Au terme d'une nouvelle défaite face à la Juventus (1-2), la cinquième en neuf rencontres, l'Inter Milan semble promis à une saison éprouvante sur la scène nationale. Dès lors, pourquoi ne pas tout miser sur la Ligue des champions, qui a souri aux Nerazzurri en 2010, et pour laquelle les hommes de Claudio Ranieri avancent des arguments de mieux y figurer. Début de réponse mercredi face à Lille, lors de la quatrième journée. En Lombardie, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. C'est du moins ce que les dirigeants intéristes veulent bien nous faire croire. Car dans les faits, la situation du deuxième club de Milan est aussi incompréhensible qu'intolérable, avec le pire début de saison de son histoire, symbolisé par une dix-septième place au classement et un changement d'entraîneur au bout de quatre journées. Crise de résultats et crise de jeu, la totale. Pourtant, Massimo Moratti et Claudio Ranieri continuent de nous jouer, pipeau au bec, la balade des gens heureux, envoyant promener les détracteurs et leurs remarques acides sur le contenu famélique des rencontres de l'Inter. Après une nouvelle défaite contre la Juventus Turin (1-2), la cinquième depuis la reprise, le successeur de Gian Piero Gasperini, qui avait ressorti son uniforme de super pompier pour répondre à l'appel d'urgence nerazzurro, a encore abusé de la méthode Coué pour éteindre l'incendie. "Contre l'équipe la plus en forme du championnat, qui a le niveau pour remporter le Scudetto, on a montré qu'on est en train de se reprendre, a ainsi souligné Ranieri pour minimiser cette énième déconvenue. Le match était équilibré, oserais-je dire. Je ne suis pas inquiet." Il a osé, en effet. Et aurait peut-être dû s'astreindre à de longues séances vidéo avant de prêcher la bonne parole devant les caméras. La C1 pour sauver les meubles ? Au moins son optimisme béat a trouvé écho dans les propos de son président Moratti, conscient de la gravité du contexte, mais qui voue toujours une confiance aveugle en celui qu'il est allé chercher à la fin du mois de septembre. "Nous devons être patients. La première période était bonne, c'est la deuxième qui l'a moins été mais le problème n'est pas Ranieri", s'est justifié un Moratti "désolé" pour les supporters. Ces derniers ne cessent de le prendre à partie depuis plusieurs semaines, lui reprochant notamment le statut d'intouchables de certains cadres dépassés (Chivu, Milito, Stankovic) mais aussi le recrutement foireux de cet été (Alvarez, Castaignos, Forlan, Zarate, Jonathan). Deux défis encouragent Moratti à faire preuve de cette outrecuidance, qui lui a parfois joué de vilains tours dans le passé: le mercato hivernal qu'il attend comme le messie et la Coupe d'Europe, véritable expiatoire pour les coéquipiers de Javier Zanetti, et pour laquelle ils sont en ballottage favorable pour les huitièmes de finale (1er du groupe avec 6 points). Ainsi, celui que Rafael Benitez, un des dix-huit techniciens pressés comme un citron par le proprio depuis son rachat du club, qualifie de "trop encombrant", sait qu'il va devoir mettre la main à la poche pour un rafraîchissement de vigueur (Juan, Kucka, Montolivo) et la paix des ménages. Mais, échaudé par la future mise en place du fair-play financier, il compte également sur les résultats de son équipe en Ligue des champions pour alléger sa peine.