Lundi prochain, Laure Manaudou sera au départ des séries du 100 m dos des championnats de France à Dunkerque, qualificatifs pour les Jeux de Londres. La championne olympique d'Athènes entamera alors son incroyable défi : retrouver les JO, quatre ans après la désillusion de Pékin et trois ans après avoir annoncé sa retraite sportive. Ce retour, la plus grande nageuse française de tous les temps l'a préparé outre-Atlantique. Pas dans une grande mégalopole, mais à Auburn, petite ville de l'Alabama, où elle s'est installée en 2009.
"C'est le meilleur endroit où elle pouvait s'entraîner", expliquait son coach, Brett Hawke, la semaine dernière, dans Le Parisien. "Elle peut avoir des bons et des mauvais jours et c'est plus sain pour elle. Sans oublier l'énergie de la gagne qu'il y a ici et un cadre dédié à la performance." Ca cadre, c'est l'université d'Auburn. Ses étudiants, ses compétitions inter-universitaires et son relatif anonymat.
"Une personne normale"
"Le fait de venir ici et que les gens me voient comme une personne normale, qui fait comme tout le monde, pour moi, c'est une nouvelle vie", confie Manaudou. "Je pense que c'est ce qui me permet d'être épanouie et de bien m'entraîner." Depuis son retour dans les bassins, la native de Villeurbanne s'entraîne sous la houlette de Brett Hawke, le coach américain de son compagnon, Frédérick Bousquet. Lequel Brett Hawke ne souhaite pas mettre la pression sur cette élève si particulière. "Nous, on ne pense pas à l'or tout le temps, on pense à son bonheur", a-t-il encore déclaré au Parisien. "Les Jeux, c'est leur travail, et avec le compte à rebours (installé au-dessus du bassin à Auburn ndlr), je veux que tous les jours, ils voient qu'il reste un jour de moins pour être meilleur."
En 2004, à Athènes, Manaudou avait été la meilleure sur 400 m. Mais la Française a laissé de côté sa distance de prédilection pour se consacrer au dos. A Dunkerque, elle participera à quatre épreuves, le 200 m nage libre et les 50, 100 et 200 m dos.
Le choix du dos
Au cours de sa première carrière, Manaudou a déjà conquis plusieurs médailles sur le dos, dont le bronze olympique à Athènes et l'argent mondial à Melbourne, en 2007. "Par rapport à son crawl, où elle commet encore beaucoup d'erreurs, elle a des vraies qualités naturelles pour le dos. Techniquement, sa nage est beaucoup mieux maîtrisée", notait l'un de ses anciens entraîneurs, Lionel Horter, le mois dernier, dans L'Equipe. Sur les quatre épreuves qu'elle va disputer à Dunkerque, le 100 m dos est la seule sur laquelle Manaudou a déjà réalisé cette saison les minima A, ou temps de qualification olympique (TQO). Pour se qualifier pour Londres, Manaudou devra réitérer cette performance au cours de championnats qui ressemblent à un parcours du combattant.
Il lui faudra en effet réaliser les minima fédéraux en séries, le temps de qualification européen (TQE) en demi-finales et prendre l'une des deux premières places en finale, assortie de ce fameux TQO... Quand on sait que le 100 m dos est programmé le même jour que le 200 m nage libre, cela donne une idée de l'ampleur du défi, qui devrait la conduire à participer à onze courses en six jours.
"Elle va se qualifier facilement"
Certains ne cachent d'ailleurs pas leur scepticisme sur la capacité de Manaudou à enchaîner les longueurs de bassin et à aligner les performances, à l'instar de l'ancien champion américain Mark Spitz. "La chose la plus importante est : peuvent-ils se qualifier ? C'est le premier objectif. S'ils vont aux Jeux, ce sera un succès", estime le septuple médaillé d'or olympique, à Munich, en 1972. Le niveau actuel de Manaudou reste difficile à cerner. Après un retour prometteur, elle avait déçu lors des championnats des Etats-Unis, en décembre 2011. Mais c'était il y a trois mois...
Le coach de ses débuts, le charismatique Philippe Lucas, ne doute pas une seconde que son ancienne protégée va retrouver son meilleur niveau. "Elle va se qualifier facilement", souligne-t-il dans L'Equipe Mag. "Les championnats de France ne sont pas un problème pour elle, mais une étape." Rendez-vous lundi matin, sous le plot de départ, pour des séries du 100 m dos qui ont rarement été aussi attendues...