Dans les tréfonds du classement, à 3h38 - l'équivalent d'une petite étape - de son "patron" Wiggins, le méconnu Bernard Eisel avait de quoi être ravi lorsqu'il a franchi la ligne d'arrivée dimanche, sur les Champs-Élysées. Malgré tout, le coureur allemand touchera comme ses coéquipiers une juteuse prime sur son prochain bulletin de salaire, grâce aux résultats de l'équipe Sky durant les trois semaines du Tour.
Les vedettes partagent
Car tout est aussi question d'argent sur la Grande boucle. La victoire finale (450.000 euros), le maillot à pois ou vert (25.000 euros pour ceux qui les ramènent sur les Champs-Elysées), ou la victoire d'étape (8.000 euros) permettent de gonfler de manière substantielle les salaires des coureurs.
Si elles ne changeront pas le quotidien des têtes d'affiche comme Cadel Evans, Vincenzo Nibali ou Bradley Wiggins, qui jouissent déjà d'un salaire confortable, ces primes révolutionnent la vie des "petits coureurs". Ceux qui sont abonnés durant trois semaines aux tâches ingrates, rapidement décrochés dans les cols, ou qui turbinent en tête de peloton dans les 20 derniers kilomètres pour amener sur un plateau leur sprinteur.
Car ces coureurs, qui émargent en général à moins de 10.000 euros par mois, toucheront normalement la même prime que leur chef d'équipe. "En cyclisme, un leader n'est rien tout seul. Alors il partage ses gains avec l'ensemble de son équipe. La prime est divisée en dix parts : neuf pour les coureurs, une pour le staff. Souvent, le vainqueur du Tour laisse même sa part, comme pour remercier ceux qui l'ont aidé à gagner", explique à L'Express Romain Feillu.
82.000 euros par Sky
C'est là que Bernard Eisel se frotte les mains. Avec ce mode de calcul, l'Allemand touchera 82.500 euros de prime pour son travail, autant que Bradley Wiggins et Christopher Froome qui ont quasiment fait gagner la totalité des 824.840 euros à leur équipe, avec les quinze jours en jaune, les deux victoires d'étape et la victoire finale du premier, et la victoire d'étape et la 2e place finale du second.
La répartition collective des résultats individuels va également profiter aux coéquipiers de Peter Sagan et Vincenzo Nibali chez Liquigas. Avec sa 3e place finale, l'Italien fait gagner 100.000 euros à son équipe, tandis que Peter Sagan, vainqueur de trois étapes, de nombreux sprints intermédiaires (1.500, 1.000 et 500 euros pour les trois premiers à chaque sprint) et du maillot vert rapporte lui plus de 50.000 euros. Deuxième du classement des prix avec 204.110 euros, la Liquigas est cependant bien loin de la Sky...
Europcar, 1er français, Vacansoleil dernier
Côté français, Europcar est la seule à dépasser les 100.000 euros, avec 107.360 euros de gains. Thomas Voeckler a quasiment glané la moitié de cette somme, avec ses deux victoires d'étape, son maillot à pois et les nombreux cols qu'il a franchis dans les trois premiers. Autre vainqueur d'étape, Pierre Rolland remporte également 7.600 euros pour sa 8e place finale.
Enfin, personne ne repart les mains vides, puisque l'organisation alloue à chaque équipe 51.000 euros d'indemnités de participation ainsi que 1.600 euros par coureur qui termine le Tour. Une prime minimum de 400 euros s'ajoute encore, selon le classement final de chacun. Cela représente environ un tiers des primes finales de Vacansoleil, 22e et dernière équipe du classement avec 9.700 euros. Loin, très loin de la Sky.