Depuis 2009, les Bleus broient du noir et les All Blacks les broient. Avec plus ou moins de vigueur, certes, mais cela fait maintenant plus de huit ans que l'équipe de France n'a plus battu la Nouvelle-Zélande. Une série de dix défaites de rang, entamée le 20 juin 2009 lors d'un test match à Wellington (10-14) et poursuivie l'an dernier, à la même époque, avec un revers à Saint-Denis (19-24).
Deux courtes défaites, auxquelles viennent s'ajouter quelques déculottés historiques, comme le 13-62 concédé en quarts de finale de la dernière Coupe du monde. Comme il y a un an, les Bleus de Guy Novès remettent le couvert, samedi, au Stade de France (coup d'envoi à 21 heures), pour essayer de faire enfin tomber ces Blacks, vainqueurs des deux dernières éditions de la Coupe du monde, en 2011 (face aux Bleus) et en 2015. Mais le XV de France, dont la dernière victoire face à domicile face à la Nouvelle-Zélande remonte même au 18 novembre 2000, s'avance vers ce choc avec bien moins de certitudes que l'an dernier.
"Pas loin de l'humiliation". En novembre 2016, la rencontre face aux Blacks était intervenue après un match abouti face à l'Australie (défaite 25-23) et une tournée d'été intéressante en Argentine (une victoire, une défaite). Rien de tel cette année. Le match de samedi soir ouvre la série des tests d'automne après un "été sud-africain" catastrophique. Les Bleus, qui retrouveront les Blacks dès mardi prochain, à Lyon, avec une équipe bis, ont enregistré face aux Springboks trois défaites assez lourdes, avec une régularité de métronomes (-23, -22, -23) pour un bilan global "pas loin de l'humiliation" de l'aveu même du capitaine des Bleus, Guihem Guirado. Pas de quoi gonfler donc la confiance à l'heure de retrouver les All Blacks, vainqueurs le mois dernier du Rugby Championship avec six victoires en six matches, face à ses trois adversaires de l'hémisphère sud, l'Australie, l'Afrique du Sud et l'Argentine.
"Il ne faut pas toujours la dénigrer". Malgré tout, le sélectionneur des Bleus, Guy Novès, veut y croire. Il s'appuie sans doute pour ça sur le dernier match des Blacks, perdu face à l'Australie, le 21 octobre dernier, à Durban, et, selon ses propres termes, sur "le travail", "le fait que certains d'entre nous ont vraiment progressé" et les "propres qualités de l'équipe de France". "Il ne faut pas toujours la dénigrer, comme c'est le cas depuis quelque temps", s'est irrité le coach des Bleus en conférence de presse.
Une charnière très jeune et "Basta". La dénigrer, peut-être pas, mais l'adorer, c'est difficile. Les résultats ne sont pas là et l'identification est ardue. La rotation au sein de l'effectif est importante, du fait des blessures (Lopez, Fofana, Lamerat et Vakatawa sont forfait pour ce match) mais aussi des tâtonnements du staff, en quête perpétuelle des bonnes associations sur toutes les lignes. Samedi, face aux Blacks, c'est une charnière inédite composée du demi de mêlée Antoine Dupont (Toulouse, 20 ans), et de l'ouvreur Anthony Belleau (Toulon, 21 ans) qui officiera à Saint-Denis. En face d'eux, deux monstres bien rodés, Aaron Smith et Beauden Barrett. Le "culot" des deux jeunes pousses peut-il être un "motif d'espoir" comme le dit Guy Novès ? Le capitaine Guilhem Guirado veut y croire. "L'objectif est d'essayer de se rapprocher de la perfection et de tout ce qu'on travaille à l'entraînement. Si chacun réalise une performance individuelle pas loin de la perfection au sein du collectif, on fera un très gros match", considère le joueur du RC Toulon.
Le talonneur du RCT (54 sélections) ne sera pas le seul joueur d'expérience, samedi. Yoann Huget (49 capes), Louis Picamoles (65) mais aussi Mathieu Bastareaud (39) seront également alignés au coup d'envoi. Le centre toulonnais, à l'histoire tourmentée avec les Bleus, n'a plus connu l'honneur d'une sélection depuis plus de deux ans et ce fameux quart de finale de Coupe du monde perdu face aux Blacks 62-13. De quoi nourrir le pessimisme ambiant. Les optimistes, eux, se souviendront que "Basta" était de la dernière victoire française face aux Blacks à Dunedin en juin 2009 (27-22)…
Les XV de départ :
France : Ducuing - Thomas, Doumayrou, Bastareaud, Huget - (o) Belleau, (m) Dupont - Gourdon, Picamoles, Cancoriet - Gabrillagues, Vahaamahina - Slimani, Guirado (cap), Poirot
Nouvelle-Zélande : McKenzie - Naholo, Crotty, S.B. Williams, Ioane - (o) B. Barrett, (m) A. Smith - Cane, Read (cap), Fifita - S. Whitelock, Romano - N. Laulala, Coles, Hames
Remplaçants
France : Maynadier, Chaume, Kotze, Jedrasiak, Jelonch, Serin, Trinh-Duc, Penaud
Nouvelle-Zélande : C. Taylor, Crockett, Tu'ungafasi, S. Barrett, Todd, Perenara, Sopoaga, Lienert-Brown