"J'aurais aimé voir cette équipe sur une bonne pelouse", a expliqué Laurent Blanc. Le sélectionneur des Bleus manie à merveille l'art de l'ellipse et de l'euphémisme. Car c'est peu dire que la pelouse n'était pas "bonne", mardi soir, à Bucarest. Elle était historique dans sa médiocrité. Dès les premiers contacts, on a compris notre malheur. On allait assister au pire à un douloureux 0-0, au mieux à un 1-0 sur un faux rebond... Les joueurs ont bien évidemment été les premières victimes de cette incompétence jardinière. Karim Benzema : "on savait que le terrain serait très difficile à jouer". Yann M'Vila : "on a cherché les décalages mais le terrain était vraiment catastrophique", Adil Rami : "Je crois que je n'ai jamais joué sur un terrain pareil, aussi mauvais."
"Escalopes" et "taupes"
Evidemment, les "escalopes", ces morceaux de pelouse arrachés, ont été très rapidement relevées par le duo Roland-Larqué. Et elles ont fait le bonheur des amateurs de jeux de mots sur Twitter. "Infographie à la roumaine : les trous dans la pelouse indiquent l'emplacement des duels" ou encore "Troumanie-France", ont osé les inévitables Cahiers du Foot. Plus connoté historiquement, @quicheofthedead, qui n'a pas oublié Knysna, souligne : "Avec tout ces trous dans la pelouse, Patrice Evra ne peut pas se concentrer, il cherche la taupe." En Afrique du Sud, le latéral de Manchester United avait lancé la chasse à la taupe. Là, c'est lui qui a failli en être la victime, sur un tacle du néo-Stéphanois Banel Nicolita qui fait d'ailleurs la Une de L'Equipe. Car non seulement ce terrain était dangereux pour les yeux mais aussi pour les chevilles. Le Roumain Constin Lazar, sorti sur blessure, peut en témoigner (photo).
"Un match à remplacer Laurent Blanc par Nicolas le jardinier"
Dans L'Equipe, Vincent Duluc, avec sa verve habituelle, fait lui aussi référence à la "taupe" qui avait dénoncé Nicolas Anelka l'an dernier et ce, peut-être d'autant plus facilement que la performance française de mardi était presque aussi affligeante que les trois rencontres du Mondial 2010. "C'était un match à remplacer Laurent Blanc par Nicolas le jardinier, à lui présenter toutes les taupes qui auront mis plus d'un an à arriver d'Afrique du Sud". Mais, surtout, le journaliste de L'Equipe souligne l'incongruité d'une telle pelouse alors qu'on célébrait l'inauguration du magnifique stade National de Bucarest sous les yeux du président de la Fifa lui-même. Dans L'Equipe, toujours, Didier Braun voit juste : "à Bucarest, c'est comme si la plus élégante salle de concert présentait une acoustique de bastringue." Remboursez ! Et surtout, rembourrez...