Le 12 août dernier, Nikola Karabatic imite la flèche d'Usain Bolt sur le podium. Avec ses Experts de coéquipiers, il peut s'autoriser ce gimmick d'ado. Il vient de remporter une deuxième médaille d'or aux Jeux de Londres, le graal suprême dans un sport qui a de plus en plus la cote. Sportif adulé et admiré, rien ne semblait pouvoir lui arriver. Pourtant, quelques heures plus tard, patatras. En démolissant le plateau de L'Equipe TV, le handballeur perd sérieusement en crédibilité. Moins de deux mois plus tard, il est placé en garde à vue dans le cadre d'une enquête sur des soupçons de match truqué. Chronique d'une descente aux enfers.
Un Euro raté et une image écornée
Avec le club allemand de Kiel ou avec Montpellier, il a tout gagné, de la Coupe au championnat en passant par la Ligue des champions. Il a même été élu meilleur joueur du monde en 2007. Avec les Bleus, il est tout simplement double champion olympique et du monde en titre. En décembre dernier, c'est la consécration suprême. Il est élu champion des champions français 2011 par le journal L'Equipe. Plutôt bel homme, il empile les contrats publicitaires et ses revenus annuels grimpent (près d'un millions d'euros par an).
Sur le parquet comme en dehors, il cultive l'image du sportif parfait. "Le mec qui se prend pour un autre, ça m'a toujours horripilé. Ça ne colle pas avec le hand, on a tous commencé en gagnant 1.000 euros par mois, de quoi juste payer notre appart et notre bouffe", expliquait-il juste avant d'être élu meilleur joueur du Mondial 2011. Né en ex-Yougoslavie et arrivé en France à l'âge de quatre ans, il est également le symbole parfait de l'intégration.
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Mais en 2012, sa carrière prend un virage beaucoup moins agréable. Très affecté par la mort de son papa au printemps dernier, il passe totalement à côté de son Euro. Malgré le titre olympique, le pire est encore à venir pour Karabatic. Le soir même, il est invité sur le plateau de L'Equipe TV avec le sélectionneur Claude Onesta. Il pète un plomb, saccage complètement le studio et intimide une jeune journaliste. Une histoire qui aura sacrément terni son image. Fin août, il reprend une nouvelle saison à Montpellier mais son entraîneur lui retire son brassard de capitaine. Et puis, cette garde à vue vient noircir un peu plus cette année.
"Il s'est comporté comme un petit con"
Pour Jérôme Fernandez, le capitaine de l'équipe de France de handball, refuse de voir dans cette histoire autre chose qu'un écart de conduite : "voir sa tête dans tous les journaux depuis une semaine, cela me dérange. Ce n'est pas un délinquant ni un meurtrier. Il a sûrement fait une bêtise. Il sera sanctionné pour ça. Mais ce n'est pas quelque chose qui va nuire à ses prestations sportives. Il restera le grand joueur qu'il est".
L'ex-entraîneur des Bleus Daniel Costantini, a, lui, choisi le camp des critiques. "Jusque-là c'était impensable. Mais on se rend compte aujourd'hui que ce sont des garçons à qui on prêtait beaucoup plus de qualités qu'ils n'en ont". Et d'en rajouter une couche sur le joueur de Montpellier : "Nikola Karabatic, tout le monde parlait de son intelligence, disait qu'il aurait pu faire des études supérieures. Or là, si c'est avéré, il s'est comporté comme un petit con. Être prêt à mettre sa carrière en jeu pour 10.000 euros..." A 28 ans là où d'autres champions confirment leur statut, Nikola Karabatic est peut-être en train de détruire le sien.