Dans une interview accordée au journal l'Equipe, Laurent Blanc est revenu sur ses débuts en équipe de France. Le nouveau sélectionneur est conscient que le chemin de la reconstruction est encore long. Il ne s'est pas gêné non plus pour évoquer les faiblesses de son groupe.
Pessimiste à court terme
Laurent Blanc n'est pas du genre à fanfaronner. Même après quatre succès consécutifs, le "président" reste très lucide : "on n'est pas les meilleurs, c'est tout, c'est la réalité". Le constat est sévère, voire légèrement pessimiste.
"Rester dans les 6 ou 7 premiers (mondiaux), c'est très difficile", poursuit Laurent Blanc. "Pour plonger, en revanche, c'est très facile. Avant que l'on revienne dans ces eaux-là, il faudra du temps".
Quand il évoque le futur proche des Bleus, Laurent Blanc n'est pas encore prêt à miser sur son équipe. "Le problème, c'est que l'exigence avant une grande compétition reste toujours la même : on veut gagner. Mais on ne se pose pas la question : avons-nous les moyens de gagner ? La réponse aujourd'hui, c'est non".
Benzema, son chouchou
Le moins qu'on puisse dire, c'est que Laurent Blanc n'est pas un adepte de la langue de bois. Interrogé sur le sort de Karim Benzema chez les Bleus, il a répondu en toute franchise. "Parlons vrai. La question est : Benzema est-il favorisé ? Je peux concevoir qu'on puisse le penser. Après, il faut analyser", poursuit-il. "On peut affirmer, si on regarde ses stats, qu'il a le niveau international. Il a un gros avantage par rapport aux autres dans son secteur : son talent".
Mais ce statut de "chouchou" ne pourra pas durer très longtemps. Si Karim Benzema a inscrit un triplé contre Auxerre en Ligue des champions, son efficacité au Real Madrid pose problème. "S'il s'avérait que sa situation en termes de temps de jeu n'évoluait pas, ça deviendrait un gros problème".
Nasri en pleine forme, Gourcuff n'a pas le moral
L'ancien coach de Bordeaux a aussi loué le talent de Samir Nasri. "Dans la forme actuelle", le milieu de terrain d'Arsenal est le meilleur joueur français d'après Laurent Blanc.
Si Samir Nasri est en pleine bourre, on ne peut pas vraiment dire la même chose de Yoann Gourcuff. Le milieu de terrain de l'Olympique Lyonnais n'a pas encore réussi à s'imposer dans son nouveau club. Et plus récemment, son ancien coéquipier au Milan AC, Paolo Maldini, a critiqué son comportement en Italie.
"Vous le savez aussi bien que moi. Tout le monde a mal vécu l’Afrique du Sud, mais certains, dont Yoann, ont plus de mal à le surmonter", explique Laurent Blanc. Et de poursuivre : "après, il y a eu son transfert à Lyon… C’est un joueur qui a besoin d’avoir la confiance de tout le monde. Il lui faut les clés du camion".
Laurent Blanc n'a jamais caché qu'il aimait le jeu de l'ancien Bordelais. Il a donc choisi de défendre Gourcuff : "Et Zidane ? Comment il était, Zizou ? Expansif ? Arrêtez… N’expliquez pas les problèmes de Gourcuff par sa personnalité. Être réfléchi, réservé, sur la défensive, ça joue en quoi ?"
Après avoir passé en revue l'ensemble de son effectif, le coach des Bleus a adressé des bons points à son gardien, Hugo Lloris. Là, aucune fioriture, il est très clair sur le sujet : "le secteur de jeu que beaucoup de pays nous envient, c'est le poste de gardien de but".
Les retours des "mutins"
Concernant la cohésion du groupe et l'éventuel retour des "mutins" de Knysna, Franck Ribery et Patrice Evra, le sélectionneur de l'équipe de France a expliqué qu'il ne pouvait pas "se permettre d'avoir deux ou trois brebis galeuses". Et de conclure sèchement : "je ne mettrai pas en danger la vie du groupe par rapport à un, deux ou trois individus".
En guise de conclusion, Laurent Blanc a toutefois précisé qu'il pourrait changer d'idée si les "meneurs" de Knysana "démontrent un bon état d'esprit". "Ce qui m'intéresse, c'est la performance et l'état d'esprit", a-t-il souligné. A bon entendeur…