La saison 2014 de Major League Baseball (MLB) a repris ce week-end avec un match entre les Los Angeles Dodgers et les Arizona Diamondbacks. Cette première rencontre de la saison a eu lieu à... Sydney, en Australie. Sur le modèle de ce que font déjà la NBA (basket) et la NFL (football américain), les dirigeants de la MLB entendent exporter une compétition suivie dans les places fortes de ce sport (Amérique centrale et Asie orientale), mais qui peine à séduire ailleurs dans le monde. Pour beaucoup, le baseball reste une affaire 100% Yankees. Même s'il a été détrôné de son statut de sport le plus populaire par le football américain, le baseball reste une institution aux Etats-Unis.
Un feuilleton annuel. A la différence du foot US (septembre à janvier) ou encore de la NBA (octobre à juin), la saison de baseball se dispute sur une année civile et de longs mois. Le jour d'ouverture de la saison ("opening day") a lieu fin mars et les finales du championnat, les "World Series" (oui, aux Etats-Unis, quand on est champion, c'est du monde), fin octobre. Mais plus que l'étalement de la saison, c'est la profusion des matches par équipe qui étonnent : 162 ! Et on ne parle là bien évidemment que de la saison régulière... De fait, la saison de baseball se suit aux Etats-Unis comme un feuilleton. Mais, attention, un feuilleton plutôt type "Les Feux de l'amour" que "Homeland". Vous pouvez facilement raccrocher en cours de route. Et pendant, vous pouvez sans problème casser la croûte. C'est long - neuf manches minimum, on continue tant que les équipes sont à égalité, ce qui fait que certains matches peuvent facilement atteindre les quatre heures - et, de prime abord, il ne se passe pas grand-chose. Mais, quand on entre dans le détail, c'est heureusement beaucoup plus intéressant.
"Take me out to the ball game", l'hymne du baseball :
Une mine de statistiques. Si les Américains peinent à se passionner pour le football tel qu'on le connaît, c'est peut-être parce qu'il ne remplit pas deux critères du sport-type outre-Atlantique : il ne propose pas de réel temps mort (pour la pub, c'est bien) et se prête guère aux statistiques. Le baseball, comme le football américain d'ailleurs, c'est tout le contraire : les temps de jeu sont brefs et le jeu en lui-même est source de nombreuses données chiffrées (Il faut voir l'épaisseur des guides produits chaque année). La plupart sont des moyennes assignées aux joueurs, en fonction de la qualité des lancers ou de la réussite au bâton (Pour un aperçu des règles principales, on a dit principales, voir ici).
Au tournant du siècle dernier, c'est la course aux "home runs" (vous savez, quand un joueur aux bras musculeux envoie valser la balle dans les tribunes) qui a passionné les gens. Mark McGuire ou Barry Bonds (photo) ont affolé les compteurs en dépassant les 60 "HR" par saison. Ces noms vous disent peut-être quelque chose : ils ont ensuite été cités dans de retentissantes affaires de dopage aux stéroïdes.
Comme le Tour de France. Malgré ces affaires de dopage, le baseball et la MLB en particulier n'ont guère perdu en popularité. Un peu comme le Tour de France. Comme le grand rendez-vous cycliste de juillet, le baseball est d'abord considéré comme un loisir. L'attachement à une équipe existe, mais l'importance accordée aux résultats est moindre qu'en Europe (et pour cause, les matches sont tellement nombreux...). On va en famille assister à un spectacle (oui, oui) et ce d'autant plus que le baseball est le seul sport à être pratiqué l'été. On va au stade en tee-shirt, lunettes de soleil sur le nez et hot-dog à portée de bouche. L'ambiance, généralement feutrée (ici le Dodger Stadium, à Los Angeles, un soir d'août), ne devient électrique qu'en play-offs ou lors des affrontements entre grands rivaux, New York Yankees et Boston Red Sox par exemple.
Au cœur de la culture. Rapidement déclaré "national pastime" ("passe-temps national"), le baseball, dont la première ligue majeure a été créée en... 1871, a accompagné l'histoire des Etats-Unis. Si Babe Ruth a été la première star de ce sport, au début du XXe siècle, Jackie Robinson, premier Noir à évoluer dans la Major League lui a donné un retentissement inédit, en ouvrant la voie aux joueurs de couleur, jusqu'alors cantonnés aux seules "Negro Leagues". Aujourd'hui, son n°42 a été retiré de toutes les franchises et un jour spécial, le 15 avril, date des ses débuts, lui est dédié, signe du respect dévolu aux pionniers. L'histoire et la tradition participent d'ailleurs de la popularité du baseball, dont les figures, individuelles (Joe Di Maggio par exemple) ou collectives, irriguent très largement la culture populaire outre-Atlantique. Dernier grand film en date sur le sujet, Le Stratège (adaptation du livre Moneyball), avec Brad Pitt, fait la synthèse des différentes valeurs qui font le succès du baseball : inventivité, adaptabilité et camaraderie, des valeurs universelles...
Le Stratège met en scène Brad Pitt :
A LA DÉCOUVERTE DE - Baseball, la balle et la batte