La 97e édition de la Grande Boucle promet du spectacle entre les Pavés du Nord et les Pyrénées. Trois ans après le triomphe de Londres, le Tour de France s'offre un nouveau grand départ hors de ses frontières*. Samedi, c'est de Rotterdam, lors d'un prologue de près de neuf kilomètres, que seront donnés les premiers coups de pédale d'un peloton parti pour avaler 3 642 kilomètres en trois semaines. Pays où le vélo est roi, les Pays-Bas auront réussi la prouesse en l'espace de dix mois de donner le coup d'envoi des trois grands Tours. Le circuit de moto d'Assen avait déjà lancé la Vuelta l'an dernier, Amsterdam abrité le départ du Giro en mai, et Rotterdam, ville hôte de la plus grande course du monde, boucle la boucle. "Il y a une vraie logique de ferveur, d'amour, de passion pour le cyclisme", explique Christian Prudhomme, patron du Tour depuis 2005, au sujet du pays d'accueil. Ce 97e Tour de France n'a pas comme seule spécificité de partir de l'étranger, avant de rentrer dans l'Hexagone par la Belgique lors de la troisième étape. Il fête en ce mois de juillet le centième anniversaire de mariage entre l'épreuve et les Pyrénées. C'est dans ce massif que la grande bagarre entre les postulants au maillot jaune fera rage dans la troisième semaine, bien plus que dans les Alpes, réduites à la portion congrue cette année. Le col du Tourmalet, emprunté dans la 16e étape et juge de paix de la 17e, sera en habit de lumière et pourrait bien décider, au soir du 22 juillet, du futur vainqueur. Mais avant leurs envolées sur les cimes, les prétendants à la victoire auront dû déjouer tous les pièges, à commencer par ceux des pavés du nord de la France dès la troisième étape. "Ce sera un vrai carnage", a prévenu Lance Armstrong après avoir reconnu avec ses boys de RadioShack les secteurs du final vers Arenberg, plus habituée à faire parler d'elle en avril lors de Paris-Roubaix. Sur ces routes d'un autre temps, les meilleurs peuvent tout perdre en une fraction de seconde. A commencer par Alberto Contador, vainqueur sortant qui se serait bien passé de cette originalité de la part des organisateurs. Si fort en montagne, l'Espagnol semble pouvoir perdre la course que sur un coup de Trafalgar. Dernier Tour pour Armstrong Ses adversaires, en nombre eu égard à un plateau dantesque où manquent seulement Valverde et Nibali, ne seront pas forcément mieux lotis lors des premiers jours. Mais les frères Schleck, dont Andy fait office de challenger n°1 de Contador, pourront compter sur les pavés sur deux coéquipiers de luxe, Fabian Cancellara et Stuart O'Grady, deux vainqueurs de Paris-Roubaix. Autre candidat au maillot jaune, Ivan Basso, de retour sur le Tour cinq ans après et gonflé à bloc après son sacre sur le Tour d'Italie. Cadel Evans, Bradley Wiggins, Levi Leipheimer, Alexandre Vinokourov, Andreas Klöden, Christian Vandevelde, Robert Gesink et quelques autres rêvent de se mêler à la lutte. Lance Armstrong aussi. Pour sa treizième et dernière participation, l'Américain ambitionne un huitième sacre que ses trente-huit printemps semblent lui interdire. "J'aimerais en sortir vainqueur. Mais ce ne sera pas facile vu la qualité du plateau", a-t-il expliqué jeudi soir dans la foulée de la présentation des équipes. Mais le recordman de victoires sur l'épreuve, intouchable entre 1999 et 2005 avant une retraite de trois ans dont il est sorti il y a dix-huit mois, demeure un champion à part, capable de finir troisième l'an dernier malgré sa longue parenthèse. Au-delà de son dernier grand objectif, le Texan aimerait pouvoir prendre le temps de profiter de sa dernière Grande Boucle. "Je pense que je regarderai les choses différemment cette fois, mais je ne sais pas vraiment. Pour moi, là, c'est la fin, ça ressemble à ma retraite professionnelle, même si je fais quelques courses l'an prochain", confiait celui qui songe raccrocher définitivement l'an prochain à domicile, sur le Tour de Californie. * En 2009, le grand départ avait été donné de la Principauté de Monaco dont le territoire est fondu dans celui de l'Hexagone.