Le défenseur du Barça, Gerard Piqué, à genoux sur la pelouse du Camp Nou. Les deux grands quotidiens sportifs madrilènes, Marca et As, ont choisi le même homme, presque dans la même position, pour incarner le désarroi du Barça.
Le club catalan, éliminé de la Ligue des champions mercredi par l'Atlético de Madrid (2-1, 0-2), a enregistré dimanche face à Valence sa troisième défaite de rang en Liga, ce qui a permis à l'Atlético, toujours lui, mais aussi au Real Madrid, de revenir totalement dans la course au titre. A cinq journées de la fin du championnat, les trois clubs se tiennent en... un point (76 unités pour le Barça, 76 pour l'Atlético, 75 pour le Real).
"Chassés !" insiste le quotidien As, tandis que son concurrent Marca s'amuse d'un "A pic !" pour traduire la courbe de performances du Barça. La chute est effectivement vertigineuse. Sur les quatre dernières rencontres de Liga, le Barça n'a pris qu'un seul point, à Villareal, le 20 mars (2-2). Il a ensuite perdu le Clasico face au Real (2-1), sur le terrain de la Real Sociedad (1-0), et enfin face à Valence (2-1). L'avance des Catalans a logiquement fini par fondre : au soir de la 30ème journée, le 20 mars, ils comptaient pourtant encore 9 points d'avance sur l'Atlético et 10 sur le Real…
El Barça, a pique. Así está siendo la caída https://t.co/iO0uhQ1nTGpic.twitter.com/Z0r6fjdUB1
— MARCA (@marca) April 18, 2016
Le manque de réussite de la "MSN". Comment expliquer un tel dévissage ? Il y a l'explication psychologique tout d'abord : le revers face au Real Madrid semble avoir coûté bien plus que trois points. Il y a l'hypothèse physique ensuite : l'Argentin Lionel Messi et le Brésilien Neymar, qui ont disputé la Copa America l'été dernier, paraissent épuisés, et parfois même à bout de nerfs. imanche soir, Neymar a ainsi jeté une bouteille sur un joueur valancien. Il y a enfin, et peut-être surtout, la raison technique. Louée pour son altruisme depuis le début de la saison, la fameuse ligne d'attaque "MSN" (Messi-Suarez-Neymar) paraît se déliter au fil des matches, à l'image d'une équipe maladroite, quand elle n'est pas totalement impuissante, comme ce fut le cas mercredi dernier sur le terrain de l'Atlético.
Notre consultant Raymond Domenech a son explication :
La mauvaise série continue pour le Barça .Leur collectif depuis quelques matches n'existe plus. Chacun joue sa partition,au ralenti en plus
— Raymond Domenech (@RaymondDomenech) April 17, 2016
"Notre crédit est épuisé." Dimanche, malgré cette incroyable spirale négative - Qui l'eût cru, vraiment, quand le monde entier s'extasiait sur le jeu proposé par le Barça il y a encore quelques semaines ? - Luis Enrique a souhaité tenir un discours volontariste. "Il reste cinq matches et si nous les gagnons nous serons champions", a d'abord rappelé le technicien catalan. "Nous dépendons encore de nous-mêmes, ça oui, mais notre crédit est épuisé et nous avons conscience du défi qui nous attend. Nous allons l'affronter comme doit le faire un joueur du Barça, la tête haute."
Contrairement au championnat de France, où c'est la différence de buts qui est prise en compte pour départager les équipes à égalité de points, en Espagne, ce sont les confrontations directes qui sont prises en compte, la différence dite "particulière". Et, à ce niveau, le Barça possède à la fois l'avantage sur l'Atlético (deux victoires 2-1) et sur le Real (défaite 2-1 à Barcelone mais victoire 4-0 à Madrid).
A priori, le calendrier paraît très favorable au Barça : les "Blaugrana", qui sont également qualifiés pour la finale de la Coupe du Roi le 21 mai prochain, face à Séville, n'affronteront pas un seul club classé mieux que… 13ème lors des cinq dernières journées (les 13ème, 14ème, 15ème, 17ème et 18ème). Mercredi, il sera en déplacement à La Corogne, ce qui constitue sans doute son test le plus sérieux. Dans le même temps, l'Atlético se déplacera sur le terrain de l'Athletic Bilbao tandis que le Real recevra Villareal, 4ème du classement. Autant dire que la soirée de mercredi s'annonce brûlante.