Nick Kyrgios a fait son entrée sous les sifflets du public de Montréal, jeudi soir, avant son huitième de finale perdu contre l'Américain John Isner (7-5, 6-3). Les phrases lâchées sur le court au tour précédent contre son adversaire, le Suisse Stan Wawrinka, était encore dans toutes les têtes. "Kokkinakis a b... ta copine, désolé de te dire ça mec", avait-il lâché, dos à son adversaire mais face caméra. Les médias australiens ont isolé une deuxième insulte, plus tôt dans la partie, où on voit Kyrgios asséner : "Il b... une fille de 19 ans".
Kyrgios lâche une remarque déplacée face caméra :
Kyrgios fait référence à la Croate Donna Vekic, 19 ans, qui serait le nouvelle compagne de Stan Wawrinka, divorcé depuis avril. L'an dernier, Vekic avait disputé le double mixte à l'Open d'Australie avec Thanasi Kokkinakis, 19 ans lui aussi et coéquipier de Kyrgios en équipe d'Australie de Coupe Davis.
Vekic avec Kokkinakis en 2014 et à Wimbledon devant un match de Wawrinka cette année :
2014 - (Kokkinakis-Vekic Antrenmanı) & 2015 - (Vekic, Wawrinka'nın Wimbledon maçında tribünde) pic.twitter.com/uVfGD2FScl
— TenisHaberleri (@SadeceTenis) August 13, 2015
"J'assume l'entière responsabilité de mes actions." Devant le flot de réactions négatives que son comportement a suscité, Kyrgios, défendu par son frère Christos et sa mère Nill, avait fini par s'excuser, jeudi, quelques heures avant son match face à Isner, via Facebook : "Je voudrais prendre le temps de m'excuser pour les commentaires que j'ai tenus durant le match la nuit dernière (mercredi soir) contre Stan Wawrinka. Ces commentaires ont été faits dans le feu de l'action mais étaient inacceptables à bien des niveaux. En plus des excuses privées que j'ai faites, je voudrais également faire des excuses publiques. J'assume l'entière responsabilité de mes actions et je regrette ce qui est arrivé." La veille, après la rencontre, Kyrgios s'était montré beaucoup moins disert.
Ancien directeur technique national (DTN) du tennis français et coach de Yannick Noah au moment de sa victoire à Roland-Garros en 1983, Patrice Hagelauer a connu de fortes personnalités dans le tennis. Mais jamais de joueurs aussi peu disciplinés. "Le tennis n'a pas besoin de joueurs qui ont ce comportement-là, qui manquent de respect vis-à-vis de leurs adversaires, vis-à-vis de la structure, vis-à-vis de tout le monde", souligne-t-il au micro d'Europe 1. "Des fortes personnalités, il y en a eu, mais ce sont des gens qui avaient en même temps de l'humour, et ce sont des gens qui gardaient toujours une certaine forme de respect. Quand on a 20 ans, on ne se fait pas sa place sur le circuit en tenant ce genre de propos. Là, ça dépasse les bornes."
Quand il était DTN, Patrice Hagelauer n'avait pas hésité à sanctionner le Français Benoît Paire, habitué, comme Kyrgios, aux comportements excessifs sur un court. Cet été, les deux joueurs se sont fait remarquer en balançant volontairement certains jeux. Ce fut le cas notamment de Kyrgios à Wimbledon contre Richard Gasquet. Patrice Hagelauer pense que Kyrgios va prochainement "payer" son comportement sur le circuit, où les joueurs sont les premiers à faire la "police".
Sanctionné aussi pour un "commentaire" contre un ramasseur. Invité à réagir à la polémique, le n°1 mondial Novak Djokovic, vainqueur plus tôt dans la journée de l'Américain Jack Sock, a d'abord décrit Kyrgios comme un "bon gars" au talent "remarquable" avant d'estimer que l'amende prononcée à son encontre était "méritée". Il a dit également espéré que le jeune joueur "tire des leçons" de cet épisode. "Rien n'excuse le fait de diriger sa colère vers son adversaire", a souligné le Serbe, appelant à préserver "le respect envers les joueurs et ce sport". Outre ses remarques désobligeantes envers Wawrinka, certes susurrées mais clairement perceptibles, Kyrgios a également été sanctionné jeudi par l'ATP pour un "commentaire" contraire à l'esprit sportif envers un ramasseur de balles...