Ne nous voilons pas la face : tout le monde faisait de la Juventus Turin l'équipe la plus faible (ou plutôt la moins forte) du dernier carré de la Ligue des champions. Ses deux performances face à l'AS Monaco en quarts de finale (1-0, 0-0) ne plaidaient pas pour elle. Mais, mardi soir, pour sa demi-finale aller face au vainqueur sortant, le Real Madrid de Cristiano Ronaldo, la "Vieille Dame" a prouvé qu'elle était bien à sa place. Elle a mis tous les ingrédients qu'il fallait pour s'offrir le droit de rêver à une finale, le 6 juin prochain, à Berlin, en l'emportant 2-1.
Une entame de match tonitruante. A l'image de ce que peut faire le PSG depuis quelques semaines en Ligue 1, la Juve a pris d'entrée les choses en main. Là où l'on aurait pu penser qu'elle allait opter pour un attentisme de bon aloi face à la force de frappe du Real (certes privé de Karim Benzema), la "Vieille Dame" a au contraire déployé un étonnant football offensif, avec un pressing très haut. Cela n'a d'ailleurs pas tardé à se concrétiser par plusieurs situations chaudes. Dès la deuxième minute, Arturo Vidal s'est retrouvé dans la surface de réparation mais a préféré s'écrouler au premier contact. Cinq minutes plus tard, c'est Alvaro Morata qui tentait un lob sur Iker Casillas, vigilant. Ce n'était que partie remise pour l'ancien joueur du Real, formé au club. A la 8e minute, il était à l'affût pour pousser le ballon au fond des filets après une frappe de Carlos Tevez que Casillas n'avait pu que détourner. La Juve menait logiquement 1-0.
Morata ouvre le score pour la Juve :
Un vent de résistance dans la tempête. Mais l'avantage allait être de courte durée. Après une première alerte et un tir trop croisé (27e), Cristiano Ronaldo faisait trembler les filets, de la tête, après un caviar au deuxième poteau de James Rodriguez (1-1, 28e). Pendant quelques minutes, on a alors senti la Juve proche de l'implosion. Mais elle a su faire le dos rond, dans la foulée d'un milieu de terrain au losange qui a particulièrement contrarié le Real. Face à Arturo Vidal et Andrea Pirlo, Sergio Ramos a souffert. Défenseur de métier, à nouveau utilisé au milieu par Carlo Ancelotti en raison de l'absence, notamment, de Luka Modric, l'international espagnol a souvent manqué de discernement dans ses transmissions. Mais la Juve a eu aussi, dans ce dernier quart d'heure de la première période, un coup de pouce du destin avec cette barre transversale qui a repoussé la tentative à bout portant de la tête de James. Si le Real avait basculé à 2-1 à la pause, l'histoire aurait été tout autre...
Un opportunisme (presque) total. Au cours d'une deuxième période moins excitante et davantage hachée, la Juve a eu le mérite de saisir l'une de ses seules opportunités. Sur un contre mené à toute allure - et marqué par une "collision" Morata-Marcelo qui a valu un carton jaune au défenseur du Real -, Tevez a eu l'intelligence de s'engouffrer dans la surface de réparation et d'aller "chercher" Dani Carvajal, qui a payé d'un penalty son geste léger mais réel croc-en-jambes. "L'Apache" s'est fait justice lui-même d'une flèche décochée plein centre, alors que Casillas avait choisi son côté gauche (2-1, 58e).
Tevez transforme le penalty :
Menant 2-1, la Juve s'est alors un peu recroquevillée sur ses bases et a profité à plein de l'expérience de sa défense centrale, Leonardo Bonucci et Giorgio Chiellini, qui ont payé de leur personne pour résister à "CR7" puis à "Chicharito" Hernandez, entré en cours de match. Chiellini, célèbre pour avoir été la victime de la morsure de Luis Suarez en Coupe du monde, y a même laissé une arcade sourcilière. Mais ce sont pourtant les Juventini qui se sont créé encore les meilleures occasions, par l'Espagnol Fernando Llorente, auteur d'une entrée tranchante. L'ancien attaquant de l'Athletic Bilbao a d'abord échappé à Casillas, sans que son centre en retrait ne trouve preneur (87e) puis il a manqué de puissance sur une tête au deuxième poteau (90e+2). L'arbitre siffla la fin du match quelques secondes plus tard.
Des espoirs pour le retour. Evidemment, un avantage de deux buts n'aurait pas été de trop pour la Juve avant de se déplacer mercredi prochain au stade Santiago-Bernabeu. Mais au vu de sa performance de mardi soir, l'équipe de Massimiliano Allegri peut croire en ses chances. Déjà sacrée championne d'Italie, elle jouera un match sans enjeu en Serie A tandis que le Real, en lutte pour le titre face au Barça, n'aura pas le droit à l'erreur contre Valence, dimanche soir. Et si le Real pourra peut-être compter sur Karim Benzema, la Juve, elle, devrait récupérer Paul Pogba pour asseoir un peu plus son emprise au milieu du terrain. La présence des deux internationaux français sur la pelouse, mercredi prochain, pourrait donner un souffle supplémentaire à une demi-finale dont le premier acte a tenu ses promesses.