Riche d'enjeux à tous les étages, ou presque, cette 22e journée du Top 14, marquée par un nouveau record d'affluence (voir Top 14: Nouveau record d'affluence), a tenu toutes ses promesses. Des faillites de Clermont et de Toulon, pour qui les phases finales se dérobent, à un Jonathan Wisniewski, qui éclabousse le Stade de France de toute sa classe, au retour d'enfer de l'Usap dans le cercle des qualifiés. Sans oublier les mots et les maux de Mourad Boudjellal. DANS LE VESTIAIRE DE... : L'ASM Clermont Auvergne En l'absence de ses pensionnaires, le stade Marcel-Michelin pouvait bien ce week-end être le théâtre d'un salon des sports mécaniques, l'ASM Clermont-Auvergne, en déplacement à Agen, a dans le même temps capoté, réduit une fois encore à un revers et un zéro pointé (26-17) loin de son antre. A Clermont, on a toutes les peines à retenir les leçons d'un passé, pas si lointain. Après la défaite à La Rochelle (22-14) en novembre dernier, les Champions de France avaient déjà tiré le signal d'alarme, cinq mois et une dixième défaite en dix matches à l'extérieur plus tard, Vern Cotter et ses hommes peuvent légitimement s'interroger sur leurs capacités à défendre leur Bouclier de Brennus. Rejetés au-delà du Top 6 par une Usap tout feu tout flamme à la défaveur du goal-average particulier (défaite à Aimé-Giral, 21-13 ; victoire à Michelin, 22-16), les Auvergnats n'en finissent plus de perdre pied en déplacement, où leur seul et unique succès de la saison, arraché à Bourgoin (12-25), remonte à la deuxième journée ! Pourtant, à Armandie, l'essai d'entrée de Morgan Parra semblait lancer les Clermontois sur la bonne voie, mais la suite fut, malheureusement pour leurs supporters, proche du néant. "On ne joue pas. On ne fait rien, confirmera Julien Bonnaire, pointant du doigt la nouvelle faillite mentale des siens. Ce n'est pas normal à ce niveau-là. C'est frustrant parce qu'on peut faire beaucoup mieux. On sait le faire à la maison alors qu'à l'extérieur, on n'y arrive pas. On ne prépare pas les matches de la même façon. C'est rageant." A quatre journées de la fin de la saison régulière, l'ASM est en train de se saborder, ni plus ni moins, car son sans-faute à domicile, à confirmer ce samedi face à un BO menaçant, ne lui suffira pas pour composter son billet pour les play-offs. "Ça va être beaucoup plus difficile, il va falloir aller chercher les points soit au Stade Français, soit à Toulouse", espérait encore Parra sur Rugby+ en référence aux deux derniers déplacements de sa formation, qui recevra par ailleurs La Rochelle fin avril. "Si tout le monde a envie, je pense qu'on peut ramener le Bouclier comme on l'a fait l'année dernière. Ça va passer par une grosse remise en question." Une semaine difficile à méditer ce total de dix défaites, qui depuis 2004 et l'instauration du Top 14, n'a autorisé aucune formation à être sacrée championne de France... LE JOUEUR : Jonathan Wisniewski (Racing-Métro 92) 28 points. Qui dit mieux ? Personne cette saison et Jonathan Wisniewski de signer samedi, pour la première au Stade de France du Racing, le plus gros total de points personnel dans cette saison de Top 14 aux dépens du Stade Toulousain, balayé (43-21) par les Ciel et blanc. Six pénalités, 2 drops et 2 transformations pour un huit sur neuf de haute volée, mais aussi un coup de pied à suivre décisif sur l'essai de Julien Saubade: la partition de l'ouvreur francilien a ébloui les 76 353 spectateurs de ce choc au sommet du championnat. L'intéressé, lui, avouait ne pas avoir eu l'occasion de prendre ses repères dans l'enceinte dyonisienne: "Je n'ai pas eu l'occasion de venir avant le match...J'ai buté avant le coup d'envoi, mais je n'étais jamais venu avant. (...) Je travaille beaucoup, j'essaye de faire abstraction de tout et de récompenser surtout le travail de mes partenaires, qui font encore un gros match. Comme je le dis, je cherche à avoir le maximum de simplicité et d'humilité pour jouer surtout pour mes partenaires. (...) J'essaie surtout de ne pas forcer, d'être le plus relâché possible et de prendre le maximum de plaisir dans la frappe." LA PHRASE : "Si on ne participe pas la saison prochaine à la H Cup, j'en porterais en tout premier lieu la responsabilité. Ce sera d'abord mon échec personnel." (De Mourad BOUDJELLAL, président du RC Toulon, dans Var-Matin) Toulon n'a plus le choix. Défait à Castres (18-12), le club varois est condamné à un sans-faute périlleux lors des quatre dernières journées de cette saison régulière s'il veut encore espérer atteindre les phases finales et surtout conserver son statut d'Européen. "Si on ne participe pas la saison prochaine à la H Cup, j'en porterais en tout premier lieu la responsabilité, prévient Mourad Boudjellal. Ce sera d'abord mon échec personnel. Je regarderais alors l'attitude de la ville, des partenaires, des supporters. Si je n'ai plus la confiance des uns et des autres, je ne resterais pas à la tête du club ad vitam aeternam. Le RCT leur appartient. Quand on est président d'un tel club, on passe un pacte de confiance avec la ville. Aujourd'hui, au vu de l'attitude de certains, je doute complètement." LA STATISTIQUE : 29 29. Comme les 29 points pris en 2011 par l'Usap, devenue irrésistible malgré la pression de la course-poursuite à laquelle les Catalans sont contraints en cette seconde partie de saison. Six victoires, dont la dernière bonifiée en date ce week-end, à La Rochelle (16-34), où tant et tant ont trébuché cette saison, un nul et un seul revers: c'est le bilan depuis le début de l'année des hommes de Jacques Brunel, également meilleure formation sur la phase retour (30 points sur 45 possibles) en 8 matches pour un total de points identique, 29 points, à celui récolté en 2010, mais en 14 matches ! De quoi relancer totalement dans la course à la qualification des Sang et or, relégués à 10 points du Top 6 au soir de la 17e journée et d'une défaite à Biarritz (23-21) et revenus aujourd'hui dans le cercle des qualifiés, sixièmes à égalité de points avec Clermont. (source: Jour de rugby).