Le 14 mai dernier, Laura Flessel-Colovic a été désignée par le Comité national olympique et sportif français (CNOSF) pour porter le drapeau de la France lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Londres. Ainsi en ont décidé les cinq membres du CNOSF, Denis Masseglia, son président, Jean-Luc Rougé, vice-président chargé du haut niveau, Bernard Amsalem, chef de mission pour Londres, Jacques Rey, président du collège des fédérations olympiques et Isabelle Sévérino, représentante des athlètes au CNOSF. Europe1.fr liste les points qui ont permis à Flessel de faire la différence par rapport à ses concurrents : Parker, Riner ou Karabatic.
Le sexe. C'est la première constatation de la nomination de Flessel comme porte-drapeau. Les "sages" du CNOSF ont décidé de confier cette mission à une femme. Ce n'est pas si fréquent. Ce n'est que la troisième fois depuis l'instauration du défilé, en 1912, qu'une femme est choisie lors de Jeux d'été. Les deux précédentes avaient été la nageuse Christine Caron, en 1968, et Marie-José Pérec, en 1996. "Je suis si fière ! Je suis fière de représenter la France et de conduire la délégation française aux JO de Londres !", avait immédiatement réagi Laura Flessel dans un communiqué de la Fédération française d'escrime. "Je remercie le mouvement olympique et sportif français mais aussi l'ensemble des personnes qui m'ont envoyé tant et tant de messages de sympathie ces derniers jours !" Flessel, qualifiée le 21 avril dernier lors du dernier tournoi européen de qualification olympique, a été préférée dans la dernière ligne droite au basketteur Tony Parker. "C'est bien pour la gente féminine. Mais en même temps nous (les sportives) sommes fières tout le temps. Nous portons le drapeau dans notre cœur et représentons la France au quotidien", s'est confiée la championne vendredi sur Europe1.
Le palmarès. Si le meneur de jeu des Spurs a déjà raflé trois titres NBA, il n'a jamais encore participé aux Jeux olympiques. Ce n'est pas le cas de Flessel, dont ce seront les cinquièmes ! La "Guêpe" se pique aux JO depuis 1996. Pour sa première participation, à Atlanta, elle avait réussi à devenir double championne olympique, en individuel et par équipes. Mais ça n'a pas été qu'un simple coup d'épée dans l'or. Quatre ans plus tard, elle remportait le bronze en individuel et, en 2004, elle complétait sa collection avec une médaille d'argent, agrémentée d'une nouvelle médaille de bronze par équipes. Et si, à Pékin, elle a échoué en quarts de finale, elle entend bien retrouver le podium à Londres. "Je voulais que mes derniers JO soient exceptionnels, ils le sont déjà un peu grâce à cette désignation. Maintenant, je veux honorer ce choix en montant sur le podium à Londres !" Dans l'histoire des Jeux, seize porte-drapeaux sur quarante ont réussi à décrocher une médaille. "Je viens pour conquérir le Graal. La médaille en chocolat ce n'est pas pour moi. Je viens à Londres pour la bagarre. Mon objectif est de gagner et d'écouter la Marseillaise!", prévient-elle sur Europe1.
Le personnage. Née à Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe, Flessel est une des plus illustres représentantes du sport antillais. A la différence d'un autre Guadeloupéen favori pour être porte-drapeau, Teddy Riner, Flessel a pour elle l'expérience de ses 40 ans dont près de vingt passés au plus haut niveau. Riner, âgé de 23 ans seulement, a encore l'avenir devant lui alors que Flessel participera à ses derniers Jeux. L'épéiste tricolore, plutôt à l'aise niveau communication, a les armes pour résister à la pression médiatique, toujours forte en amont des Jeux. Désigner Flessel comme porte-drapeau, c'est également récompenser une carrière exemplaire (deux titres olympiques mais aussi six de championne du monde), à peine égratignée par une suspension de trois mois pour un contrôle positif en 2002. Membre du Conseil économique, social et environnemental, Flessel est une voix qui compte du sport français et elle jouit d'une belle popularité au sein du grand public.
Le sport. En nommant Flessel, le CNOSF récompense également un sport habituel pourvoyeur de médailles : l'escrime. "Je suis fière de représenter mon sport, l'escrime", n'a d'ailleurs pas manqué de signaler l'heureuse élue. C'est la cinquième fois depuis 1960 que le sport d'armes a cet honneur, après Christian d'Oriola en 1960, Jean-Claude Magnan en 1972, Philippe Riboud en 1980 et Jean-François Lamour en 1988. Avec l'escrime, plutôt que le basket (Parker), le CNOSF a choisi un sport qui peut encore se prévaloir du fameux esprit olympique, comme il l'avait fait en 2008 en optant pour Tony Estanguet (canoë), qui avait coiffé sur le fil... Laura Flessel. L'épéiste, qui a arraché son billet pour Londres lors du dernier tournoi européen, le 21 avril (photo), n'a pas eu le temps de mener campagne, comme l'a fait Parker, qui s'était déclaré "candidat" au rôle de porte-drapeau. Mais, au final, c'est Flessel qui a été élue.