La ligne de fracture entre les joueurs mis en examen dans l'affaire des paris et l'encadrement du club de Montpellier se confirme. Jeudi, l'avocat de Nikola Karabatic, Me Jean-Robert Phung, avait adressé une pique à l'entraîneur du MAHB, Patrice Canayer : "on ne sait plus s'il est pour le club ou contre le club, pour ses joueurs ou contre ses joueurs." Aujourd'hui, on comprend mieux pourquoi. Le quotidien régional Le Midi Libre révèle en effet le contenu de la déposition de Canayer devant le Service central des courses et des jeux, le 15 décembre dernier. Canayer, sur le banc du MAHB depuis 1994, y revient notamment sur ce fameux 12 mai 2012, date du match entre Cesson et Montpellier, sur lequel deux de ses anciens joueurs ont d'ores et déjà avoué avoir parié.
Un niveau général "très faible"
L'entraîneur explique avoir vu ce jour-là une équipe au niveau général "très faible", s'arrêtant notamment sur le performance d'un jeune joueur du centre de formation "totalement hors du coup". De même, le technicien gardois rapporte une discussion qui aurait eu lieu entre un joueur du MAHB et un joueur de Cesson sur le fait que Montpellier serait mené à la mi-temps.
Il affirme également qu'un joueur du club aurait été vu le 12 mai au matin devant un buraliste montpelliérain, tandis que deux femmes pariaient sur le match à l'intérieur. Il aurait expliqué enfin qu'un membre du club aurait vu l'ancien kiné Yann Montiège le matin du match dans les rues de Rennes (où avait lieu la rencontre) en compagnie du gardien de but Primoz Prost, qui a avoué avoir parié. Ce matin-là, Montiège avait retiré une forte somme d'argent, expliquant devoir rembourser un prêt. Canayer juge cette balade "totalement inhabituelle un jour de match".
Des soirées poker entre joueurs
Plus largement, Canayer explique que certains de ses joueurs, comme le Tunisien Issam Tej, le Serbe Mladen Bojinovic et l'international français Samuel Honrubia (les deux derniers ont été transférés au PSG), étaient des "accros aux jeux". "La gangrène du jeu avait atteint le vestiaire de façon importante", a-t-il affirmé aux enquêteurs, évoquant également des soirées poker entre les joueurs. Interrogé par le Midi Libre sur ces déclarations, Canayer n'a pas souhaité apporter d'autres précisions. Mais il a déclaré : "ce que je peux dire en revanche, c'est que ma position est claire dans cette affaire : je ne suis pas là pour accabler les joueurs, ni pour les protéger, mais pour connaître la vérité".