Une équipe de France de foot quart de finaliste de la Coupe du monde, une équipe de basket médaillée mondiale pour la première fois de son histoire, une qualification pour la finale de la Coupe Davis de tennis, une équipe de volley invité inattendu du dernier carré du Mondial : l'été du sport collectif français a été ensoleillé.
Et l'on ne parle pas ici des autres "équipes", celles des sports individuels où les sportifs tricolores ont également brillé : une razzia lors des championnats d'Europe d'athlétisme, une belle moisson lors des "Europe" de natation à Berlin, un renouveau lors des championnats du monde d'escrime, etc. "Je me rappelle le général De Gaulle après les Jeux de Rome en 1960 où il n'y avait eu que Michel Jazy pour sauver le drapeau. "Le général avait dit : 'est-ce qu'il faut que je m'y mette ?' Ça ne marchait dans aucun sport", a rappelé Guy Roux dans Europe 1 Sport. "Cette année, ça a marché dans quasiment tous les sports. Qui attendait le volley-ball en demi-finales par exemple ? Et on n'oublie pas le handball en début d'année, avec le titre de champion d'Europe..."
Un cercle vertueux. Claude Onesta, sélectionneur de l'équipe de France de handball qui a tout gagné - double médaille d'or aux JO, double championne du monde, triple championne d'Europe - pense qu'il "peut y avoir un effet d'entraînement et une spirale de la réussite." "Il y a des sportifs qui peuvent être décomplexés parce que les autres gagnent autour", a insisté le technicien tarnais sur Europe 1. "Ils finissent par se dire : "pourquoi pas nous, après tout ? On est français, on a été formés sensiblement de la même façon, donc nous aussi, on doit y arriver".
Selon Claude Onesta, ce cercle vertueux, souvent initié par des leaders charismatiques (Parker pour le basket, Karabatic pour le hand, Manaudou pour la natation, etc.) existe aussi au sein d'une équipe. "Par exemple, pour l'équipe de France de handball, sur vingt ans, ce n'est jamais la même équipe. Les joueurs ont changé et pour autant, les résultats sont toujours là. Mais il y a une dynamique positive qui fait qu'un jeune joueur qui intègre l'équipe a la volonté de gagner autant que les autres ont déjà gagné."
Nourrie par les réseaux sociaux, où les athlètes français se soutiennent entre eux, la dynamique bleue se transmet de sport en sport, et entre équipes masculine et féminine. Valérie Garnier, entraîneur de l'équipe de France féminine de basket en lice pour le Mondial qui commence le 27 septembre prochain, entend s'appuyer sur l'exemple fourni par les homologues masculins. "Ils ont vraiment fait une campagne formidable avec quelques petites difficultés, mais ils ont finalement inversé la tendance contre l'Espagne. Si ça ne donne pas des idées, c'est au moins un exemple à suivre", insiste-t-elle.
Le fruit de la diversité ? Lors de la dernière Coupe du monde, les Bleus du basket ont battu l'Espagne, chez elle, rappelant de précédents exploits tricolores, comme celui des handballeurs en Croatie en 2009 ou le succès du XV de France face aux All Blacks lors du Mondial 2007. Mais d'où vient de "french flair" ?
"La touche française est liée à la particularité de notre population", estime Claude Onesta. "On a une population multiethnique qui nous offre des équipes avec une palette multiple. En équipe de France de handball, vous associez ainsi des gens qui ont appris le handball en Alsace, à Marseille, à la Réunion, aux Antilles. Les apprentissages ne sont pas les mêmes mais lorsque l'on arrive à créer une harmonie entre ces gens-là, la palette de solutions possibles est plus large que certains pays plus 'traditionalistes'." Les équipes de France de foot, de basket et de volley répondent au même modèle multiethnique exposé par Claude Onesta.
Et pourquoi pas en clubs ? Performante avec ses sélections, la France ne l'est guère en clubs. "La structuration n'est pas la même. Là, on rentre dans des logiques de professionnalisme pur et dans des logiques de construction d'équipe, de budget", souligne coach Onesta. "Quand des clubs français ont un gros budget, ce sont souvent des clubs très jeunes, qui sont en construction. Barcelone, Manchester, le Bayern ne sont pas devenus des grands clubs parce qu'ils sont riches. Ils ont construit cette culture de l'exigence et de la performance. Le PSG est parmi les plus riches mais il va devoir passer par l'apprentissage." La problématique économique entre également en ligne de compte : les contraintes financières qui pèsent sur les clubs et les sportifs ne sont pas les mêmes en France qu'à l'étranger.
Reste à gagner. A domicile ? Sans même rappeler les mauvais résultats du XV de France en 2014, les esprits chagrins diront que, malgré leurs bons résultats - et à l'instar de nos clubs -, les équipes de sports co n'ont pas finalement rien gagné cet été. Ou pas encore pour l'équipe de France de Coupe Davis. Les joueurs d'Arnaud Clément auront la chance de recevoir la finale de la Coupe Davis, des 21 au 23 novembre prochains, au stade Pierre-Mauroy, à Lille. Ce sera là le premier d'une longue série d'événements sportifs qui auront lieu en France. Une période idéale pour connaître un âge d'or...