Les matches entre les deux nations sont toujours des rencontres explosives. La dernière confrontation en quarts de finale de la dernière Coupe du monde (remportée 19-12 par la France) ne saurait le contredire. Des petites phrases par presse interposée pour allumer les hostilités, des plaquages parfois limites sur le terrain et une lutte toujours acharnée jusqu'à la 80e minute. Un mot symbolise à lui seul ce combat : le "crunch".
"Un match qui croustille tout le temps"
Philippe Dintrans a été capitaine du XV de France. Il connaît parfaitement ces affrontements pour avoir joué à sept reprises contre les Anglais dans les années 1980. "C'est toujours un match spécial le France-Angleterre. L'engagement est complet et il y a toujours énormément de contacts". Et le terme de "crunch" ? "J'aime bien ce mot, il résume bien l'atmosphère de la rencontre. Un match qui craque et qui croustille en permanence".
C'est la presse britannique qui a inventé cette expression à la fin des années 1990. Littéralement, le terme de "crunch" signifie un crissement. Pas terrible ce petit bruit pour symboliser la rivalité entre les deux meilleurs ennemis de l'hémisphère nord. A l'époque, l'expression était en fait utilisée pour désigner le "moment crucial". Et quand on regarde l'historique du Tournoi des Six nations où le "crunch" a été décisif à maintes reprises, on comprend mieux l'emploi du mot.
"Le crunch, c'est le crunch"
L'ancien centre de Dax, Richard Dourthe, a lui aussi connu ces grands matches avec le XV de France. Le 20 janvier 1996, il se retrouve au Parc des Princes pour son premier "crunch". "La France n'avait plus gagné dans le Tournoi depuis plus de 8 ans. Grâce à un drop de Thomas Castaignède, on les avait battus (15-12). Malheureusement, j'ai pris un mois de suspension dans la foulée". Une sanction plutôt justifiée… Richard Dourthe a laissé son empreinte dans l'historique des confrontations franco-anglaises mais aussi… sur le visage du troisième ligne, Ben Clarke.
Après une telle expérience, Dourthe accepte volontiers la comparaison avec la fameuse barre de chocolat. "Quand on casse la tablette, tout explose autour. Sur le terrain, c'est un peu pareil. Il y a toujours une excitation mutuelle qui entraîne une opposition très musclée". Et Dourthe de renchérir avec une formule plutôt lapidaire : "le crunch, c'est le crunch".
Après avoir commenté le rugby pendant de nombreuses années, Daniel Herrero a consacré un livre aux expressions du rugby, Discours amoureux du Rugby (Plon). Il n'est pas vraiment du même avis. Pour lui, le terme de "crunch" est un pur "épiphénomène médiatique sans grand intérêt". "Seul le raclement de gorge dans la consonance du terme peut rappeler l'âpreté du combat". Les avis divergent en tribune. Au tour des joueurs de trancher. Dimanche, les deux nations donneront leur définition du fameux "crunch".