62-13. Le rappel du score se suffit à lui-même. Le 11 octobre 2015, les Bleus avaient subi l'une des plus grandes humiliations de leur histoire face à la Nouvelle-Zélande, en quarts de finale de la Coupe du monde. Depuis cette date, l'équipe de France a changé de visage, Philippe Saint-André cédant sa place à Guy Novès au poste de sélectionneur, et s'est relevée, un peu, au fil de courts succès et de défaites encourageantes. Malgré le départ de plusieurs icônes (Richie McCaw, Dan Carter ou Ma'a Nonu), Les All Blacks, eux, ont étiré leur règne. Sacrés champions du monde pour la deuxième fois de rang, ils ont ensuite aligné une série de 18 victoires consécutives en 2016, cédant seulement le mois dernier contre l'Irlande, à Chicago (40-29).
"Ils ont fait un faux pas à Chicago où ils ont été battus par l'Irlande. Mais ils ont remis les pendules à l'heure en gagnant à Dublin (20-19, samedi dernier)", insiste notre consultant, Éric Blanc. "C'est une équipe polyvalente avec des joueurs multifonctions, un groupe incroyable de 35 éléments. Ils peuvent sortir trois-quatre cadres et continuer à gagner. Ils m'impressionnent. C'est du rugby XXL, du wi-fi connecté sur tout le terrain, avec des joueurs fantastiques."
Dans ces conditions, que doivent faire d'abord nos Bleus ? "Il va falloir s'envoyer en l'air, il ne faut pas qu'on ait peur des Blacks, il faut qu'on essaie de les jouer parce que, si on est trop attentiste, on peut prendre une dégoulinade infernale. Ça peut aller très vite avec eux, donc il faut absolument garder les mêmes intentions de jeu. Aura-t-on récupéré ? Ça, c'est la grande question."
"Essayer de leur donner mal à la tête". Ne pas être attentiste, c'est aussi le discours d'avant-match de Guy Novès. "Les Néo-Zélandais sont au-dessus, ils le prouvent depuis des années, mais on essaie de se concentrer sur notre bonhomme de chemin, d'avancer. On va essayer de leur donner mal à la tête, mais si on les regarde jouer, on va passer une sale soirée. Si on essaie de rivaliser, de les affronter, peut-être que de temps en temps, on fera plaisir à notre public."
Dans les faits, comment cela doit-il se traduire ? Dès dimanche, l'entraîneur des avants, Yannick Bru, a livré quelques clés pour améliorer la copie rendue face à l'Australie (21-23) et, pourquoi pas, faire trembler les Blacks samedi : être plus efficace dans la prise de "décision à haute intensité", mettre plus d'agressivité lors des relances de jeu, faire preuve de davantage de "vitesse d'intervention" aux abords des regroupements et se montrer plus patient dans la finition. Sacré programme.
"Plaquages à deux". Mais les joueurs ont l'air réceptif. Le deuxième ligne Sébastien Vahaamahina a reconnu que les Bleus devaient être "plus concentrés et appliqués". Certains semblent même avoir des idées précises de ce qu'il faut faire après quelques séances vidéo. "On va essayer de faire ce qu'ont fait les Irlandais, des plaquages à deux pour tenir les joueurs debout", confie le centre de Clermont, Rémi Lamerat. "Je pense que c'est ça qui a beaucoup embêté les Blacks, mais on sait que ce sera très compliqué." D'autant plus compliqué que le sélectionneur Steve Hansen a choisi d'aligner sa "meilleure équipe possible" pour finir en beauté les tests d'automne. Pour mémoire, les Bleus n'ont plus battu les Néo-Zélandais depuis sept ans et demi et restent sur neuf défaites consécutives. C'est dire la hauteur du défi.