HAND - La France est devenue championne d'Europe, dimanche, face à la Croatie. Et maintenant, l'Europe. Après l'or olympique et mondial, il ne pouvait pas en être autrement. L'équipe de France de handball, déjà gloutonne dans les années 2000, a commencé la nouvelle décennie comme elle avait terminé la précédente: au sommet. Ils ont été Barjots, Costauds puis Experts. Ce nouveau succès en Autriche, en finale de l'Euro 2010, fait d'eux des Maîtres. Et le jour où l'élève les dépassera n'est toujours pas arrivé. La Croatie en sait quelque chose. Elle est sans doute celle qui, ces dernières années, a le plus souffert de la suprématie tricolore. Battue l'an passé en finale de "leur" Mondial, les Croates ont cette fois plié à Vienne (25-21) devant une bande de joueurs que rien ne semble pouvoir contrarier. Même quand Karabatic a pris deux minutes pour la deuxième fois du match, à vingt minutes du terme, les Français n'ont pas douté de le voir sortir pour de bon. Claude Onesta a décidé de ne plus prendre le moindre risque en le sortant du système défensif et en le gardant pour l'attaque. Un choix payant puisque le Montpelliérain a terminé meilleur buteur de la rencontre avec six réalisations. "On a l'impression d'avoir fait le même match qu'hier (contre l'Islande en demi-finale, ndlr), on a été accrochés au début, mais on est restés dedans avec notre défense et les arrêts de Titi (Omeyer). Après, en deuxième mi-temps, on les a tués en défense et on a continué à jouer notre jeu de contre-attaque. On est montés en puissance au fur et à mesure de la compétition, on s'est montrés supérieurs aux autres physiquement, on est champions d'Europe, le triplé est fait, ça y est !". Avant la compétition, ce triplé semblait naturel, dans le prolongement des deux autres titres majeurs. Les premières sorties des Bleus ont un temps laissé planer le doute. Mais sur les deux semaines, une fois que la machine s'est mise en route, elle est devenue inarrêtable. Tout ne fut pas simple, encore une fois. La Croatie a commencé par imposer son rythme, un tempo moins relevé que celui imprimé par les Experts habituellement. Claude Onesta a alors pensé que la solution était de défendre très haut. Mais les Croates, dangereux en entrée de pivot, ont du coup mis beaucoup de buts à six mètres, dans le dos des Français (6-4, 12e). Il a fallu un missile de Karabatic à huit mètres pour que les Tricolores reviennent à hauteur (6-6, 15e), du moins jusqu'à ce que le gardien adverse, Alilovic, n'entre dans un état de grâce. Onesta: "Cette finale, on l'a maîtrisée" Ses deux arrêts devant Abalo et Guigou ont permis aux siens de conserver les rênes (9-8, 23e) avant de creuser l'écart (12-9, 28e). Une marge qui aurait pu suffire à la Croatie et la convaincre de ralentir encore un peu plus la cadence. Sauf que les Bleus en ont décidé autrement. Dos au mur, ils ont réussi à atteindre le repos sans retard grâce à deux minutes de folie durant lesquelles Karabatic et Narcisse ont aligné trois buts (12-12, 30e). Une dynamique que la France a conservée en tout début de second acte, Abalo ayant donné quatre longueurs d'avance aux siens (17-13, 38e), conservées par les arrêts d'un Omeyer excellent sur les penalties adverses. "J'ai essayé de me concentrer sur les quelques tirs que j'ai eus parce qu'on a eu une très bonne défense, a réagi le gardien français au micro de Canal+ Sport. J'avais aussi à coeur de prendre ma revanche par rapport la finale de l'an dernier (au Mondial, ndlr) où je les avais tous pris." Quelques décisions arbitrales litigieuses en leur défaveur ont pourtant failli tout remettre quand la Croatie est revenue à un petit but (18-19, 49e). Mais physiquement, les Experts ont été titanesques, dignes d'une équipe de rêve, et ont remis un coup d'accélérateur (22-18, 53e). "C'est l'expérience de cette équipe qui lui permet de jouer même dans la difficulté, parfois même pas très bien, a expliqué le sélectionneur Claude Onesta après coup. On ne s'affole pas, il y a beaucoup de solidarité et de talent dans cette équipe. Une finale est toujours un match difficile, mais on l'a maîtrisée, notre jeu défensif leur posait des problèmes et on savait que, une fois entamés physiquement, ils allaient avoir de plus en plus de difficultés à marquer des buts, ils avaient peu de carburant dans leur réservoir." Celui des Bleus est plein à ras bord. De titres, bien sûr.