Le Bayern a bien vécu une soirée historique, mardi soir, face au Real Madrid, en demi-finales retour de la Ligue des champions. Mais pas dans le sens attendu. Le champion d'Europe en titre a en effet vécu une défaite inédite dans son histoire européenne (4-0) : jamais il n'avait perdu par quatre buts d'écart sur la scène continentale à domicile. Cette déroute, c'est aussi celle de "Pep" Guardiola, comme le souligne le quotidien Bild à sa Une ("Le Real humilie Guardiola").
Sorti de son année sabbatique pour apporter une saveur supplémentaire au Bayern, qui avait réalisé le triplé Championnat-Coupe-Ligue des champions la saison passée sous les ordres de Jupp Heynckes, le technicien catalan n'avait jamais connu un revers d'aussi grande envergure durant sa carrière entraîneur, entamée en 2008. Devant les micros, il n'a pas fui ses responsabilités : "on ne s'est créé que peu d'occasions. On a mal joué et c'est ma responsabilité. On est au plus haut niveau européen et les erreurs se payent. Ça restera toujours dans un coin (de nos têtes) mais je vais essayer de relancer mes joueurs", a-t-il insisté en conférence de presse.
Le "jeu à la catalane" remis en question. Comment peut-on expliquer une telle déroute ? Comme lors du match aller, le Bayern a eu la possession du ballon (près de 70% !) mais n'a réussi à se montrer dangereux qu'à de très rares reprises. Le jeu à une touche et à multiples passes importé du Barça et qui a fait la renommée de Guardiola s'est heurté à l'efficacité défensive du Real et à son réalisme en contre-attaque. La défaite de mardi soir - et plus largement cette double confrontation face au géant espagnol - ne devrait pas calmer le vent de critiques qui s'est élevé contre Guardiola ces dernières semaines.
Le "Kaiser" Franz Beckenbauer lui-même avait regretté que le Bayern délaisse le jeu direct pour un jeu placé fondé sur la maîtrise du ballon. "Au final, nous serons comme Barcelone", avait maugréé l'ancienne star bavaroise. "Personne ne voudra nous regarder. Les joueurs se passent le ballon jusqu’à la ligne de but." Ironie de l'histoire, le Barça avait été corrigé l'an dernier en demi-finales de la Ligue des champions par ce même Bayern Munich (7-0 sur l'ensemble des deux matches)...
Pourtant, ce "jeu à la catalane" avait plutôt bien fonctionné jusque-là. Exception faite du revers face au Borussia Dortmund, lors du premier match de la saison, en Supercoupe d'Allemagne (4-2), le Bayern n'avait pas concédé la moindre défaite lors d'un match décisif avant sa demi-finale aller à Madrid. Ce Bayern-là, à la mode Guardiola, est même devenu en mars dernier le champion le plus précoce de l'histoire de la Bundesliga.
Mais depuis ce match remporté à Berlin synonyme de 24e titre national, rien ne va plus ou presque. Le Bayern a connu la défaite à quatre reprises (en 10 matches), dont deux fois de suite en championnat, avec quatre rencontres sans marquer le moindre but, ce qui ne lui était jamais arrivé la saison précédente ! Le manque de concurrence sur la scène domestique et la décompression post-titre de champion sont autant d'explications plausibles à cette étonnante mauvaise passe.
Des joueurs tendus. Les joueurs du Bayern, eux, ne sont pas allés chercher aussi loin les explications à la "débâcle", comme l'a qualifiée Karl-Heinz Rummenigge. "On voulait tellement bien faire mais on a manqué d'attention dans deux situations classiques", a insisté le capitaine des Bavarois, Philippe Lahm, en référence au deux coups de pied arrêtés qui ont ruiné leurs espoirs en quatre minutes seulement, en première mi-temps. "On a laissé beaucoup trop d'espace dans notre jeu. C'est une énorme déception. Mais il ne faut pas tout assombrir ce qui a été réalisé durant les deux dernières années". Au-delà des fautes, les Munichois ont paru irrité et particulièrement tendu, mardi, face à une équipe du Real rodée aux grands rendez-vous.
Franck Ribéry, inefficace et irascible, s'est essentiellement distingué par une gifle au défenseur madrilène Daniel Carvajal. "Oui, j'ai donné une baffe mais je ne regrette pas mon geste, il m'a aussi donné une claque", a insisté Ribéry. "Quand on gagne, on est content ensemble, quand on perd, il faut aussi rester ensemble. Il y a encore une finale de Coupe (d'Allemagne)." Effectivement, le Bayern doit encore affronter le Borussia Dortmund, le 17 mai prochain, avec la perspective de réaliser un joli doublé Coupe-championnat. Mais, quoi qu'il arrive, ça ne fera pas oublier l'humiliation subie mardi soir.
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