Les trois clubs portugais engagés en quarts de finale de la Ligue Europa ont tous les trois confirmé jeudi soir leur bon résultat de l'aller et décroché leur billet pour les demi-finales de la Ligue Europa. Porto a été le premier à se qualifier après avoir une nouvelle fois atomisé le Spartak Moscou (5-2 après 5-1 à l'aller). Benfica a tremblé mais a fini par se relever à Eindhoven face au PSV (2-2 après avoir gagné 4-1 à l'aller). Enfin, le Sporting Braga, bien que rapidement réduit à dix, a tenu face au Dynamo Kiev (0-0 après le 1-1 de l'aller). Ce résultat d'ensemble, qui fait ressembler la deuxième Coupe d'Europe à la Coupe du Portugal, n'est pas le fruit du hasard. Explications.
Ils ne font pas la fine bouche. Combien de Coupes d'Europe a gagné le football français ? Deux. C'était en 1993 (OM, Ligue des champions) et 1996 (PSG, Coupe des coupes). Le football portugais, lui, en a gagné six (quatre Ligue des champions ou Coupe des clubs champions, une Coupe des coupes et une Coupe de l'UEFA). Et pourtant, ses clubs ne semblent pas rassasiés. Le Benfica Lisbonne, double vainqueur de la C1 dans les années 1960, a été sorti de la Ligue des champions dès la phase de poules. Qu'à cela ne tienne, les Aigles joueront à fond la Ligue Europa. Distancés en championnat, ils en ont fait l'objectif de leur fin de saison. De son côté, le Sporting Braga, actuellement quatrième de la Superliga, a sorti Liverpool en huitièmes de finale, après avoir été humilié par Arsenal en Ligue des champions (0-6). Cette façon de ne pas laisser une miette de points pourrait permettre au Portugal de progresser au coefficient UEFA. Et de passer devant la France.
Ils respectent la compétition. "L'important, c'est le championnat", "La Ligue Europa, c'est du bonus". Autant de sentences rabâchées tout au long de la saison par des entraîneurs français frileux et soucieux d'économiser leurs forces. On se bat toute l'année pour décrocher un strapontin européen mais une fois dans la compétition, on estime que celle-ci ne mérite pas d'être jouée à fond. Alors on fait tourner, on expérimente. Porto, Benfica et le Sporting Braga ont régulièrement aligné leur meilleure équipe le jeudi, ce qui ne fut pas le cas du Paris-SG et surtout pas le cas de Lille. Vainqueur 5-1 à l'aller face au Spartak Moscou, le FC Porto a encore trouvé les ressources de s'imposer 5-2 au match retour, jeudi, à Moscou. Respecter la compétition comme les adversaires, les Portugais savent faire. Pas forcément les Français.
Ils ont des techniciens hors pair. Quand on associe les deux termes "entraîneur" et "portugais", un nom vient forcément à l'esprit, celui de José Mourinho. L'actuel coach du Real Madrid a remporté la Ligue des champions en 2004 avec le FC Porto, avec une très bonne équipe, certes, mais pas avec le meilleur effectif d'Europe. Son ancien adjoint, entre 2003 et 2009, André Villas Boas, marche aujourd'hui dans ses pas. Il permet aux Dragons d'atteindre une demi-finale européenne mais il les a surtout conduits à un titre de champion décroché à cinq journées de la fin, avec un bilan renversant : 24 victoires et 2 nuls ! A l'instar de son ami Mourinho, Villas Boas, âgé de 33 ans seulement, représente également une certaine idée de la classe à la portugaise, ce qui ne gâche rien. Quant au jeune quarantenaire Domingos Paciencia, il a réussi à conduire Braga en Ligue des champions, où, malgré le 0-6 de l'Emirates Stadium, les "Minhotos" ont réussi à remporter trois matches en phases de poules (dont le match retour face à Arsenal) après avoir éliminé le Celtic et Séville en tours préliminaires. Très fort.
Ils savent se renouveler. Lucho Gonzalez, Lisandro Lopez, Angel Di Maria, Ramires, André Luiz,... La liste des joueurs qui ont quitté le Portugal pour venir s'installer en France, en Espagne ou en Angleterre ne cesse de s'allonger au fil des saisons. Incapables de résister financièrement aux offres sonnantes et trébuchantes des cadors de France ou de Navarre, les clubs portugais ont fait contre mauvaise fortune bons choix. Ainsi, chaque année, Porto ou Benfica réussissent à faire émerger pas seulement des bons joueurs mais de grands joueurs, venus souvent d'Amérique du Sud. C'est le cas du Brésilien Hulk ou du Colombien Falcao à Porto. Benfica mise davantage sur les jeunes Argentins, comme Nico Gaitan (23 ans) ou Euduardo Salvio (20 ans). Et le latéral portugais Fabio Coentrao s'impose comme l'un des meilleurs joueurs du monde à son poste. De son côté, Braga fait la part belle aux Brésiliens. Ils sont douze dans l'effectif pro. L'astuce du passeport portugais permet ensuite au club d'aligner une équipe à fort consonnance sud-américaine. Et quand ils ne révèlent pas les talents, les (grands) clubs portugais savent donner une nouvelle chance aux joueurs, avec plus ou moins de succès, comme Javier Saviola ou Cristian Rodriguez, deux joueurs passés par le championnat de France. Tiens, tiens...