Le titre de champion du monde décroché jeudi par Loïc Pietri à Rio de Janeiro, le premier pour un judoka français depuis 2001 (en dehors de Teddy Riner...), est sorti des placards. C'est là que son père, Marcel, ancien champion de la fin des années 1980, avait relégué ses cassettes vidéo de judo, avant que son fils ne les découvre à l'adolescence et qu'il ne s'en serve comme source d'inspiration. "J'avais relégué les vidéos dans des placards et je n'exposais aucune médaille, tout était à la cave", a raconté à Europe 1 son père, médaillé d'argent chez les moins de 78 kg aux championnats d'Europe 1986 et vainqueur du tournoi de Paris deux ans plus tard. "J'évitais parce que je savais que c'était pénible pour lui. Quand il a commencé à faire du judo, vers 10-12 ans, tout le monde lui parlait de moi et ça, ça l'énervait."
A cette époque, le jeune Loïc Pietri hésite encore entre plusieurs sports. "Je ne savais pas qu'il voulait faire du judo", a expliqué son père, qui a été son entraîneur à Monaco. "Il a fait de l'escrime, de la natation mais ensuite, il a choisi l'option judo, il me suivait. C'était un enfant qui aimait beaucoup écouter. Il écoutait tout ce que je disais à mes élèves puisqu'il me suivait dans les compétitions le week-end. Il voulait venir avec moi, il aimait venir à l'hôtel." Aujourd'hui, le fils, passé comme son père par le club de Nice, où il est né, continue de partager avec son père. Et pas seulement autour des tatamis.
Archéologie et pêche sous-marine
"On est proches philosophiquement avec mon fils, on parle de beaucoup de choses", insiste le père. "Et on est très proches dans nos démarches personnelles. Au-delà du judo, on aime l'archéologie, la pêche sous-marine, on fait pas mal de choses ensemble." Personnage un brin atypique, Loïc Pietri est également un passionné d'histoire et quand il n'enfile pas le kimono, il aime empoigner sa guitare. C'est aussi un monstre de volonté : en deux ans seulement, entre 2005 et 2007, il est passé de la catégorie des moins de 50 kg aux moins de 81 kg...
Désormais médaillé d'or mondial, lui qui n'avait jamais fait mieux en individuel qu'une quatrième place lors des derniers championnats d'Europe, le néo-licencié à l'Athletic club de Boulogne-Billancourt, tout juste 23 ans, n'entend pas s'arrêter en si bon chemin. "Je suis champion du monde mais, maintenant, ma carrière n'est pas terminée, je suis encore jeune", a-t-il admis au micro d'Europe 1, après avoir eu, sur le podium, une "forte pensée" pour son père. "Il faut obtenir d'autres médailles. Car des champions du monde, il y en a chaque année. (...) Faut enchaîner, faut que je continue. Déjà, si je peux aller chercher plusieurs titres sur l'olympiade, je serais content." Et à la fin de cette olympiade, ce seront les Jeux olympiques. A Rio...