Les plus grands exploits prennent souvent racine dans la douleur. Teddy Tamgho le sait mieux que personne. Le 18 août 2013, le spécialiste du triple saut remportait le titre aux championnats du monde de Moscou avec un dernier bond à 18,04 m. Ce jour-là, il devenait le 3e homme seulement à franchir la mythique barre des 18 mètres – après Jonathan Edwards (18,29 m) et Kenny Harrison (18,09 m). Mais le Français avait connu de sacrés déboires avant cette incroyable performance.
Des blessures à répétition et une sale histoire
"Il a eu beaucoup soucis. Pendant 20 mois, il n’a pas pu défendre des chances parce qu’il a été blessé. Et là il revient au zénith", expliquait Bernard Amsalem, président de la Fédération française d’Athlétisme au lendemain des Mondiaux de Moscou. Une fracture de la cheville droite l’empêchera ainsi de se présenter aux championnats du monde de Daegu en 2011. Freiné dans son élan par des pépins physiques, Teddy Tamgho s’est aussi compliqué la tâche tout seul.
Le 16 octobre 2011, il pète les plombs. Ce jour-là, Tamgho s’en prend violemment à une jeune athlète de 19 ans au Creps de Boulouris, dans le Var. Il aurait traîné la jeune femme par les cheveux sur plusieurs mètres avant de la rouer de coups et de s’en prendre à deux autres personnes qui ont essayé de le stopper. Pour cet accès de colère, Teddy Tamgho écopera d’un an de suspension, dont six mois ferme.
Mauvais rappeur ou le "Bolt" de l’équipe de France ?
En réponse à cette sanction, Teddy choisit le rap. Il descend les journalistes et donne sa version de l’histoire. "On essaie de me descendre comme si j’étais un terroriste. Je n’ai rien fait de grave, juste régler une petite story". De la finesse, encore de la finesse. "Hier, j’étais le rêve bleu. Aujourd’hui, un cogneur de filles. Zéro bleu, zéro coma, alors arrêtez de faire des films".
Le rap de Teddu Tamgho pour répondre à détracteurs :
Cette agression n’était visiblement pas sa première. Selon Rue 89, Teddy Tamgho a aussi été évincé de l’Insep (Institut national du sport, de l’expertise et de la performance) en 2008 pour s’en être pris à une nageuse. L’athlète français ne prendra pas sa revanche aux Jeux olympiques de Londres en 2012. Mal remis de sa blessure à la cheville, le triple sauteur ne peut s’aligner. Un nouveau rêve s’écroule. Certainement le prix à payer pour autant de dérapages.
Ce n’est qu’en 2013 que Teddy Tamgho sort enfin de tous ses démêlés judiciaires et problèmes physiques. Il revient à la compétition en mai et devient champion de France en juillet pour la troisième fois de sa carrière. A Moscou, il arrive confiant. Malgré un bon premier saut (17,65 m), il est dépassé par le Cubain Pablo Pichardo (17, 68 m). Après un long suspense, il finit par enlever le concours au sixième et dernier essai. Un bond historique à 18,04 m.
Tamgho franchit la barre des 18 mètres à Moscou :
"Teddy a mûri. Il est devenu un peu plus responsable qu’il ne l’était il y a deux ans", racontait sur Europe 1 Bernard Amsalem, le président de la Fédération française d’Athlétisme après les Mondiaux de Moscou. "C’est aussi devenu un leader dans l’équipe de France. On pourrait dire qu’on a notre Bolt. Il est jeune, il a du potentiel et peut même aller chercher le record du monde dans quelques années". La comparaison est aussi flatteuse qu’excessive, mais on préfèrera retenir cette image, celle d’un grand champion capable de titiller le record du monde de Jonathan Edwards.