Printemps 2009. André-Pierre Gignac, alors à Toulouse, termine meilleur buteur du championnat de France avec 24 buts en 38 matches. Intégré chez les Bleus par Raymond Domenech, il est considéré, à 23 ans, comme l'un des plus sûrs espoirs du football français au poste d'avant-centre. Deux ans et demi plus tard, "APG", qui s'est violemment opposé jeudi à son entraîneur, Didier Deschamps, devrait logiquement quitter l'OM sur un constat d'échec. Historique d'un couac qui coûte cher.
Un transfert dans l'urgence. Août 2010. Confronté au départ surprise de son attaquant-vedette Mamadou Niang vers Fenerbahçe, l'OM doit lui trouver rapidement un remplaçant. Quelques noms ronflants circulent. Finalement, l'OM recrute français et après le Niçois Loïc Rémy, c'est André-Pierre Gignac qui arrive sur la Canebière le 20 août. Il est voulu par Didier Deschamps. Coût de l'opération : 18 millions d'euros. La somme fait tiquer les supporters de l'OM, alors que Gignac reste sur une saison décevante à Toulouse, avec 8 buts seulement en 31 matches. L'OM champion de France, Niang meilleur buteur du championnat sortant, le nouvel avant-centre phocéen a déjà la pression. Et s'en ajoute un peu plus en déclarant son amour du maillot, lui le natif de Martigues.
Des soucis pour marquer. Lors de sa première entrée en jeu avec l'OM, face au Spartak Moscou, en Ligue des champions, Gignac tire sur le poteau. Cette occasion donne le ton de sa saison, marquée par la malchance et l'inefficacité. "Dédé" ne débloque son compteur buts que lors de sa cinquième titularisation, face à Saint-Etienne, le 2 octobre. Il ne marquera plus de l'année civile 2010 en championnat, soit une disette de huit matches consécutifs. En Ligue des champions, il inscrit trois buts sur la pelouse du modeste club de Zilina (7-0), en novembre. Ce seront ces seuls buts de la compétition. En 50 matches disputés avec l'OM, Gignac n'a inscrit que 13 buts. Titulaire à deux reprises seulement cette saison, il n'a marqué qu'une seule fois en neuf matches, contre Lens, en Coupe de la Ligue. Pour un attaquant qui émarge à 300.000 euros par mois, le retour sur investissement est faible.
Des blessures à répétition. Inefficace, sûrement, maladroit souvent, Gignac, arrivé blessé à une cheville, a aussi été malchanceux depuis son arrivée à l'OM. Lors du match face à Saint-Etienne, en février dernier, il se blesse aux adducteurs et manque plusieurs matches, dont le huitième de finale aller de Ligue des champions face à Manchester United. Cet été, il est encore écarté des terrains pendant un mois en raison d'une pubalgie puis de douleurs abdominales... Il effectue son retour à la compétition le 15 octobre, à Toulouse. Mais l'air du Stadium n'a pas eu d'effet curatif sur son jeu.
La cure à Merano. Moqué pour son physique et son embonpoint, notamment par les Guignols de l'info, André-Pierre Gignac paie au prix fort son hygiène de vie relâchée. La médiatisation de son passage dans une cure d'amaigrissement à Merano, en août, en Italie, est sans doute la goutte d'eau qui a fait déborder le vase... Lors de son retour au jeu, "APG" admet avoir appris à "mieux manger". Il nourrit les sarcasmes, qui ont fait leur réapparition lors de l'annonce de son exclusion du groupe, jeudi. "Deschamps écarte Gignac pour OM-PSG. Gignac sera donc titulaire dimanche soir au MacDo", se moque ainsi l'animateur Florian Gazan sur Twitter. Gignac récolte ici les fruits de la surmédiatisation de l'OM, alors que sa silhouette était quasi la même à Toulouse.
Le transfert raté en Angleterre. Gignac à l'OM, c'est devenu un choix par défaut pour Deschamps. Le 31 août, dernier jour du mercato, les dirigeants du club placent le joueur dans un Eurostar pour Londres. Finalement, le club phocéen annonce dans un communiqué laconique publié à 0h00, qu'"aucun accord n'ayant été trouvé, André-Pierre Gignac reste à l'OM." On a connu des manières plus efficaces de mettre en confiance ses joueurs. Pour Gignac, la couleuvre est difficile à avaler.
Le différend avec Deschamps. Les tensions entre Deschamps et Gignac, ce n'est pas seulement une affaire d'hommes mais également une question de jeu. La saison dernière, Gignac avait semé la zizanie en affirmant son attirance pour le côté gauche de l'attaque. Deschamps lui préfère André Ayew. "Recadré" au poste d'avant-centre, "APG" est progressivement barré par Loïc Rémy. Gignac se transforme lentement mais sûrement en remplaçant de luxe. Le week-end dernier, à Montpellier, il entre en jeu à la place de Loïc Rémy et se met plutôt en évidence. Face à l'Olympiakos, "APG" espère avoir sa place en pointe, alors que Mathieu Valbuena est titularisé au milieu. Mais Deschamps lui préfère Jordan Ayew, signant sa marginalisation au sein de l'effectif marseillais. Son exclusion, c'est "APG" lui-même qui l'a scellée.