Des quatre Françaises engagées dans l'épreuve de snowboardcross, elle était la moins bien classée à la Coupe du monde de la spécialité. Mais c'est bien la jeune Julia Pereira de Sousa, 16 ans, qui a décroché le gros lot (ou presque) avec la médaille d'argent, vendredi, aux Jeux olympiques de Pyeongchang. Cette deuxième place fait tout simplement d'elle la plus jeune médaillée de l'histoire de l'olympisme tricolore ! C'est plus prosaïquement la septième breloque du contingent français sur ces Jeux, alors que Blaise Giezendanner (4ème du Super-G) et Maurice Manificat (5ème du 15 km libre en ski de fond) sont passés tout près d'en apporter une autre, plus tard dans la journée.
L'étoile bleue. À quoi tient un destin olympique ? Peut-être aux remontrances d'un moniteur de ski… "Il y avait un entraînement (de ski) qui s'était mal passé, on m'avait dit que tout ce que je faisais, ce n'était pas bien", a raconté vendredi au micro d'Europe 1 Julia Pereira de Sousa, médaillée d'argent en snowboardcross. "Moi, ça m'avait saoulée, j'étais rentrée en pleurant dans les bras de ma mère, et j'avais dit : 'Maman, il faut que je fasse du snowboard'. Elle m'avait regardé et m'avait demandé : 'Mais pourquoi du snowboard ?' Trois mois plus tard, j'étais aux championnats de France et huit ans plus tard, je suis aux Jeux olympiques." Et avec une breloque en plus de ça, pour devenir la plus jeune médaillée de l'histoire du sport français, hommes et femmes confondus, aux JO d'hiver !
À 7h sur @Europe1 je vous raconte la belle histoire de cette jeune lycéenne de 16 ans devenue ce matin vice-championne olympique de snowboardcross à #PyeongChang2018 ! pic.twitter.com/1Au7EhWLOd
— C. de La Morinerie (@Morinerie) February 16, 2018
"Je n'arrive pas trop à réaliser, je suis un peu dans les nuages, je n'arrive pas trop à capter ce qu'on me dit", a encore réagi l'ado après avoir pris la 2ème place d'une course remportée par l'Italienne Michela Moioli. "Je suis trop contente. Je suis médaillée olympique à 16 ans, je me le dis mais je crois que je ne réalise pas trop là." Son entraîneur, Jérôme Choupin, était évidemment aux anges. "Elle donne tout ce qu'elle a sur son snowboard et aujourd'hui (vendredi), ça a bien souri. Ça avait déjà bien marché pendant l'hiver. Elle avait déjà fait deux podiums, elle ne sort pas de nulle part. Sa qualif' pour les JO, elle était allée la chercher de la plus belle des manières, avec des podiums." Jusqu'à CE podium, donc, qui a réjoui René, son grand-père, présent en bas de la piste et qui a confié son émotion à Europe 1. "C'est énorme, venir aux Jeux olympiques déjà et finir 2ème, ce n'est que du bonheur ! Depuis des mois, elle nous fait rêver et j'espère que ça va continuer longtemps. On la retrouvera à Pékin, dans quatre ans, avec la médaille d'or !" Et pourquoi pas ? Après tout, elle n'aura que 20 ans…
Julia Pereira de Sousa était la seule Française, vendredi, sur le podium. Car Chloé Trespeuch, 2ème du classement de la Coupe du monde et meilleure chance tricolore sur le papier, a chuté après le dernier saut, voyant s'envoler ses derniers espoirs de médaille. Malgré sa déception, la médaillée de bronze de Sotchi, 23 ans, a salué la performance de sa jeune compatriote. "C'est une jeune très talentueuse. Je suis très contente qu'elle soit la vitrine de cette belle équipe de France avec Pierre (Vaultier, médaillé d'or jeudi), ça me réconforte un peu", a insisté la vice-championne du monde 2017. Les deux autres Françaises engagées, Charlotte Bankes et Nelly Moenne Loccoz, ont été éliminées en demi-finales.
La fin d'un rêve bleu.Maurice Manificat rêvait de skier sur les traces de Roddy Darragon, seul Français à avoir jamais remporté une médaille en individuel en ski de fond lors des JO d'hiver (en sprint, à Turin, en 2006). Mais les espoirs du fondeur tricolore sur le 15 km libre vendredi se sont fracassés sur un mur de quatre petites secondes seulement, l'écart qui le sépare de la médaille de bronze, sur un effort de plus d'une d'une demi-heure. Longtemps deuxième aux temps intermédiaires derrière le Suisse Dario Cologna, large vainqueur devant le Norvégien Simen Krueger, Manificat échoue finalement à la 5ème place, comme sur le skiathlon dimanche dernier.
Très ému au micro de David Sandona, Maurice Manificat était frustré et déçu de sa 5e place#PyeongChang2018#JOClub#Francetvsport#Skidefond
— France tv sport (@francetvsport) February 16, 2018
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"On savait que ça allait être serré. On fait ça toute l'année et ça se joue à des broutilles de secondes. Cela n'a pas tourné dans le bon sens. Je n'arrive pas à m'en remettre. Je voulais tellement la ramener pour le ski de fond français. J'aurais dû le faire", a déclaré le skieur tricolore, très ému et conscient d'avoir laissé échapper là l'opportunité d'une vie. "C'est triste", a ajouté l'entraîneur de l'équipe de France, François Faivre. "C'est terrible parce que c'est beaucoup d'investissement, du staff et des athlètes. Il faut d'ores et déjà se tourner vers le relais", qui aura lieu dimanche. Les autres Français engagés sur ce 15 km finissent bien plus loin du podium : Adrien Backsheider est 17ème, Jean-Marc Gaillard 23ème et Clément Parisse 26ème.
Il avait mis le bleu de chauffe. Sa présence aux Jeux était déjà une performance en soi. Car, en septembre dernier, Blaise Giezendanner s'était gravement blessé au genou droit. Vendredi, non seulement le Chamoniard était au départ du Super-G des Jeux olympiques, mais il a terminé en plus au 4ème rang, lui qui n'avait jamais fait mieux qu'une 8ème place en Coupe du monde.
"Si on m'avait dit, il y a cinq mois, quand j'étais dans mon canapé en béquilles, que je ferais 4ème des Jeux olympiques, j'aurais dit 'Ouais, quand même…' Là, je dis encore oui", a admis le skieur tricolore au micro d'Europe 1. "Il y a un petit peu de déception quand même parce que tu passes à côté d'un truc (il termine à deux dixièmes seulement de la médaille de bronze, ndlr), mais je n'ai pas de regrets, j'ai fait ce que j'avais à faire." Blaise Giezendanner a aussi rendu hommage, sitôt la ligne d'arrivée franchie, à David Poisson, son collègue de l'équipe de France de vitesse mort à l'entraînement l'automne dernier (photo ci-dessous). "C'était important, j'ai vécu ça de chez moi, et ça a été super dur. Et je me suis toujours dit qu'un jour, si j'arrivais à faire un truc (lors d'une épreuve), ce serait pour lui, forcément. Je pense que là où il est, il est fier de nous."
Les trois autres Français engagés dans ce Super-G, Adrien Théaux (15ème), Maxence Muzaton (18ème) et Brice Roger (19ème) finissent dans le Top 20.
Trop bleues. Les deux Françaises engagées dans le slalom ne se sont pas mêlées à la lutte pour les médailles. Nastasia Noens, dont le meilleur résultat cette saison en Coupe du monde était une 9ème place, entre tout juste dans le Top 20 (à 3"65 de la gagnante, la Suédoise Frida Hansdotter), alors qu'Adeline Baud Mugnier, 31ème après la première manche, n'a pas terminé la seconde.
Des bleus à l'âme. Le programme libre de l'épreuve masculine de patinage artistique se déroulera sans Français. Le seul engagé, Chafik Besseghier, n'a pas réussi à terminer parmi les 24 meilleurs patineurs à l'issue du programme court disputé vendredi. Il termine 26ème, avec un total de 72,10 points, loin, très loin du Japonais Yuzuru Hanyu (111,68), favori pour la médaille d'or samedi.
Un coin de ciel bleu. Les deux Français qui participaient vendredi aux qualifications de l'épreuve de saut à skis sur le grand tremplin ont décroché tous les deux leur billet pour la finale qui aura lieu samedi. Jonathan Learoyd, 17 ans seulement, a obtenu 92,1 points (124 m de distance, 34ème) tandis que son aîné, Vincent Descombes Sevoie, 34 ans, s'est lui contenté de 69,9 points, avec un saut à 114 m, suffisant néanmoins pour intégrer le Top 50 (48ème).