Le changement dans la continuité. Après 30 ans de règne, la figure tutélaire de la Ligue nationale de basket américain (NBA) David Stern a pris sa retraite, à 71 ans. C’est grâce à lui que la Ligue connaît depuis près de deux décennies ses lettres de noblesse, avec un engouement à nul autre pareil. Produits dérivés, diffusion en mondovision, la NBA doit quasiment tout à David Stern. Mais, il était temps de tourner cette riche page de l’histoire de la NBA et c’est son adjoint, le méconnu Adam Silver, qui assure, depuis le 1er février, le rôle de "commissioner" (patron des ligues américaines de sport, ndlr).
Une ascension fulgurante. Si ce nom n’évoque rien pour les néophytes de la balle orange, Adam Silver est pourtant bien connu dans le milieu du basket américain. Présent au sein de la Ligue depuis une vingtaine d’années, cet avocat de formation a d’abord fait ses classes dans la filière entertainment. "Il a beaucoup travaillé pour que la NBA soit « esthétique »", explique pour Europe 1 Xavier Vaution, journaliste à Bein Sports et spécialiste du basket US. "Il s’occupait de la vidéo, et s’il y a eu une grosse évolution ces 20 dernières années dans la façon de filmer les matches, c’est en grande partie grâce à lui."
Grimpant peu à peu les échelons, Adam Silver devient l’adjoint de David Stern en 2003 et, depuis maintenant trois ans, codirige la NBA aux côtés de David Stern. "Un serpent à deux tête" selon Xavier Vaution qui s’explique par la volonté de poursuivre l’action menée par Stern à la tête de la Ligue. "Il sera clairement sur la même ligne de conduite. Si Stern lui a «filé les clés » de la boutique, c'est parce qu'il a la même vision de la NBA que lui", corrobore au micro Europe 1 Shaï Mamou, journaliste à New York pour le site Basket Session.
It’s official: Adam Silver succeeds David Stern as #NBA Commissioner pic.twitter.com/B2tuuZVZv9— NBA (@NBA) 1 Février 2014
Améliorer sans révolutionner. Adam Silver, plus jovial que son prédécesseur, est un homme de consensus. Grand artisan dans les négociations concernant le lock-out notamment, le New-Yorkais bénéficie d’une bonne image auprès des différents acteurs. "Tout le monde l’estime légitime, c’est un bon gestionnaire, un bon communicant", atteste Xavier Vaution, qui rappelle que Stern a fait place nette avant son arrivée. "Avant, la NBA était gangrénée par la drogue, mais Stern a fait du ménage. Silver arrive sur un siège où tout est «propre », tout est magnifique, tout est beau. Il sera tranquille à ce niveau-là."
Pour autant, de nombreux chantiers devront être lancés pour tenter de moderniser la NBA. Le système historique des divisions, avec un classement pour la conférence Est et la conférence Ouest est dans le viseur d’Adam Silver. "Le but était à l’époque d’accentuer les rivalités locales entre les franchises, mais je ne suis pas sûr que ce soit toujours d’actualité", a-t-il confié voici quelques semaines au US Today. Il pourrait aussi modifier le système de draft pour éviter le "tanking", technique qui consiste à rater délibérément sa saison régulière pour hériter des meilleurs joueurs lors de la draft.
Toucher de nouveaux marchés. Autre projet, développer la NBA sur des territoires encore en friche. Après avoir lancé une offensive marketing sur la Chine et l’Asie, Adam Silver lorgnerait le Moyen-Orient et l’Afrique. "Il y a la volonté de rendre les matches plus accessibles sur le plan international en les programmant parfois à des heures plus adaptées au marché chinois ou européen", affirme Shaï Mamou. Mais ce dernier reste très lucide sur les améliorations que peut apporter Silver à la NBA. "Il peut générer plus d'argent en développant encore plus le marketing autour des joueurs, mais il ne révolutionnera pas autant l'objet que Stern, c'est évident." Adam Silver entrera symboliquement dans ses habits de "patron de la NBA" à l’occasion d’un discours, le 16 février prochain, lors du prestigieux All Star Game.