22 septembre 2013. Peu après 22h30. L'équipe de France de basket vient de remporter son premier titre majeur après avoir dominé facilement la Lituanie en finale (80-66). Tony Parker, tout sourire, monte dans les gradins saluer ses proches. Le meneur de jeu des San Antonio Spurs, battu quatre mois plus tôt en finale NBA lors du septième et dernier match, touche à son Graal sous le maillot tricolore, qu'il n'a cessé d'honorer depuis sa première cape, treize ans plus tôt. Ce triomphe des Bleus est avant tout le sien. Leader au scoring, "TP" a porté les Bleus sur comme en dehors du terrain. Et notamment en demi-finales, contre l'Espagne.
Deux jours plus tôt... Nous sommes à la mi-temps de la demi-finale choc entre la France et l'Espagne. Depuis quelques années, la Roja a pris un avantage psychologique certain sur les Bleus, avec notamment une victoire en finale de l'Euro 2011 à la clé. Cela se confirme dans les premières minutes. A la pause, l'équipe de France n'a marqué que 20 malheureux points et pointe à 14 longueurs de José Manuel Calderon et ses coéquipiers. C'est alors que "TP" sort de sa boîte. Dans le vestiaire, le leader des Bleus prend la parole. Les images de Canal+ pour l'émission "Intérieur Sport" révèlent le contenu précis de ses propos.
Voici le verbatim de l'intervention de Parker :
"On se réveille, les gars. On joue comme si on avait peur.
Je ne parle pas de l'attaque, hein, moi, c'est la défense.
On dit les trucs qu'il faut faire, on sort pas sur les pick and roll, on les laisse shooter à trois points. On va pas au rebond. Ils nous agressent, on ne peut même pas mettre la balle en jeu.
Faut qu'on joue plus physique que ça.
La Slovénie, on a joué physique. Là, on ne joue pas physique.
Ils nous dominent, parce qu'ils pensent qu'on est de la m...
Ça se voit dans leurs visages, ils nous prennent pour de la m...
Je m'en fous de ce qui arrive en deuxième mi-temps.
Même si on perd, au moins, on joue avec notre fierté. Et on joue dur.
Après, on perd, c'est pas grave, c'est la vie.
Mais moi, je préfère perdre en se battant.
Pas comme ça, là, on se fait défoncer.
On n'a plus rien à perdre, maintenant, on joue."
Puis, un peu plus tard :
"Antoine (Diot), t'as un tir, tu le prends. Alexis (Ajinça), t'as un tir, tu le prends. On n'a plus rien à perdre, maintenant. Nando (De Colo), Antoine, annonce des trucs pour Nico (Nicolas Batum), pour Bobo (Boris Diaw). Une fois sur cinq pour moi, oublie-moi."
Ce discours de Parker, que lui-même qualifie de "plus grand moment de sa carrière en équipe de France", prend des allures de prophétie. Sous la pression défensive des Bleus, l'Espagne ne marque qu'un point en cinq minutes. Et, comme Parker l'avait souhaité, tous les joueurs se mettent à prendre leur chance sur des tirs ouverts. Gelebale, Diaw, Pietrus, Batum, tous y vont même de leur panier à trois points. Revenue à une longueur à dix minutes de la fin, l'équipe de France fait jeu égal dans un dernier quart-temps irrespirable. Prolongation. Après avoir perdu un ballon bouillant en fin de match, Parker assure aux lancers francs dans les cinq minutes supplémentaires avec un 4/4. Victoire 75-72. "L'Espagne, c'est grand mais il ne faut pas se tromper d'objectif, nous, on veut l'or", confia-t-il ensuite. Ce sera chose faite 48 heures plus tard.