ROLAND-GARROS - Justine Hénin aborde les Internationaux de France en tant qu'outsider. Cette émotion est-elle entrée en ligne de compte dans votre préparation ?Oui. C'est évidemment quelque chose à gérer de très particulier. Roland, ça restera toujours spécial. J'ai gagné quatre fois ici et j'ai gagné aussi le titre chez les juniors. C'était il y a 13 ans. Quand je me suis entraînée sur le court numéro 1, j'ai repensé à tout ça. Et puis je suis un peu comme à la maison, les Belges peuvent venir me voir plus facilement que lorsque tu te retrouves en Australie. Je suis plus entourée et j'aime ça. C'est pour cela que l'envie de bien faire est certainement plus présente ici qu'ailleurs et il faut que je m'en serve comme un moteur. Roland, c'est mon tournoi préféré.Quels ont été vos premiers gestes en arrivant à la Porte d'Auteuil ?Je suis allée prendre mon accréditation, comme chaque année. J'ai retrouvé mon vestiaire, avec mon casier fétiche que j'ai toujours eu ici depuis quelques années. Retrouver les gens, c'est cela qui était le plus émouvant. On établit des contacts, on renforce des liens, on s'attache aussi. Retrouver la terre, ici, la meilleure terre battue que l'on puisse connaître... Je me suis entraînée une fois, ce matin (vendredi), une heure cet après-midi aussi. Je connais tellement bien le site, je me sens à l'aise parce que c'est un tournoi pour lequel je suis restée souvent toute la quinzaine. Ça aide pour les repères."Un challenge intéressant pour moi"Comment s'est déroulée votre préparation sur terre battue ?Ça été difficile (1). Aujourd'hui, j'ai de bonnes sensations mais on ne sait pas ce qui peut se passer. Je vais devoir travailler dur mais je vais bien en tout cas, la santé est bonne. J'étais tracassée car il y a une grosse semaine encore, je n'étais pas au top car je venais de reprendre les entraînements. Là, l'énergie est remontée. Je dois faire attention car j'ai été fort affaiblie mais je suis prête à attaquer le tournoi.Comment va votre doigt ?Voilà un mois que je l'ai cassé (2), je vais rester environ trois à quatre semaines avec une attelle mais j'en ai pris l'habitude et j'ai la chance d'avoir un revers à une main et puis c'est la main gauche qui est touchée. Disons que je suis presque à 100 %.Etes-vous dans la peau de quelqu'un qui vient défendre son titre ?Non car ça fait trois ans (3), je n'ai pas ce sentiment. Les choses ont changé depuis. Je suis ici pour mon deuxième Majeur depuis mon retour. Le tableau est ouvert mais un Majeur reste un Majeur et il faudra donner le meilleur sur toute la durée, surtout sur terre battue. C'est un challenge intéressant pour moi."J'ai une vue d'ensemble"Les soeurs Williams, vous et une petite dizaine de joueuses sont favorites. Partagez-vous cet avis et que pensez-vous d'Aravane Rezai qui vous a battue à Madrid ?C'est une fille qui frappe très fort et quand elle est en pleine confiance, elle est très dangereuse. Ce sera l'attraction du tournoi. Le tableau est ouvert à l'image du tennis féminin depuis quelques temps. Serena a quand même montré une certaine domination. Tout peut arriver. Chez les filles, difficile de prédire qui ira en finale, au contraire d'un Nadal-Federer chez les garçons. Moi, ça me permet d'être sur mes gardes dès le début et je garde en tête que c'est mon deuxième Gran Chelem. Je suis assez sereine par rapport à ça et je suis aussi impatiente de jouer mon premier match.Vous avez changé tout votre staff médical récemment. Pourquoi avant Roland ?Dans la vie, il y a des étapes et je pense que les besoins évoluent. J'avais besoin de fraîcheur, de gens plus disponibles, plus motivés. Il n'y avait pas véritablement de problèmes. J'ai réessayé avec la même équipe et ça n'a pas été simple. Je ne vis pas ça comme un problème avant Roland-Garros. Avec l'expérience, on peut savoir ce qui est bien et ça s'est fait assez naturellement.Un mot sur le tirage ?Au premier tour, je joue contre Pironkova. La dernière fois que l'on s'est jouée, c'était à l'US Open il y a trois ans, si mes souvenirs sont bons (exactement en 2008 à Anvers, ndlr). C'est une fille qui joue beaucoup en contre, qui est parfois très surprenante dans son jeu. Elle tente des choses parfois un peu surréalistes. Elle peut être dangereuse. C'est un match dont je me méfie beaucoup parce que, déjà, c'est un premier tour, c'est toujours difficile. Cela vous ennuie quand je répète toujours la même chose avant un premier match, mais c'est comme ça (rires). Il faut y aller dans un état d'esprit où l'on s'attend à tout, être prête à se bagarrer. Pour la suite, je n'ai pas trop envie d'en parler, les choses se font petit à petit, match après match. Bien sûr que j'ai une vue d'ensemble. Je sais ce qui pourrait arriver, c'est trop tôt pour en parler.Les titres que vous avez gagnés ici sont-ils un avantage sur la concurrence ?Aujourd'hui je n'en suis pas encore convaincu. Bien sûr, les bons souvenirs peuvent m'avantager comme une motivation de plus mais la reprise n'est pas facile. J'ai d'autres choses à gérer, ce seront des challenges à relever. Si je peux avancer dans le tournoi, cela va m'aider mais au début, il faudra que je m'accroche. Je ne veux pas voir trop loin.1: Henin a remporté le tournoi de Stuttgart début avril avant de s'incliner le mois suivant au premier tour de Madrid, battue par Aravane Rezai. Entre-temps, elle était apparue en Fed Cup contre l'Estonie avec une attelle sur le doigt gauche.2: Le 23 avril, lors d'un entraînement avec sa compatriote Flipkens, Henin a voulu rattraper la balle de la main gauche et s'est cassé l'auriculaire.3: Lors de sa dernière participation en 2007, Justine Henin s'était imposée.