Depuis les révélations de Mediapart jeudi dernier sur l’instauration de quotas ethniques au sein de l’équipe de France, la polémique ne cesse d’enfler. Désormais, le foot français est replongé dans une nouvelle crise dix mois après le désastre de la dernière Coupe du monde. Europe1.fr vous propose les clés de cette affaire pour mieux en comprendre la portée.
Que s’est-il passé ? Le 8 novembre dernier, des cadres de la Fédération française de football (FFF) et le sélectionneur des Bleus, Laurent Blanc discutent, lors d’une réunion, des joueurs binationaux. La discussion dérape et des quotas ethniques sont évoqués pour remédier au problème. Maladresse ? Scandale ? Ces informations révélées par Mediapart ont l’effet d’une nouvelle déflagration dans le monde du foot. Laurent Blanc fait rapidement son mea-culpa mais ses excuses ne sont pas suffisantes. Pour calmer la polémique, la ministre des Sports, Chantal Jouanno, décide de suspendre François Blaquart, le Directeur technique national (DTN) de la FFF et d’ouvrir une enquête.
Qui a enregistré la réunion et pourquoi ? Mardi soir, le Parisien a révélé le nom de la "taupe". Durant les auditions de la commission d’enquête de la FFF, Mohamed Belkacemi s’est lui-même dénoncé. Ce conseiller technique national pour le football des quartiers a expliqué mercredi, sur Infosport, pourquoi il avait enregistré la réunion du 8 novembre. "J’ai enregistré la réunion pour témoigner en interne des propos inqualifiables que j’avais entendus auparavant". Et de préciser : "je ne sers personne, je ne combats personne. Je ne fais pas de politique, je ne milite pas".
La FFF était-elle au courant ? Nouvelle information mercredi : si Mohamed Belkacemi a enregistré les débats sur son téléphone portable, ce n’est pas lui qui aurait remis en main propre la bande à Mediapart. En revanche, il aurait alerté la FFF sur l’existence de ces réunions et de ces propos. Selon Mediapart, Mohamed Belkacemi aurait même remis le lendemain de la réunion, le 9 novembre, l’enregistrement à André Prévosto, directeur général adjoint de la FFF. La Fédération était donc bien au courant.
Le président de la FFF est-il discrédité ? Fernand Duchaussoy n’était pas au courant. Il l’a réaffirmé mercredi : "je n'ai à aucun moment été informé par Monsieur Belkacemi, Monsieur Prévosto ou par quiconque des échanges tenus au cours de la réunion du 8 novembre 2010, pas plus que de l'existence d'un enregistrement". Problème : André Prévosto fait partie de ses plus proches collaborateurs. "A l’époque, j’étais président par intérim de la FFF, je ne le voyais plus qu’épisodiquement", se défend-t-il dans les colonnes de l’Equipe, jeudi matin. S’il n’était pas au courant, cet aveu est désastreux en termes d’image. Il reconnaît ainsi qu’il ne maîtrise pas tout dans une institution où il est le président. Sa marge de manœuvre est donc considérablement réduite. Et ce à quelques semaines des élections au sein de la Fédé pour désigner le nouveau patron.
Laurent Blanc est-il fragilisé ? Après les révélations de Mediapart, Laurent Blanc a commis une faute : celle de nier l’existence de cette discussion (du 8 novembre - nldr) avant de faire ses excuses le lendemain. Pour l’instant, le sélectionneur des Bleus se repose en Italie, selon des informations du Parisien. Mais tous les regards sont désormais braqués sur celui qui a remis l’équipe de France sur de bons rails. Il est devenu l’un des enjeux majeurs de cette affaire. Parviendra-t-il à rester à son poste ? Préfèrera-t-il jeter l’éponge lui-même ? Ancien champion du monde et ancien partenaire de Laurent Blanc, Christophe Dugarry s’est dit inquiet, mercredi sur Infosport. "J’ai peur qu’il s'en aille, qu’il en ait marre de se faire agresser de la sorte". Et de conclure : "j’espère qu’il n’est pas trop tard". Le sélectionneur n’a pour l’instant qu’une seule certitude : il devra s’expliquer devant la commission d’enquête vendredi.
Comment les sponsors prennent l'affaire ? La polémique des quotas ne concerne pas directement l’équipe de France mais elle n’épargne pas l’image du sélectionneur et celle de la FFF. "Cette affaire très, très grave va peut-être encore nous coûter une sanction de la part de nos sponsors", concède Christian Teinturier, membre du conseil fédéral, dans les colonnes de l’Equipe. Les règles en la matière sont contractuelles. Les sponsors vont donc suivre avec attention cette affaire et pourraient décider, par la suite, d’infliger des malus (sanctions financières - nldr) à la FFF.
Quelles sont les suites possibles ? Depuis mardi, trois enquêteurs de l’Inspection générale de la jeunesse et des sports (IGJS) et trois autres diligentés par la FFF multiplient les auditions au siège de la Fédération, boulevard Grenelle, à Paris. Deux commissions indépendantes qui rendront leurs conclusions en début de semaine prochaine. Si les faits sont avérés, les sanctions pourraient tomber. Les responsables risquent une mise pied ou un licenciement. Mais l’affaire pourrait être encore plus grave si le dossier était porté devant la justice pénale pour discriminations…