On ne change pas une équipe qui gagne. Yannick Agnel, 20 ans, va pourtant contre cet adage au printemps dernier en officialisant son départ du club de Nice, où il est devenu l'un des meilleurs nageurs du monde sous la houlette de Fabrice Pellerin, avec trois médailles lors des Jeux olympiques de Londres (or sur 200 m et 4x100 m et argent sur 4 x200 m)...
Contre toute attente, il décide de franchir l'Atlantique. Sa destination ? Baltimore, où il doit retrouver Bob Bowman, l'ancien coach de Michael Phelps. A un peu plus de deux mois des championnats du monde de Barcelone, son choix surprend. Changer de structure d'entraînement en pleine préparation d'un grand événement, c'est étonnant. Mais Agnel n'est pas un nageur comme les autres.
Pour expliquer son exil aux Etats-Unis, il ne parle pas de "résultats" ou de "progression", mais de "chaleur humaine" et de "partage". Après avoir d'abord envisagé de zapper l'intégralité des Mondiaux, Agnel annonce lors d'une conférence de presse le 21 mai à Ruel-Malmaison qu'il entend disputer quand même les relais. Puis, le 16 juillet, quelques jours seulement avant le début de la compétition, il choisit finalement de s'inscrire sur 200 m, distance sur laquelle il est champion olympique en titre.
Une victoire aisée sur 200 m
Quand il arrive à Barcelone, nul ne sait comment le prodige de la natation française a digéré l'annonce de son départ aux USA et son départ, mouvementé, de la structure d'entraînement de Fabrice Pellerin. Le quotidien L'Equipe raconte les dessous de la rupture. Le nageur s'en amuse : "en fait, on ne vous l'a pas dit, mais on sort un #blockbuster à la fin de l'année...Haha. Ils sont forts chez L'Equipe."
En fait on ne vous l'a pas dit, mais on sort un #blockbuster à la fin de l'année...Haha. Ils sont fort chez @lequipepic.twitter.com/cfZhy83hBj— Yannick Agnel (@YannickAgnel) July 28, 2013
Quelques heures seulement après ce tweet, Agnel remporte la médaille d'or avec le relais 4x100 m. Mais son temps, moyen, laisse planer quelques doutes sur sa capacité à briller, deux jours plus tard, lors de l'épreuve du 200 m. Mais, le jour dit, Agnel survole la finale, en mettant plus d'une seconde à son dauphin. Une victoire à l'américaine, alors que son ancienne coéquipière, Camille Muffat, elle, se rate sur 400 m...
Agnel remporte la finale du 200 m :
Logiquement, Agnel pèche lors de la dernière épreuve, le 4x200 m, à l'issue de laquelle l'équipe de France ne prend que la 4e place. Mais ces Mondiaux de Barcelone n'étaient qu'un échauffement... "Notre objectif à long terme avec Bob (Bowman), ce n'est pas les Championnats du monde de Barcelone, loin de là", a souligné Agnel. "C'est un bonus, une manière supplémentaire d'apprendre pour la suite." Et on apprend sans doute toujours mieux avec des médailles d'or autour du cou...