L'OL, géant du football féminin

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Le président lyonnais, Jean-Michel Aulas, revient sur la genèse d'une équipe irrésistible.

Ce que le président de l'OL Jean-Michel Aulas a seulement effleuré avec l'équipe masculine, il l'a réussi avec l'équipe féminine : l'installer au sommet de l'Europe. Si les garçons ont dû se contenter d'une demi-finale de Ligue des champions en 2010, perdue face au Bayern Munich, les filles, elles, vont tenter de décrocher jeudi soir face au club allemand de Wolfsburg leur troisième titre de suite dans la plus prestigieuse des compétitions européennes et ce, lors de leur quatrième finale de rang. Cette domination européenne s'accompagne d'un règne domestique sans partage, avec sept titres consécutifs (2007 à 2013), identique à celui de l'OL masculin (2002 à 2008). Pour expliquer un tel succès, "JMA", interrogé par Europe1.fr, précise avoir appliqué aux filles la même "méthode" qu'aux garçons.

Professionnalisme et volontarisme

"On a essayé peut-être d'être plus professionnel que ne l'était un certain nombre d'autres clubs qui ont essayé d'investir dans le football féminin", insiste le président lyonnais. "Il y a une proximité dans la préparation entre les équipes masculine et féminine de l'OL, c'est le même professionnalisme. Et ce qui donne du haut niveau chez les hommes donne du très haut niveau chez les filles." Et même du très, très haut niveau.

Cette saison, l'OL en Ligue des champions, c'est 8 matches, 8 victoires, 40 buts inscrits et... 1 seul encaissé. Pour Ralf Kellermann, l'entraîneur de Wolsfburg, auteur du doublé en Allemagne, cet OL-là est même tout simplement la "meilleure équipe de club de tous les temps".

Etait-ce là l'objectif de Jean-Michel Aulas quand le Football club de Lyon a été intégré à l'OL pour créer la section féminine en 2004 ? "Il aurait été prétentieux de vouloir devenir un modèle", tranche le président rhodanien. "On s'est lancé de manière volontariste dans l'aventure du sport féminin mais on n'imaginait pas que, neuf ans après, on se retrouverait avec un tel professionnalisme et un tel niveau de performance. On s'est pris au jeu. Plus les résultats sont probants et plus vous avez envie d'investir. Au cours des années, on a modernisé notre préparation, amélioré le recrutement (l'Américaine Megan Rapinoe, championne olympique, est arrivée en janvier dernier, ici en photo) et établi des structures de formation."

"Spontanéité, fraîcheur et valeurs"

Parvenu au sommet (et en Une de L'Equipe à plusieurs reprises), l'OL féminin fait désormais partie du paysage du football français. Et le club dans son ensemble en tire logiquement parti. "L'équipe féminine fait partie de la marque globale OL, comme l'équipe masculine", souligne "JMA", intarissable sur la question. "Elle apporte ce que le football féminin apporte généralement au football, c'est-à-dire de la spontanéité, de la fraîcheur, des valeurs complémentaires qui permettent d'élargir la base des fans, des consommateurs, des supporters, avec un public plus familial."

L'OL surfe également sur la nouvelle popularité du football féminin dans l'Hexagone, porté par les performances des Bleus en Coupe du monde et aux Jeux (demi-finaliste à deux reprises). Aujourd'hui, une demi-finale de Ligue des champions féminine est capable d'attirer près de 25.000 personnes à Gerland. Et la finale, jeudi soir, disputée dans le stade de Chelsea, à Stamford Bridge, sera diffusée sur deux chaînes, à la fois sur Eurosport et en clair sur D8 (coup d'envoi à 20h30).

La formation, comme les garçons

Double champion d'Europe en titre et septuple champion de France, exposé dans les médias et à la télé, l'OL féminin ne souffre-t-il pas d'une certaine solitude du pouvoir ? "Il existe une dynamique du football féminin en France", estime au contraire Jean-Michel Aulas. Elle n'est pas encore très palpable au niveau des chiffres. Cette saison, l'OL a remporté ses 21 matches disputés à date, inscrit 129 buts et n'en a encaissé que... 5. "Il n'y a pas 12 équipes de très haut niveau mais il y a 4-5 équipes susceptibles de concurrencer de manière positive l'OL", note Jean-Michel Aulas, qui cite notamment le rival local Saint-Etienne, Montpellier, Juvisy et surtout le PSG. "Ils ont beaucoup investi, recruté notre ancien coach (Farid Benstiti), beaucoup de joueuses de l'OL, fait appel à des Américaines, des Suédoises, des Allemandes."

Pour résister à la montée en puissance du PSG mais aussi aux clubs italiens et espagnols, qui commencent à développer leur section féminine (le Barça est champion d'Espagne), l'OL entend miser sur la formation. "Notre prochain objectif est de créer une académie pour l'équipe féminine qui soit au niveau de celle pour les garçons, qui fournit aujourd'hui l'essentiel de l'équipe première", insiste le président lyonnais.  En attendant, les joueuses de Patrice Lair vont tenter jeudi de remporter une troisième Ligue des champions. Ce qui ferait de l'OL le club le plus titré d'Europe avec les Allemandes de Francfort.