Tout le monde le présentait comme le "chouchou" du sélectionneur, l'intouchable. Pourtant, Laurent Blanc a fait preuve de logique en rayant Yoann Gourcuff de la liste des 23 joueurs pour l'Euro (8 juin-1er juillet), mardi matin. Comme le jeune Montpelliérain Mapou Yanga-Mbiwa, lui aussi écarté du groupe, le meneur de jeu des Lyonnais regardera les matches des Bleus dans son salon. Chronique d'un incroyable gâchis.
Une incroyable ascension
Un père entraîneur, une sacrée conduite de balle, jamais un mot de trop et une belle gueule. Bref, le profil parfait pour réussir au foot et percer en équipe de France. Après avoir fait ses classes dans sa Bretagne natale, il commence à intéresser les plus grands clubs européens comme Arsenal, Liverpool ou l'Ajax Amsterdam. Il choisit de rester en France et de signer à Rennes. Trop jeune ou déjà mature ? Il passe trois saisons chez les Rouge et Noir aux côtés de Petr Cech et Frédéric Piquionne. Sérieux, appliqué, il progresse et fait son trou. Trois saisons plus tard (80 matches et 6 buts avec le Stade Rennais, ndlr), il prend son envol et opte pour le Milan AC.
Le costume est un peu trop grand pour ce jeunot de 20 ans. Timide, voir un tantinet introverti, il a du mal à peser face aux grandes gueules des Rossoneri, Gennaro Gattuso et Clarence Seedorf. Mais même au milieu des génies Kaka et Pirlo, Yoann Gourcuff réussit à convaincre. Il joue souvent (53 matches en deux ans), marque peu (3 buts seulement) mais tient la baraque. La France le repère et les Girondins réussissent à le rapatrier dans l'hexagone en 2008. Cette fois, c'est la consécration. Un titre de champion de France avec les Marine et Blanc, ses premières titularisations en Bleu et des gros titres dans la presse. Lors des éliminatoires de la Coupe du monde 2010, il joue le rôle de sauveur contre la Roumanie. Il est au top et beaucoup le voient déjà comme le successeur de Zidane.
Gourcuff rattrape le coup contre la Roumanie :
Une redescente interminable
Ça, c'est le côté face de Yoann Gourcuff, celui d'un garçon brillant et souriant, doué et motivé. Malheureusement pour le Breton, le revers de la médaille est beaucoup moins clinquant. En 2010, il fait partie du voyage en Afrique du Sud. L'épisode du bus, les rumeurs de premier de la classe effrayé par les mutins, des matches insipides, une expulsion lors du dernier match et un traumatisme. A la fin de l'été, il signe à l'Olympique Lyonnais pour confirmer ses deux bonnes saisons passées aux Girondins de Bordeaux. Mais le mal est fait et son génie ne reviendra plus jamais.
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A Lyon, son parcours est un véritable grand huit. Capable de marquer des buts d'anthologie, Yoann Gourcuff traverse aussi de nombreuses rencontres comme un zombie. Blessé plusieurs fois, il peine à percer dans un club qui le voyait déjà comme un Messi en 2010. Mais Laurent Blanc continue à lui maintenir sa confiance et l'appelle fréquemment pour jouer avec les Bleus.
Un choix inéluctable
Mais depuis plus d'un an, les comparaisons avec Zidane se raréfient dans la presse et son nom est plus souvent associé à un problème. En l'appelant dans les 26 il y a 15 jours, le sélectionneur avait tenté une dernière fois de justifier son choix. "Même s'il a fait très peu de matches internationaux, les statistiques de Yoann ne sont pas si mauvaises que ça", expliquait le sélectionneur. "En club, son bilan est indéfendable, mais en équipe de France, son bilan n'est pas si mauvais que ça. Il a joué six matches, trois comme titulaire, il a marqué trois buts". Il aura donc une ultime chance de montrer ses qualités. Contre l'Islande, il est passé à côté. Cette fois, "Lolo" ne pouvait plus rien pour lui.