Le sentiment de malaise est inévitable à la vision de la scène. Dimanche soir, Claude Onesta, sélectionneur de l’équipe de France, et Nikola Karabatic, star des Bleus, ont méthodiquement démoli le plateau de L’EquipeTV. L’euphorie de la victoire olympique quelques heures plus tôt, et le taux d’alcoolémie incontestablement élevé des protagonistes n’expliquent pas tout. Car l’ambiance était loin d’être aussi bon enfant que cela.
"Non, pas la table c'est notre outil de travail", implore la journaliste Gaëlle Millon :
Dans son édition de mardi, L’Equipe revient sur l’incident et révèle des détails plutôt embarrassants. Car il semble bien que Claude Onesta ait voulu régler quelques comptes avec le quotidien via sa chaîne e télévision. "Vous avez de la chance d’être une jeune fille, sinon je pense que ça aurait été terrible", a d’abord lancé le sélectionneur à la journaliste Gaëlle Million, visiblement parfois apeurée par l’attitude de ses invités. "Ce journal ne nous mérite pas", a poursuivi le coach, relayé par Didier Dinart. "Ne nous mérite pas puisque nous sommes lézardés et vieillissants", a abondé l’un des joueurs cadres de l’équipe, en référence à un article du 6 août analysant la défaite des Bleus en poule face à l’Islande.
"Les collabos vont être tondus"
Encore moins glorieux, Claude Onesta a ensuite lancé selon L’Equipe : "les collabos vont être tondus". Et le sélectionneur d’enjoindre à ses troupes de saccager le plateau. "On n’a pas tout cassé ici", a-t-il fait mine de s’étonner avant de soulever et de casser, avec l’aide de Karabatic, la vaste table de présentation. Bilan, selon le quotidien : 20.000 euros de dégâts.
Lundi soir, François Morinière, directeur général du groupe L'Equipe, s’est fermement élevé contre l’attitude des handballeurs et de leur sélectionneur. "Attitude inacceptable de C. Onesta sur le plateau de L’EquipeTV en meneur éméché de la casse du studio. Non, tout n’est pas permis", a écrit le dirigeant sur Twitter.
Attitude inacceptable de C.Onesta hier soir sur le plateau de L'EquipeTV en meneur éméché de la casse du studio. Non tout n'est pas permis.— FRANCOIS MORINIERE (@FMORINIERE) August 13, 2012
"Ils s'en seraient tenus à mettre le bazar, ce n'aurait pas été grave, on s'y attendait. (…) En revanche, je suis très surpris du côté règlement de comptes de Claude Onesta qui a été l'initiateur du démontage du truc", a réagi de son côté Benoît Pensivy, directeur de la rédaction de L'Equipe TV, sur lefigaro.fr. L’Equipe laisse entendre qu’une plainte est envisagée. "Il faut que j'en discute avec ma direction. Ce qui est sûr, c'est qu'il y a une facture à régler", prévient Benoît Pensivy.
"C'était dans l'euphorie de la victoire"
"Les studios ont été secoués, on s'en excuse, c'était dans l'euphorie de la victoire", a déclaré Philippe Bana, le directeur technique national du handball français.
"Franchement ce n'est pas du hooliganisme", a affirmé de son côté Claude Onesta à l'antenne de RTL. "Ce qui pourrait être peut-être quelque chose de déplacé, ou peut-être excessif, est en train de devenir un fait majeur de société, on a l'impression que c'est devenu une agression contre la liberté de la presse", a regretté l'entraîneur de l'équipe de France, pour qui il ne s'agissait que d'"une soirée d'après match". Pas sûr que ces excuses du bout des lèvres suffisent.