Par deux fois, en 2008, Saamiya Yusuf Omar avait déclenché les acclamations par le public du stade olympique de Pékin. D’abord quand, du haut de ses 17 ans, la jeune athlète somalienne était entrée dans l’enceinte en portant le drapeau de sa minuscule délégation, réduite à deux participants. Ensuite lors des séries du 200 mètres, qu’elle avait terminé loin, très loin des favorites. Mais son envie, couplée au sacro-saint esprit olympique, avait emporté l’adhésion des spectateurs.
Quatre ans plus tard, à Londres, Saamiya Yusuf Omar n’était pas de la fête olympique. Et pour cause. La jeune femme a trouvé la mort en avril, en tenant de rejoindre l’Europe dans une embarcation de fortune.
"Elle est morte pour rejoindre l'Occident"
C’est l’athlète somalien Abdil Bile, champion du monde du 1.500 mètres en 1987, qui l’a annoncé aux membres du Comité olympique de son pays, révèle lemonde.fr jeudi. "Savez-vous ce qu'est devenue Saamiya Yusuf Omar ?", a-t-il questionné, visiblement ému. Puis, face au silence : "elle est morte pour rejoindre l'Occident. Elle était montée à bord d'une "charrette de la mer" qui, de Libye, devait la conduire en Italie. Mais elle n'y est jamais arrivée."
L’émotion d’Abdil Bile (à partir de 4’) :
Pour voir Pékin, en 2008, Saamia Yusuf Omar avait réussi, pour ce qui reste peut-être la plus belle de ses victoires, à convaincre les autorités fondamentalistes de son pays. Et qu’importe qu’elle n’ait fait que de la figuration lors de son seul 200 mètres, couru dans le temps anecdotique de 32’’16. "Cela a été très beau de défiler avec les meilleurs athlètes du monde", retenait-elle de son expérience olympique.
A 21 ans, la jeune athlète avait probablement espéré de participer aux Jeux de Londres. Selon lemonde.fr, des photos et des vidéos témoignent de son entraînement dans la poussiéreuse capitale Mogadiscio. Et c’est probablement avec la capitale anglaise en tête qu’elle est montée dans ce bateau, un jour d’avril 2012. Son destin a finalement pris fin quelque part en mer Méditerranée, entre la Libye et l’Italie. Comme beaucoup avant elle.