L'AS Monaco est leader du Championnat. L'AS Monaco est demi-finaliste de la Ligue des champions. Et il ne s'agit pas seulement de football mais aussi de basket ! En effet, les basketteurs monégasques, actuellement en tête de la Pro A, vont disputer vendredi (18 heures), cinq jours avant leurs collègues footballeurs, les demi-finales de "leur" Ligue des champions, à Tenerife, en Espagne. La "Roca Team", comme est surnommée l'équipe de la Principauté, retrouvera les Turcs du Bandirma Banvit, qu'elle a déjà affrontés à deux reprises lors de la phase de groupes (défaite en Turquie 79-65 et victoire à Monaco 65-63).
Une progression fulgurante. À bien des égards, l'ascension de l'ASM basket rappelle celle de l'ASM foot, qui était encore en Ligue 2 lors de la saison 2012-13. Comme elle, elle est revenue dans l'élite avec la volonté de jouer les premiers rôles. Mais dans le cas de la section basket, ce fut plus fulgurant encore. En 2011, le club était encore en Nationale 2, l'équivalent de la quatrième division. En quatre saisons, le club a ensuite connu trois montées sucessives pour retrouver la Pro A en 2015. Dès sa première saison, l'ASM a même décroché un titre, la Leaders Cup (ex-Semaine des As), qui met aux prises à la mi-saison les huit meilleures équipes de la phase aller. Vainqueur encore de cette épreuve le 19 février dernier, l'ASM va lutter vendredi pour accéder à la première finale européenne de son histoire.
Un mécène venu de l'Est. Mais la renaissance de l'ASM basket ne vient pas de nulle part. Comme le club de football, racheté en 2011 par le milliardaire russe Dmitri Rybolovlev, celui de basket bénéficie des deniers d'un mécène venu de l'Est, l'Ukrainien Sergei Dyadchenko, cofondateur de la banque Rodovid Bank, nationalisée en 2009 après la crise financière. En mars 2012, l'actuel président du club monégasque a échappé à une tentative d'assassinat. Comme le rappelle Le Monde, 26 coups de feu avaient été tirés contre sa Mercedes. Quelques mois plus tard, le mystérieux Dyadchenko posait ses valises en Principauté pour y vivre davantage en sécurité, mais aussi pour y assouvir sa passion du basket.
De l'argent, donc de bons joueurs. Dès son arrivée au club, le patron ukrainien a mis à la main au porte-feuille pour faire venir quelques pointures de Pro A. Jamal Shuller (ex-Nanterre), Sergiy Gladyr (ex-Nancy) ou encore Amary Sy (ex-Asvel) sont venus garnir les rangs de la "Roca Team" en 2015. L'international bosnien Zack Wright, passé par Châlon, Le Mans ou Limoges, est lui arrivé l'an dernier. À ces joueurs d'expérience, l'ASM ajoute quelques jeunes talents tricolores, comme Yakuba Ouattara (25 ans). Tout ce joli petit monde est entraîné par le Monténégrin Zvezdan Mitrovic, que le président monégasque a connu en Ukraine.
Et ça fonctionne du tonnerre. En Pro A, le club caracole en tête du classement avec un pourcentage de victoires à faire pâlir les Golden State Warriors (90%, 26 victoires en 29 matches). En Ligue des champions, c'est la même chanson ou presque. L'ASM a été la meilleure des 40 équipes engagées lors de la phase de groupes, avec 12 victoires en 14 matches.
Pour rejoindre le dernier carré, l'ASM, qui dispute ses matches à domicile dans la salle Gaston-Médecin, située sous le Stade Louis-II, a éliminé sur un format de matches aller-retour les Grecs de l'AEK Athènes (+7) et les Italiens de Sassari (+14). Le Final Four de Tenerife s'annonce ouvert. En cas de qualification face aux Turcs de Bandirma, les Monégasques affronteraient dimanche soir le vainqueur de la seconde demi-finale, opposant le club hôte, Tenerife, à Venise. Un deuxième succès européen pour le basket français cette semaine - après celui de Nanterre mardi lors de la Coupe Fiba, la "quatrième" Coupe d'Europe -, voilà qui montrerait la voie à suivre pour l'ASM du foot, opposée mercredi en demi-finales aller de la Ligue des champions à la Juventus Turin…
Ligue des champions et Euroligue, c'est différent. À la différence du football, la Ligue des champions de basket, dont c'est la première édition cette saison, n'est pas la compétition de référence. Elle peut être considérée comme la troisième épreuve européenne, après l'Eurocoupe et surtout l'Euroligue. Elle a été créée l'an dernier en réaction justement contre l'Euroligue, qui fonctionne selon un modèle semi-fermé, à savoir que certains clubs ont une place garantie dans l'épreuve quels que soient leurs résultats sportifs. Ce n'est pas le cas de la Ligue des champions, qui valorise le sportif. La Ligue des champions, à laquelle ont pris part cette saison quatre clubs français (contre aucun en Euroligue) est organisée par la Fédération internationale de basket (Fiba) alors que l'Euroligue est elle chapeautée par l'Uleb, l'Union des ligues européennes de basket. Cette Ligue des champions est l'expression de la rivalité exacerbée qui existe entre les deux entités depuis le début du siècle.