Quatre titres de champions d'Europe et deux de champions du monde en attendant le titre olympique ? Le couple français Gabriella Papadakis-Guillaume Cizeron débute lundi (2 heures du matin en France) avec le programme court l'épreuve de danse sur glace de patinage artistique dont ils sont grands favoris. Le mois dernier, ils ont décroché leur quatrième titre européen, avec un nouveau record du monde de 203,16 points, repoussant leurs premiers poursuivants, les Russes Ekaterina Bobrova-Dmitri Soloviev, à plus de dix unités. Jamais depuis le sacre de Marina Anissina et Gwendal Peizerat en 2002, aux Jeux de Salt Lake City, déjà en danse sur glace, des patineurs français n'avaient été en si belle position pour espérer décrocher l'or olympique. Mais qu'est-ce qui pourrait les en priver ?
Tessa Virtue-Scott Moir, partenaires particuliers. On ne vous fait pas une révélation mais sachez que Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron ne patineront pas seuls. Et que la concurrence sera bien plus relevée que lors des derniers championnats d'Europe. Au classement des meilleures performances de l'année, que le couple français domine, cinq couples nord-américains les suivent : trois américains et deux canadiens, dont LE couple canadien, composé de Tessa Virtue et Scott Moir. Le couple Virtue-Moir, Papadakis-Cizeron le connaît très bien puisque ce sont leurs… partenaires d'entraînement, à Montréal, au Canada. Ils ne les connaissent que trop bien aussi, car ce sont eux qui les ont privés d'un troisième titre mondial consécutif, l'an dernier, à Helsinki. Mais lors de la finale du Grand Prix, en décembre, au Japon, les Français avaient pris leur revanche, l'emportant avec 2,30 points d'avance.
Papadakis et Cizeron avaient survolé les derniers championnats d'Europe :
"Ils ont un petit peu d'avance sur les Canadiens". "J'ai confiance en eux", insiste au micro d'Europe 1 Nathalie Péchalat, double médaillée de bronze mondiale en danse avec Fabian Bourzat. "Ils ont un petit peu d’avance sur les Canadiens. Il n’y a aucune raison pour qu’ils ne concluent pas la compétition avec l’or. Il peut y avoir de l’émotion sur le moment, mais comme disait mon coach russe, il faut avoir les jambes chaudes et la tête froide." Le président de la Fédération française des sports de glace, Didier Gailhaguet, est confiant lui aussi : "Les Canadiens sont d'excellents patineurs mais il y a une vraie vague en faveur de Gabriella et Guillaume". À voir…
Duel sur la glace mais aussi en coulisses. Tessa Virtue et Scott Moir avaient pris leur retraite en 2014 avant de revenir à la compétition en 2016 afin de préparer au mieux les JO. Ils n'ont qu'une ambition en tête : reconquérir le titre olympique qu'ils avaient décroché en 2010, chez eux, à Vancouver, avant de terminer 2èmes à Sotchi, en 2014. Car si Papadakis et Cizeron, âgés respectivement de 22 et 23 ans, vont découvrir les JO, ce n'est pas le cas de leurs adversaires, qui en sont aujourd'hui des "vieux routiers" puisque ce seront leurs troisièmes.
Tessa Virtue et Scott Moir décrochent le titre olympique à Vancouver :
"On n'a jamais été aussi bien entraînés, jamais aussi bien préparés pour une compétition", a insisté Tessa Virtue. "On est confiant, on est prêt, on est fort." Les Canadiens, qui affichent 28 printemps pour elle et 30 pour lui, l'ont déjà prouvé sur la glace de Pyeongchang en remportant l'épreuve par équipes lundi dernier.
Le Canada, dont ils étaient les porte-drapeaux, étant assuré de la victoire finale avant leur passage sur le programme libre, ils ont pu patiner en toute décontraction, établissant un score final de 198,61, tout près de leur meilleure performance de l'année (199,86 points). Cette épreuve, le couple français, conscient que la France n'avait aucune chance de décrocher une médaille, avait lui décidé de la zapper, pour continuer sa préparation loin de Pyeongchang et notamment celle du programme court, qui a parfois été leur talon d'Achille.
De mauvais relents de Salt Lake City. L'épreuve par équipes, une anecdote de l'histoire ? Peut-être pas. Car, pendant longtemps, les classements en patinage artistique se sont faits autant sur la glace que dans la coulisse. On peut penser ainsi que la participation de Virtue-Moir à la compétition par équipes n'a pas été vue d'un mauvais œil par les instances. Mais il y a plus concret encore. Le Canada a en effet décidé de placer la présidente de sa Fédération parmi le jury chargé de noter la compétition.
"Quand vous avez des présidentes de Fédération qui se sentent obligées d’être dans le jury pour mieux défendre leurs sportifs, je me dis que ça sent la panique à bord", a tonné Didier Gailhaguet sur RMC. "Finalement, c’est plutôt de bon augure. Jamais une telle idée ne nous serait venue à l’esprit. Il y a des règles, un code d’éthique… Et lorsque je vois des présidents faire des petits cadeaux aux juges… C’est plutôt bon signe pour nous." Pour nous, entendre par là pour Papadakis-Cizeron.
Des juges, Didier Gailhaguet, une polémique ? Ça ne vous rappelle rien ? En 2002, l'actuel président de la fédé avait été suspendu pour trois ans après le scandale qui avait éclaboussé les Jeux de Salt Lake City. La fédération française et la juge Marie-Reine Le Gougne avaient été accusées d'avoir voulu passer un accord avec la fédération russe pour avantager le couple Anissina-Peizerat lors de l'épreuve de danse sur glace.
Ce scandale, qui avait beaucoup fait parler au… Canada (Jamie Salé-David Pelletier avaient été initialement classés 2èmes de l'épreuve de couples avant de récupérer une médaille d'or par la suite), avait débouché sur une refonte complète du système de notation. Une chose est acquise : le patinage ne peut se permettre un nouveau scandale cette année et le résultat de la compétition de danse sur glace, qui débute lundi avec le programme court et s’achèvera mardi avec le programme libre, devra sacrer le meilleur couple. Qu'il soit français ou canadien.