Géorgie et football. Voilà deux mots que l'on associe rarement. Et pourtant... "Le football en Géorgie, c'est très important", souligne d'emblée Dachi Chaganava, responsable du centre culturel géorgien Lazi, basé à Paris. "Le Dinamo Tbilissi a remporté le championnat d'URSS à deux reprises, en 1964 et 1978. C'était l'une des meilleures équipes de l'époque. Elle a également remporté une Coupe d'Europe", se souvient-il. En 1981, le club géorgien s'était en effet imposé en finale de la Coupe des vainqueurs de coupe contre les Allemands du FC Carl Zeiss Iéna. Oui, le vice-champion de Géorgie présente le même palmarès européen que le PSG. Mais il ne dispose pas exactement des mêmes moyens financiers...
La concurrence du rugby
Tout a basculé au moment de l'effondrement de l'URSS, en 1991. "Le problème pour être compétitif, c'est qu'il faut avoir des sous dans la poche", sourit Dachi Chaganava. "Et, aujourd'hui, les clubs géorgiens n'ont plus d'argent pour payer des joueurs. Le championnat ne compte que douze clubs, c'est une petite ligue et, plus largement, le pays manque de structures, notamment chez les jeunes." Mais un autre facteur, peut-être plus inattendu, peut expliquer les difficultés du football géorgien. "Tout en restant le sport collectif n°1, le foot subit néanmoins la concurrence du rugby. Les jeunes préfèrent en effet pratiquer un sport où le pays brille sur le plan régional, participe régulièrement à la Coupe du monde (trois participations de rang, 17e au classement mondial) qu'au foot, où l'on termine presque toujours dernier."
Neuf sélectionneurs en dix ans
De fait, la sélection nationale de foot, dont le premier match officiel remonte à 1990, a effectivement du mal à passer à la vitesse supérieure et se retrouve aujourd'hui 69e au classement Fifa, entre le Canada et Trinité-et-Tobago. Elle semble surtout être victime d'une instabilité chronique. En dix ans, neuf sélectionneurs, dont Alain Giresse (photo) se sont succédé sur le banc de touche. Mais, avec l'arrivée en 2009 de Temuri Ketsbaia, ancien joueur passé notamment par la Grèce ou l'Angleterre, elle semble avoir trouvé un peu de stabilité. Sur ses dix derniers matches, la Géorgie présente même un meilleur bilan que l’équipe de France avec cinq victoires, deux nuls et trois défaites, contre 4 victoires, 2 nuls et 4 défaites pour les Bleus. Pourtant, c'est une défaite qui a davantage marqué les esprits, celle, très courte, concédée en septembre 2012 contre les champions du monde espagnols (1-0).
"Perdre 1-0, ce serait une victoire"
Oh, pour obtenir ce résultat, la Géorgie n'a rien révolutionné : elle a défendu. Elle n'a guère les moyens de faire autrement. Depuis la retraite de l'ancien joueur de l'AC Milan "Kakha" Kaladze (284 matches avec les Rossoneri), elle ne dispose plus dans ses rangs de joueur évoluant dans un grand club européen. Son effectif actuel joue un peu partout : 6 joueurs évoluent au pays, 5 en Ukraine, 4 en Russie, 2 au Danermark, 1 aux Pays-Bas, 1 en Azerbaïdjan, 1 en Turquie, 1 en Pologne, 1 en Allemagne et 1 en France, Georgi Makaridze, gardien remplaçant au Mans. Et Dachi Chaganava de regretter le temps de Kaladze mais aussi de Goergi Kinkladze, passé par Manchester City dans les années 1990.
Malgré l'absence de stars, il croit en ses troupes pour le match de vendredi soir, auquel il assistera en compagnie "d'un millier de supporters géorgiens", insiste-t-il. "Perdre 1-0, ce serait une victoire. Perdre 2-0, ce serait un match nul. Perdre par trois buts d'écart ou plus, ça commencerait à être une défaite", sourit-il. Sûr que les Bleus, eux, se contenteraient d'une victoire 1-0.