En quoi consiste un "lock-out" ? Le "lock-out" (littéralement "fermeture" en anglais) est une grève patronale. Il a été décidé le 1er juillet dernier par les propriétaires des franchises à l'aube de la signature d'une nouvelle convention collective. Depuis plus de deux mois, les joueurs n'ont donc plus accès à leurs lieux et outils de travail (centre d'entraînement, stade, matériel, équipements...). En outre, le marché des transferts se trouve gelé.
Où en est-on aujourd'hui ?Les deux parties, joueurs et NBA, se sont rencontrées pendant quatre heures, mardi, à New York, sans qu'aucun accord n'ait pu être trouvé. L'ensemble des matches de présaison a été annulé et la menace porte désormais sur le début de la saison régulière, prévu le 1er novembre. Si aucun accord n'est trouvé d'ici à lundi, les deux premières semaines de compétition seront annulées. Le directeur de l'Association des joueurs de NBA, Billy Hunter, a déclaré à l'issue de la rencontre de mardi : "nous n'avons pas discuté de nos prochaines réunions. Peut-être dans un mois. Peut-être deux (...) On peut dire à l'heure actuelle que les négociations sont rompues."
Quel est le nœud du problème ? Il est lié au partage de l'énorme gâteau que constitue la NBA : 3,8 milliards de dollars de revenus générés sur la dernière saison, soit 2,85 milliards d'euros. Le dernier accord prévoyait une répartition à l'avantage des joueurs, avec 57% des revenus, les propriétaires devant se contenter de 43%. Arguant que la plupart des clubs perdent de l'argent (22 sur 30 seraient en déficit), les propriétaires souhaiteraient que cette répartition s'inverse, avec 47% de revenus pour les joueurs et 53% pour les clubs. Au départ, les propriétaires avaient évoqué le chiffre de 46%. Et, selon ESPN, ils seraient même allés jusqu'à proposer un accord se rapprochant du type "50-50". Mais les joueurs ne sont prêts à descendre leurs revenus que de 57 à 53%.
Quels sont les autres points de désaccord ? Outre la question liée à la répartition des revenus, les propriétaires souhaitent également imposer un plafonnement des salaires et une réduction de la durée des contrats des joueurs. Sur ces deux questions, les propriétaires seraient néanmoins prêts à faire des concessions, selon ESPN.com.
Quelle est l'attitude des joueurs ? Certains ont choisi d'être au cœur des négociations. Kobe Bryant (Los Angeles Lakers), Paul Pierce et Kevin Garnett (Boston Celtics) étaient ainsi présents, mardi, à Manhattan, aux côtés de leurs représentants, Billy Hunter et Derek Fisher, ancien coéquipier de Bryant aux Lakers. D’autres joueurs ont décidé de signer des piges de luxe en Chine, en Turquie ou en Russie. D'autres encore, les Européens surtout, sont venus filer un coup de main à leur club, comme c'est le cas pour Boris Diaw à Bordeaux ou Tony Parker à l'Asvel. A la fin du lock-out, tous ces joueurs devront retourner dans leur franchise. "Ce sont leurs droits (de partir)", a réagi mardi David Stern, le commissionner (patron) de la Ligue. "Ce n'est pas du tout un souci pour les propriétaires." Enfin, beaucoup, comme LeBron James, Dwyane Wade ou Kevin Durant, s'amusent en attendant la fin du conflit, comme lors de cette rencontre de charité au profit de la fondation Chris Paul, le meneur de jeu de la Nouvelle-Orléans.
LeBron James et consorts font le spectacle :
Existe-t-il un précédent ? Une seule fois seulement, la saison NBA a été amputée de certains matches en raison d'un conflit de travail. C'était en 1998-99. La saison régulière avait été réduite à 50 matches par équipe (au lieu de 82) et avait débuté le 1er février.
Quels sont les risques d'un "lock-out" ? "La perspective qui s'offre à nous c'est de perdre des matches de saison régulière, ce serait un rude coup pour propriétaires et joueurs", a souligné David Stern. L'annulation des matches de présaison a déjà coûté 200 millions de dollars à la NBA, soit 150 millions d'euros. Les pertes d'une saison entière seraient de l'ordre de 4 milliards de dollars, soit 3 milliards d'euros. Mais un "lock-out", ce n'est pas seulement une affaire de chiffres et d’argent, c'est également des dizaines de milliers d'emplois qui seraient menacés. Par ailleurs, autre souci, les salles commencent à faire pression sur la NBA pour savoir si elles pourront accueillir des spectacles cet hiver.
Qui profite du "lock-out" ? Certains goûtent aujourd'hui avec joie la pause indéterminée de la NBA. C'est le cas notamment des patrons des Ligues nationales. Alain Béral, le président de la Ligue en France, se félicite ainsi de l'arrivée de Tony Parker, rendue possible par la grève en NBA. "Pour nous, c'est la cerise sur le gâteau", explique-t-il. "On était déjà contents d'avoir trois joueurs français venant de NBA, dont Nicolas Batum à Nancy. Avec Tony Parker, ça en fait quatre." De son côté, la Ligue italienne n'espère qu'une chose : l'arrivée de Kobe Bryant à la Virtus Bologne. "Tout le monde souhaite parvenir à une issue positive, l'objectif étant la présence de Kobe Bryant en Italie, l'intérêt économique de 17 clubs de Serie A et un coup de projecteur sur le basket italien dans son ensemble", a souligné la Virtus dans un communiqué rendu public lundi. Comme tous les fans de basket à travers le monde, la Virtus Bologne reste suspendue aux résultats des prochaines négociations...