Si les retours de Franck Ribéry et Patrice Evra ont occupé une bonne partie l'actualité de l'équipe de France au cours de la semaine précédant le Luxembourg-France de vendredi, ils n'ont pas totalement éclipsé un sujet récurrent cette saison: le rendement de Yoann Gourcuff. Laurent Blanc lui-même a reconnu que le Lyonnais "n'est pas dans la meilleure forme possible", n'écartant pas l'idée de le faire jouer plus en retrait. Pour une dernière chance ? Yoann Gourcuff ou l'éternel débat. Si le Lyonnais approche doucement mais sûrement de sa trentième sélection (il en compte 26 à ce jour), chacune de ses sorties en Bleu est accompagnée depuis maintenant plus d'un an de son lot de critiques et de doutes. Il est loin le temps où, au sortir d'un match en Roumanie le 11 octobre 2008, il avait non seulement sauvé la tête de Raymond Domenech d'une frappe limpide du gauche sous la barre de Lobont (score final 2-2), mais également fait croire à beaucoup que la France tenait son nouveau Zidane. Force est de constater que deux ans et demi plus tard, le Breton tarde à justifier totalement ces attentes. Certes, Gourcuff n'a pas que fait des mauvais matches en Bleu - ses dernières sorties en Angleterre et face au Brésil ont d'ailleurs été plutôt réussies -, mais si les critiques sont de plus en plus nombreuses cette saison, c'est que, parallèlement, son rendement en club est loin d'être optimal, d'où le sentiment chez ses pourfendeurs qu'il ne mérite plus sa place en équipe de France. "C'est vrai qu'il n'évolue pas à son meilleur niveau, reconnaissait mercredi son président à l'OL, Jean-Michel Aulas. Par contre, il est parmi les bons joueurs du collectif. Il a, c'est sûr, une marge de progression immense, mais là aussi, je reste positif car je sais ce dont il est capable, je sais aussi qu'il fait du mieux possible." Si «JMA» se montre magnanime avec son meneur, acheté à prix d'or (26,5 millions, prime de revente comprise), on décèle tout de même une pointe d'impatience dans les propos de l'intéressé, défendu par ailleurs avec vigueur par son entraîneur, Claude Puel. "Chacune de ses apparitions est sujette à polémique, on dissèque son jeu, on est toujours dans la critique... Tout cela n'est pas évident à vivre: il faut le laisser tranquille et c'est la raison pour laquelle je ne suis pas d'accord avec tout ce qui est fait autour de Yoann. Bien sûr, certaines critiques peuvent être parfois intéressantes, mais parfois, je lis des articles, j'entends des choses à son sujet totalement disproportionnés, absurdes et pas objectives." Nasri:"Une rampe de lancement de qualité" Qu'en pense Laurent Blanc, qui malgré le rendement moindre du Breton, continue de l'appeler et de le titulariser en équipe de France ? Le sélectionneur ne peut nier une évidence, à savoir que Gourcuff n'est actuellement pas au niveau qui fut le sien à Bordeaux, sous ses ordres. Interrogé jeudi sur un éventuel positionnement plus bas du joueur, il a ainsi répondu: "C'est une question qui revient souvent, parce que Yoann n'est pas dans la meilleure forme possible. Quand il évoluait à Bordeaux, et je suis bien placé pour le savoir, il était dans une certaine position (de meneur, ndlr) et performant, on ne se posait pas la question. Là, on se la pose parce qu'il n'est pas performant comme il l'a été l'année d'avant." Et l'intéressé de glisser une remarque loin d'être anodine, à propos du possible recul de l'intéressé à un poste de relayeur: "C'est vrai que c'est quelqu'un qui a une qualité requise, avec son volume physique, pour jouer plus bas dans le coeur du jeu (au milieu, dans la «novlangue» du sélectionneur, ndlr). Il ne rechigne pas à travailler, il ne rechigne pas dans les duels. Et quand il est dans une bonne forme, il est capable de faire la passe là où il faut et quand il faut." Faut-il en déduire que Yoann Gourcuff va peu à peu délaisser son rôle de meneur, que Samir Nasri est tout à fait disposé à endosser, pour se mettre davantage au service de l'équipe ? La formule avait en tout cas fait merveille à Wembley face à l'Angleterre (victoire 2-1), avec une relation technique entre les deux joueurs qui n'avait jamais été aussi bonne. "On n'a pas eu énormément de matches ensemble, mais c'est vrai qu'on a eu cette relation de se chercher et de se trouver. Et lorsque l'un des deux montait, l'autre revenait", a confirmé jeudi le joueur d'Arsenal qui voit en son partenaire une "une rampe de lancement de qualité pour pouvoir mettre l'équipe dans le sens du jeu, capable de trouver des passes dans l'intervalle avec sa technique." Et de conclure: "On va essayer de faire ça à grande échelle si nous sommes titularisés." Ce qui est probable vendredi face au Luxembourg, un match au cours duquel Franck Ribéry et Patrice Evra ne seront pas les seuls à être observés avec acuité...