Après avoir demandé à la Fédération française de football la création d'un observatoire indépendant sur les questions de racisme et de communautarisme, Chantal Jouanno a installé ce lundi un comité permanent de lutte contre les discriminations. La présidence a été confiée à Laura Flessel, double championne olympique d'escrime. Bien qu'officiellement bouclée, l'affaire des quotas ethniques, mettant notamment en cause la Fédération française de football et Laurent Blanc, le sélectionneur des Bleus, a fortement terni le paysage footballistique hexagonal, à peine remis de la crise vécue à Knysna l'été dernier lors de la Coupe du monde. Si les différentes enquêtes, menées d'une part par la commission interne de la FFF et d'autre part par le ministère des Sports, ont conclu à l'absence effective d'une politique discriminatoire, l'évocation de certaines idées et les propos de quelques cadres du ballon rond tricolore ont "conforté" Chantal Jouanno dans son désir de créer un comité permanent de lutte contre les discriminations. "J'avais annoncé la création de ce comité dès janvier dernier. Elle arrive vraiment à un moment particulier compte-tenu des évènements récents. Ce qui s'est passé n'a fait que prouver la nécessité de mettre en place un tel comité et me conforte dans ma volonté de mettre la question des valeurs du sport au coeur de ma politique, a précisé la ministre des Sports, ancienne championne de karaté. Il y a eu des paroles déplacées qui laissent un sentiment de malaise, puisque cela va à l'encontre des valeurs éducatives et d'intégration que porte le sport." Flessel: "Des actions concrètes" Souhaitant combattre "toutes les sortes de discriminations", qu'il s'agisse de racisme, d'antisémitisme, de sexisme ou encore d'homophobie, l'ancienne secrétaire d'Etat à l'écologie a lancé son projet ce lundi. En présence de Laura Flessel, présidente du comité, plusieurs fédérations (cyclisme, cyclotourisme, judo, natation, basket, rugby, ndrl) ont signé la charte de lutte contre l'homophobie, qui sera étendue d'ici à 2012 à l'ensemble des discriminations. Chantal Jouanno a par ailleurs tenu à préciser que, selon elle, "les discriminations ne sont pas le fruit du sport, mais le reflet de la société, de ses peurs et de ses dérives." Double championne olympique d'escrime, Laura Flessel a pour sa part souligné "le potentiel" du comité, qui mènera des "actions concrètes. On va avoir besoin de diagnostiquer le problème sur le terrain", en faisant appel aux différents associations partenaires, comme SOS Racisme, Ni putes ni soumises ou Femix, mais aussi aux représentants des ministères de la Justice et de l'Intérieur. Expliquant avoir accepté la mission en raison "des discriminations subies au début de sa carrière", la "Guêpe" a poursuivi: "On a tendance à banaliser les propos et les gestes discriminatoires. Il faut éduquer et quand il le faut sanctionner." Plusieurs fédérations sportives devraient se joindre au comité, divisé en deux groupes de travail, dans les prochains mois, Chantal Jouanno ayant rappelé que la signature de la charte était "désormais une contrepartie" aux aides financières accordées par l'Etat dans le cadre des conventions d'objectifs.