fois en amical et deux fois en éliminatoires de l'Euro, contre des adversaires qui ne sont pas tous des foudres de guerre.
L'Allemagne a même semblé vivre une petite dépression post-Mondial, avec des résultats surprenants à domicile (nuls contre l'Irlande et l'Australie, défaite face aux Etats-Unis). Mais, peut-être plus que Deschamps encore, Löw a procédé à un renouvellement de son effectif, avec les montées en puissance d'Ilkay Gündogan ou de Shkodran Mustafi. Le bon bilan de la France (64,3% de victoires) est lui évidemment à nuancer : elle n'a affronté que des équipes qui, comme elle, n'avait rien à perdre ni à gagner. Mais elle s'est offert le scalp d'équipes de haut niveau (l'Espagne, le Portugal) et s'est montrée enthousiasmante par moments.
" "Je crois que la France est meilleure, elle a grandi depuis la dernière Coupe du Monde." (Joachim Löw, sélectionneur de l'Allemagne) "
"La France parmi les favoris de l'Euro 2016." C'est d'abord ce que retient le sélectionneur de l'Allemagne, Joachim Löw : "Je crois que cette équipe est meilleure, elle a grandi depuis la dernière Coupe du Monde, gagné en maturité. Ça se voit sur son jeu direct, porté vers l'attaque, contrairement à sa nature intrinsèque qui est peut-être plutôt axée sur la possession. Ils ont une grosse vitesse devant avec beaucoup de technicité, un jeu de passes qui fonctionne bien, sans parler de leur niveau physique et athlétique. C'est une équipe bien rodée avec Paul Pogba comme joueur central, une équipe très forte, qui voudra se jauger, voir où elle se situe lors de ces tests grandeur nature après n'avoir pas disputé de match de qualifications. En tout cas, elle m'a beaucoup impressionné ces derniers temps. C'est une équipe qui va droit au but, et que je classerais parmi les favoris de l'Euro 2016."
"Une idée du rapport de forces." Löw s'est montré beaucoup plus prolixe sur le jeu des Bleus que le sélectionneur des Bleus lui-même, Didier Deschamps, qui, quelques minutes plus tard, a préféré renvoyer l'ascenseur à son homologue plutôt qu'évoquer les progrès de son équipe. "Ça fait plutôt plaisir que Joachim Löw puisse dire ça (des Bleus), connaissant son talent", a réagi le coach des Bleus. "S'il le dit, je pense qu'il est sincère. Après, je ne peux pas dire l'inverse de son équipe nationale. Elle reste sur ce titre, ça reste une nation très performante, et demain (vendredi), on aura une idée du rapport de forces entre l'équipe de France et l'équipe d'Allemagne." Une idée, seulement, car malgré le prestige de l'affiche, le grand rendez-vous reste calé à juin prochain.