Meilleur buteur laziale avec six réalisations en dix rencontres de championnat, Miroslav Klose s'est rapidement fondu dans le paysage romain, au point de dissiper le scepticisme qu'entretenait son transfert en Italie. "Miro", rebaptisé "Mito" (le mythe) par les tifosi, entend bien mener la Lazio, co-leader de Serie A, vers un troisième Scudetto, elle qui a démarré un nouveau cycle sous l'égide du buteur allemand. Le but, c'est son obsession, sa seule raison d'exister. Celle qui lui permet, à trente-trois printemps bien tassés, de prolonger une carrière entamée chez les amateurs de Homburg en 1998. Celle qui pourrait également conférer à ce père de famille taciturne et équipier modèle un signe de reconnaissance XXL quand son nom sera associé à celui de meilleur buteur en phase finale de Coupe du monde. Mais avant de s'attaquer au record du phénomène Ronaldo et ses quinze réalisations (il n'a qu'une unité de retard) au Brésil en 2014, Miroslav Klose court après l'exploit de son compatriote Oliver Bierhoff, meilleur buteur allemand sur une saison de Serie A avec l'Udinese en 1997-98. Le nouvel attaquant de la Lazio, héritier de la grande dynastie des bombardiers germaniques, pourrait ne pas attendre son trente-quatrième anniversaire pour dépasser son aîné, qui le conseille désormais en sélection. Le temps presse et "Air Klose" n'a jamais un dixième de seconde à perdre au moment de réaliser le geste parfait pour finir l'action de ses équipiers. Une passe, un crochet et il a marqué, comme le chantait si bien Jean-Claude Corbel*. Il n'aura fallu en effet qu'un quart d'exercice pour que ce fils d'immigrés polonais mette les tifosi biancocelesti à sa botte. Arrivé gratis à l'intersaison dans l'ombre des tatouages de la rock-star Djibril Cissé, le discret "Miro" a préféré jouer dans son registre préféré: celui du chauffeur de salle avec un quintuplé en quarante minutes contre une équipe locale en amical. Bientôt associé à Podolski ? Il en faut néanmoins plus pour impressionner les spécialistes du football transalpin, qui s'interrogent sur l'état de forme de ce vieux renard des surfaces, sevré de gibier depuis deux saisons avec le Bayern (quatre buts en Bundesliga). Les réponses ne vont pas tarder à arriver, son nouveau sobriquet de "Mito" (le mythe) aussi, avec des buts à gogo (huit en quinze rencontres officielles), des caviars pour Cissé and co, et surtout des gestes décisifs. Alors que son compère français rêve d'imbiber d'encre l'aigle laziale sur le morceau de peau vierge qui lui reste, pour se faire adopter, l'Allemand marque au fer rouge l'histoire du club du Latium en donnant la victoire à la Lazio dans le 170e derby romain. Deux ans et demi que Claudio Lotito et les siens attendaient ça. Une Klose de confiance pour la suite. Le nouvel empereur romain n'hésite même plus à sacrifier ses convocations avec la Mannshaft pour ménager son corps endolori par les années et se consacrer aux volontés de sa monarchie. Un comble pour celui qui s'est révélé sous le maillot de la sélection allemande et en est encore le deuxième artificier historique derrière un certain Gerd Muller (63 buts contre 68). "C'est le meilleur joueur que je n'ai jamais entraîné, non seulement pour sa technique, mais aussi pour son humilité et sa faim de victoires. C'est un footballeur extraordinaire", confie un Reja dithyrambique après un succès face à Parme (1-0). Il faut dire que l'entraîneur laziale doit une fière chandelle au Panzer, qui fut le premier à monter au créneau pour le défendre face aux menaces des ultras. En échange, Klose a obtenu quartier libre sur le terrain et pourrait même voir son ami et complice Lukas Podolski (Cologne) débarquer en janvier. Rome renoue avec l'époque des lupanars** et cette fois-ci, les plus catholiques ne s'en plaindront pas. * auteur du générique d'Olive et Tom. ** synonyme de maison close du temps de la Rome antique.