Le favori. Et s'il n'y en avait pas ? Ce groupe A, moqué par certains observateurs et boudé par les télévisions gratuites, s'annonce en effet comme le plus ouvert de la compétition, avec la Pologne, pays coorganisateur, la Russie, la République tchèque et la Grèce. "Toutes les équipes penseront qu'elles ont une chance de se qualifier pour les quarts de finale", a déclaré le manager de la République tchèque et ancien Lensois, Vladimir Smicer. Malgré tout, la Russie, demi-finaliste de la dernière édition, part avec les faveurs des pronostics devant ses deux anciens pays satellites, la République tchèque et la Pologne. Mais le pays coorganisateur, fort d'une colonne vertébrale très "allemande" et portée par l'attaquant du Borussia Dortmund, Robert Lewandowski (photo), paraît en mesure de décrocher son billet pour les quarts de finale. Premiers éléments de réponse dès vendredi, avec le match d'ouverture Pologne-Grèce (18h00), qui sera suivi de Russie-République tchèque (20h45).
Le choc. Pologne VS Russie. Cette rencontre, programmée le 12 juin prochain, à Varsovie, dépasse le simple cadre du sport. En avril 2010, le président polonais Lech Kaczynski a trouvé la mort dans un accident d'avion à Smolensk, en territoire russe, alors qu'il se rendait à une commémoration du massacre de Katyn (En 1940, plusieurs milliers de membres de l'élite polonaise avaient été massacrés par des responsables de l'URSS.) Plus de deux ans après la mort de Kaczynski, l'enquête sur son accident n'est toujours pas bouclée et les relations entre les deux pays restent très tendues. En s'installant dans un hôtel tout près du mémorial dédié aux victimes de la catastrophe, l'équipe de Russie n'a rien fait pour apaiser un climat électrique.
La star. Avec Didier Drogba, il a été le héros de la victoire de Chelsea en finale de la Ligue des champions en arrêtant le penalty d'Arjen Robben lors de la prolongation et celui d'Ivica Olic lors de la séance de tirs au but. A tout juste 30 ans, le gardien de la République tchèque Petr Cech a montré le bout de son casque lors de cette fin de saison. Une question se pose néanmoins : aura-t-il la même baraka avec le maillot de sa sélection qu'avec celui des Blues ? Ce serait un vrai plus pour son équipe, dont l'attaquant vedette demeure l'ancien Lyonnais Milan Baros, qui termina meilleur buteur de l'Euro 2004, au Portugal.
L'histoire. "Les Français" de l'équipe de Pologne font polémique. Le Bordelais Ludovic Obraniak et le Sochalien Damien Perquis sont nés en France mais ont choisi de défendre les couleurs d'un de leurs grands-parents. "Je ne veux pas de ce genre de joueurs dans l'équipe nationale", a déclaré à l'AFP l'ancien gardien Jan Tomaszewski, devenu député conservateur et nationaliste. "Ils ne se sont pas imposés dans leur équipe nationale d'origine, alors ils jouent pour la Pologne. Comment voulez-vous motiver nos jeunes Polonais s'ils n'ont aucune chance de s'imposer dans notre équipe nationale ?" Dans un polonais au fort accent français, Obraniak s'est voulu rassurant, mardi, en conférence de presse : "cela fait plus de deux ans que je joue dans cette équipe, et aujourd'hui je me sens Polonais, j'aime la Pologne, j'aime les Polonais et également mes coéquipiers." C'est dit.
L'inconnue. Durant l'Euro 2008, les amateurs de football s'étaient énamourés de l'équipe de Russie, qui avait sorti les Pays-Bas après un match homérique (3-1 a.p.). Mais passé l'émoi (et les mois), que reste-t-il de cet amour d'été ? Les deux stars de l'époque, Andreï Archavine (ex-Arsenal) et Roman Pavlyuchenko (ex-Tottenham), ne se sont pas imposés dans le championnat d'Angleterre et la Russie n'a pas réussi à se qualifier pour la Coupe du monde 2010. Deux ans après cet échec, la sélection semble néanmoins un peu plus fringante, avec une série de 14 matches sans défaite et une dernière victoire de prestige, face à l'Italie (3-0), le 1er juin. Avec la Russie, on peut s'attendre à tout. Un peu comme avec la Grèce. Ça tombe bien, elles sont dans le même groupe.