Vendredi dernier, les South Winners ont fait irruption dans la campagne municipale. A l’occasion de la réception de Nice, le plus important groupe de supporters marseillais a déployé une banderole dans le virage Sud. Leur revendication est politique et claire : "Patrick Mennucci, vends ta maison et pas le stade !" Un tifo pour répliquer à la proposition choc du candidat socialiste : vendre le stade Vélodrome au propriétaire du club. A l’UMP, le maire sortant Jean-Claude Gaudin crie immédiatement au scandale. Depuis, l’avenir du Vel’ est devenu un véritable enjeu de campagne.
A l’heure actuelle, le stade appartient à la ville de Marseille qui a opté pour un contrat de partenariat public-privé pour financer les travaux de rénovation. Débuté en juin 2011, le ravalement de façade du Vel’ prévu pour l’Euro 2016 devrait permettre d’augmenter la capacité du stade de 60.000 à 67.000 places et de couvrir les tribunes. Un chantier colossal qui devrait coûter 268 millions d’euros et qui a été confié à l’entreprise Arema, filiale du groupe Bouygues.
La vente, une "mennoucherie de plus"
Au PS, on ne veut plus entendre parler de ce partenariat public-privé. "Ça coûte trop cher. La municipalité va payer 12,5 millions d’euros par an pendant 31 ans pour rembourser la rénovation du stade", nous confie-t-on dans l’entourage de Patrick Mennucci. "C’est autant d’argent qui n’est pas utilisé pour rénover les infrastructures sportives de la ville". Le candidat socialiste est également persuadé que la vente va aussi "dans l’intérêt de l’Olympique de Marseille". Alléger les dépenses de la municipalité d’un côté et redynamiser le projet sportif du club en dénichant un nouvel investisseur, voilà le projet "gagnant-gagnant" qu’avance Patrick Mennucci.
Pour donner plus de poids à son argument, le PS a commandé un sondage à l’Ifop sur cette question au mois de janvier. Le résultat est sans appel, 71% des Marseillais seraient favorables à la vente.
A l’UMP, on s’étrangle. "C’est une nouvelle tartufferie, une mennoucherie de plus à l’image du personnage", s’emporte Yves Moraine, porte-parole du candidat Gaudin et maire des 6e et 8e arrondissements de Marseille, celui même où est implanté le Vel’. La droite dénonce une folie économique et une hérésie symbolique. "On ne vend pas les bijoux de famille". La formule signée du maire Jean-Claude Gaudin place le Vélodrome au même plan que Notre-Dame de la Garde ou le Vieux Port et affiche clairement les intentions de la droite : "pas touche au Vélodrome".
L’OM paie un loyer très faible à la municipalité
D’un point de vue purement économique, Vincent Chaudel, expert sport au cabinet Kurt Salmon, y voit une "fausse bonne idée". Et d’expliquer : "on ne peut pas faire fi de la notion de ‘service public’ d’un club de foot comme l’OM à Marseille. Et puis il faut aussi faire attention aux intentions d’un potentiel promoteur immobilier qui achèterait le stade. Il pourrait le louer très cher au club et mettre à mal ses finances".
A l’heure actuelle, l’Olympique de Marseille verse un loyer de 54.000 euros par an, soit 0.03% du chiffre d’affaires du club. "Des cacahuètes" pour le PS. Même la chambre régionale des comptes (CRC) a épinglé cette mauvaise gestion dans un rapport publié en octobre 2013. "La convention de 2011 en vigueur jusqu'au 30 juin 2014, date de la livraison du stade, ne prévoit plus qu'une redevance forfaitaire de 50 000 euros par an". Trop peu pour la CRC et pour Jean-Marc Coppola, le candidat du Front de gauche à la mairie de Marseille. Lui, une fois n’est pas coutume, penche pour le maire sortant Jean-Claude Gaudin. Il ne souhaite pas vendre le stade mais dénonce en revanche les "coûts faramineux des travaux". "Il faut augmenter le loyer", propose-t-il, autour de 9 millions d’euros annuels.
Du côté des abonnés de l’OM, aucune consigne de vote n’a été donnée. Mais ils représentent tout de même une part non négligeable de la population marseillaise. Un électorat qui pourrait peut-être faire basculer l’issue du scrutin.
PROTESTATION - Une banderole anti-Mennucci au Vélodrome