Les Français regardent moins les matches que leurs voisins

15.000 personnes ont assisté à France-Nigeria devant l'hôtel de ville de Paris.
15.000 personnes ont assisté à France-Nigeria devant l'hôtel de ville de Paris. © Capture d'écran Twitter
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avec AFP , modifié à
SUPPORTERS - France-Nigeria a été suivi par 70% des téléspectateurs français. Un beau score mais moins élevé que nos voisins allemands ou italiens.

De gros écarts avec nos voisins. Les supporters de l'équipe de France ont beau s'être réconciliés avec l'équipe de France, les audiences des Bleus ne sont toujours pas au niveau de nos voisins européens. Ainsi, le huitième de finale entre la France et le Nigeria (victoire 2-0) a été suivi par 16 millions de téléspectateurs, soit 70% de part d'audience. Dans le même temps, les Allemands étaient 28,2 millions à regarder la qualification de la Nationalmannschaft contre l'Algérie, soit 85,1% de part de marché. L'écart entre les deux pays est donc loin d'être négligeable. 

Pas de tradition footballistique. Et le constat est le même chez nos autres voisins. Lors du premier match de leur équipe nationale, 82% des téléspectateurs italiens, 81,7% des Allemands ou 79,3% des téléspectateurs néerlandais ont regardé le match. La France, elle, affichait 56,3% de part d'audience pour son premier match face au Honduras et 62% pour France-Suisse comme pour France-Equateur. Pour plusieurs analystes interrogés par l'AFP, "la France n'est pas un pays de forte tradition footballistique", ou encore : "en France, on n'est pas assez fadas de foot".

4 années difficiles. Le sociologue Albrecht Sonntag, auteur du livre "Les identités du football européen", explique que "après la polémique sur les footballeurs trop bien payés, et la grève du bus à Knysna au Mondial de 2010, le football français sort de quatre années très négatives".  Les audiences pourraient donc pâtir de cette longue période de désamour entre le public français et l'équipe de France. De plus, "Nous ne sommes pas portés par des résultats qui provoqueraient une assiduité plus grande", déplore également Vincent Rousselet-Blanc, auteur du blog "En Pleine Lucarne", qui suit l'actualité du sport dans les médias.

Un manque de ferveur. Mais ces résultats d'audience ne sont pas uniquement conjoncturels. Pour Vincent Rousselet-Blanc, les Français ne sont pas autant supporters que dans les pays sud-américains ou méditerranéens. "L'Italie n'aurait pas les mêmes résultats, les Italiens seraient quand même derrière leur équipe, c'est une religion chez eux", note l'expert. Il poursuit : "Dans les pays latins, prédisposés à être des fans, des adorateurs, la ferveur ne retombe jamais, c'est toujours passionnel".
                
Un mépris intellectuel et social. Et plusieurs analystes soulignent qu'en France, le football souffre "d'un mépris intellectuel et social, qu'il n'y a pas dans d'autres pays". Albrecht Sonntag observe que "les classes aisées ont longtemps regardé le foot avec un certain dédain. Regardez, en 1998, les tentatives désespérées des intellectuels qui ont essayé de monter dans le train en marche...!". Pour le sociologue, "les Français ont une prudence terrible avant de s'enflammer: ils ont une soif terrible d'une bonne nouvelle et une trouille bleue d'être déçus à nouveau". Pour autant, les supporters français ont tout de même été 20 000 à avoir fait le déplacement au Brésil pour soutenir les Bleus. Mais à côté des dizaines de milliers de supporters néerlandais ou allemands, il reste encore du chemin à parcourir.

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