L’Euro s’éloigne pour Abidal

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FOOT - S’il subit une greffe du foie dans les prochaines semaines, Abidal ne jouera pas l’Euro.

L'international français du FC Barcelone Eric Abidal, déjà opéré d'une tumeur au foie il y a un an, va subir une greffe du foie dans les prochaines semaines, a-t-on appris d'un communiqué officiel du club jeudi en début d'après-midi. Cette nouvelle opération compromet très sérieusement sa participation au prochain Euro, en Pologne et en Ukraine (du 8 juin au 1er juillet). Explications.

Lorsqu’un patient sollicite une greffe du foie, il doit s'inscrire sur la liste d’attente officielle des dons d'organes. "Cette liste d’attente prend en compte le moment où on a été inscrit mais surtout la sévérité de la maladie hépatique", explique le docteur Stanislas Pol, chef du service d’hépatologie de l’hôpital Cochin, joint par Europe1.fr. "Il y a donc une allocation prioritaire des greffons aux patients les plus graves".

"S’il est opéré très vite, il ne jouera pas l’Euro"

Concernant le cas d'Eric Abidal, les médecins du Barça n'ont pas indiqué à quel moment le joueur avait été inscrit sur les listes d’attente pour une greffe. On ne connaît pas non plus la place du joueur français sur cette fameuse liste. Mais a priori "un patient qui est capable de faire une mi-temps de match de foot n’est pas prioritaire", précise toutefois le docteur Stanislas Pol.

Abidal

Mais si on reprend le communiqué du Barça, publié jeudi en début d’après-midi, il y a des raisons d’être pessimiste sur la participation du Français au prochain Euro. "Dans les prochaines semaines, le joueur subira une greffe du foie, compte tenu de son évolution hépatique", ont indiqué les services médicaux des Blaugrana.

Le docteur Stanislas Pol est catégorique : "s’il est opéré dans les prochaines semaines, il est clair qu’il ne pourra pas participer à l’Euro ". Et d’expliquer : "il y a toujours une période postopératoire assez délicate même quand les patients sont en très bon état général. Même quand il n’y a pas de risque de récidive de la maladie, il y a toujours une période un peu difficile à cause des douleurs sur la cicatrice et du risque infectieux immédiat".

20 jours d'hospitalisation

Cette intervention chirurgicale lourde nécessite une hospitalisation d'une vingtaine de jours avant une reprise d'activité "normale" espérée au bout de trois mois, détaille l'AFP. L'intervention chez le receveur est longue et difficile et varie entre 5 et 15 heures, selon les cas.

Après cinq jours de réanimation, le patient passe un séjour d'environ deux semaines en service de chirurgie digestive. Il doit par ailleurs s'astreindre à vie à un traitement immunosuppresseur, visant à moduler les défenses immunitaires et éviter le rejet du greffon après la transplantation.

Son avenir en pointillés

Interrogé par Europe1.fr, le docteur Stanislas Pol, chef du service d’hépatologie de l’hôpital Cochin souhaite cependant "dédramatiser la greffe de foie". "Quand les patients qui sont greffés sont en excellent état général, ce qui est le cas d’Eric Abidal, la post-greffe se passe généralement assez bien. Il y a des patients qui peuvent sortir de l’hôpital après 10 jours". Mais de là à rejouer à un niveau professionnel, rien n’est moins sûr. Le défenseur des Bleus a déjà 32 ans, un âge déjà avancé pour un joueur de foot professionnel.

La greffe "était une des options envisagées il y a un an. Il est prêt à se battre et il va se battre. Il rejouera au football, c'est son projet", assure le professeur Jean-Daniel Chiche, collègue de Stanislas Pol à l'hôpital Cochin de Paris et par ailleurs président de la fondation médicale dont le Barcelonais est l'ambassadeur. "Mais le plus important, c'est la santé d'Eric", conclut-il.