Raymond Domenech avait loupé la transition après la génération 98. Laurent Blanc, lui, l’a amorcée depuis sa prise de fonction en août dernier. Après huit matches et six victoires consécutives, certains joueurs semblent s’être imposés. Revue d’effectif.
Mexès, le repris de justice. Banni en équipe de France après sa bévue contre l’Autriche en 2008, Philippe Mexès continue son petit train de vie à l’AS Rome mais avait fait une croix sur l’équipe de France. Dès l’arrivée du nouveau sélectionneur, le "condamné" revient sur le devant de la scène et obtient même une titularisation contre la Norvège. Cette fois, Mexès ne se loupe pas et la paire qu’il forme avec le Lillois Adil Rami séduit au fil des rencontres. Huit matches sous l’ère Laurent Blanc et huit titularisations pour le Romain. Mieux, la défense française tricolore n’a encaissé que deux buts pendant la même période. Si le milieu de terrain pose encore des problèmes au sélectionneur, il semble avoir trouvé sa charnière centrale. Mexès est ravi et s’est même offert le luxe d’un premier but en bleu contre le Luxembourg.
Lloris, le bon. Mandanda est bon, très bon même mais tant qu’il sera dans le métier, Lloris restera le premier. Son statut est "indiscutable" pour Laurent Blanc. Il testera peut-être le portier marseillais ici et là dans des matches amicaux, juste pour lui donner confiance et ne pas s’habituer au confort du banc de touche. Mais dans sa tête, la hiérarchie est établie. A Lyon, Hugo Lloris réalise une nouvelle saison impeccable. Et puis, son tempérament rassure. Toujours disponible, travailleur et sérieux, il a le profil type du joueur difficile à détester. Lloris, l’anti-star incontournable.
M’Vila, la brute. C’était le Pascal Chibonda de Domenech en mai dernier. Le nom inconnu des 30 joueurs présélectionnés pour le Mondial. La surprise de la liste finalement délaissée avant de s’envoler pour l’Afrique du Sud. Changement de sélectionneur et changement de statut. De potentiel remplaçant, Yann M’Vila est passé titulaire quasi-indiscutable. Le "quasi", il le doit encore à Alou Diarra, milieu récupérateur influent à Bordeaux et très apprécié de Laurent Blanc. Mais il a presque remporté sa bataille avec le Bordelais si on regarde le nombre de titularisations. A seulement 20 ans, le Rennais M’Vila est l’un des bénéficiaires de l’ère Blanc. Très bon relanceur, impitoyable défenseur (capable de tacles costauds quand il faut), ses qualités athlétiques n’impressionnent plus ; elles ont convaincues.
Malouda, le truand. Plutôt détaché pendant le fiasco sud-africain, il a carrément quitté le navire avant tout le monde. En filant à l’anglaise (il est rentré un jour avant tout le monde de la Coupe du monde), Florent Malouda s’était volontairement désolidarisé des mutins de Knysna et positionné comme un futur patron de la génération Blanc. Son niveau à Chelsea, sa bonne humeur permanente et son altruisme ont fait le reste. Laurent Blanc lui fait confiance et le titularise à chaque match. Ses performances chez les Bleus ne sont pas extraordinaires mais suffisantes pour délocaliser Franck Ribéry à droite. Contre la Croatie, il devrait encore tenir sa place.
Nasri, l'incorruptible. Personne non grata sous Raymond Domenech, le milieu de terrain des gunners est un des nouveaux hommes de confiance de Laurent Blanc. Rapide, percutant, technique mais pas non plus un dribbleur fou, Samir Nasri apporte de la vitesse au milieu de terrain. Contre le Luxembourg, le sélectionneur lui a même confié le brassard de capitaine. A seulement 23 ans, il est devenu le plus jeune capitaine des Bleus depuis près d'un siècle.
Benzema, le tonton flingueur. L’équipe de France manquait de percussion. Laurent Blanc a trouvé son dynamiteur. Capable sur un dribble de faire la différence, Benzema a retrouvé ces derniers mois son meilleur niveau au Real Madrid. Pas toujours juste dans son dernier geste, comme contre le Luxembourg, mais toujours prêt à frapper de loin ou à tenter quelque chose. Ses prises de risques plaisent à Laurent et sa place au sein de l’attaque est incontestable.