Il faut croire que les Italiens sont condamnés, dans toutes les compétitions internationales, aux calculs d’apothicaires pour espérer sortir des poules. De mémoire, rarement les Azzurri ont abordé le deuxième tour d’un Euro ou d’un Mondial en se dégageant sereinement et facilement des phases de poules. En 1982, c’est une succession de miracles qui leur a permis d'accéder au second tour, après 3 matchs nuls. Même en 2006 il a fallu attendre l'ultime match contre la République Tchèque de Pavel Nedved. Résultat : après le match de dimanche soir contre l’Espagne qui avait rempli d’espoirs mes compatriotes, à en effacer presque les scandales qui entourent l'équipe et le Calcio, l’optimisme a été clairement balayé par le cynisme ambiant. “Il faut encore souffrir” revient déjà comme un mot d'ordre aux terrasses des cafés. Espoirs douchés.
Une sélection pourtant prometteuse
Pourtant la Nazionale a donné des signaux merveilleux lors de son entrée en lice, laissant présager une compétition pleine de succès. Et pas contre n’importe qui ! La Roja - “le Furie Rosse” comme on les surnomme ici - championne du monde et d’Europe en titre contrainte de batailler avec un collectif Italien basé sur la solidarité, la détermination et le dévouement. Un mélange habile d’expérience (De Rossi, Pirlo, Buffon, Di Natale) et de jeunesse fougueuse (Marchisio, Balotelli, Giovinco). Un banc des remplaçants capables de faire la différence ainsi qu'une confiance sans faille dans le coaching du tacticien Prandelli. Et pour compléter le tableau un Andrea Pirlo en chef d’orchestre de génie. Le joueur de la Juventus Turin est capable de prouesses individuelles libératrices. Contre la Croatie, rien de cela n’a fait défaut à l’Italie. Une excellente première mi-temps, une reprise en deuxième mi-temps en ordre de bataille.
Personne ne s’explique ce matin le manque de réalisme des attaquants de notre Nazionale face à la Croatie. Cesare Prandelli aura beau imaginer tous les systèmes de jeu possibles, on aura beau débattre joyeusement pendant des heures sur qui, de Mario Balotelli ou Di Natale doit commencer les matchs en tant que titulaire, le défi est perdu d'avance. Gianluigi Buffon pourra bien être le meilleur gardien de but du monde avec une solide défense, si nos Azzurri ont peur d’attaquer, s’ils se pétrifient devant le gardien adverse, nous sommes désemparés et éliminés d’office. Lundi soir, il faudra gagner contre l’Irlande. Et croiser les doigts pour que les Espagnols fassent de même face aux Croates. Au fond, les Italiens y croient toujours.